DORANGE Henri, Pierre, Étienne

Par Daniel Grason

Né le 22 octobre 1901 à Paris (XVIIIe arr.), fusillé comme otage le 14 mai 1942 à Caen (Calvados) ; métallurgiste ; militant communiste et syndicaliste CGT.

Fils d’Albert Auguste Sénateur et d’Alphonsine Célestine née Pachur, employée Henri Dorange obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Il adhéra au Parti communiste en 1936 dans l’élan du Front populaire. Le 6 février 1939, Henri Dorange entra comme ajusteur aux usines Citroën, quai de Javel dans le XVe arrondissement. Sa compagne était embauchée en mars à l’usine Ericson 111 rue Villiers de l’Isle-Adam dans le XXe arrondissement.
Henri Dorange épousa le 21 octobre 1939 en mairie du XVIIIe arr. Alberte Brullefert avec qui il vivait depuis de nombreuses années. Le couple demeura 20 rue de la Grotte (Firmin-Gillot), dans le XVe arrondissement, puis 16 rue Boyer-Barret dans le XIVe arrondissement. Tous les deux travaillèrent à l’usine Thomson, rue des Favorites (XVe arr.), ils furent licenciés à la suite de l’échec de la grève du 30 novembre 1938 déclenchée par la CGT contre les décrets Daladier-Reynaud qui remettaient en cause les acquis du Front populaire.
Mobilisé au 22e bataillon d’ouvriers d’artillerie à Vincennes, il fut autorisé à contracter mariage avec Alberte Andrée Brullefert, métallurgiste, fille d’un couple de cultivateurs de la Marne, la cérémonie se déroula le 21 octobre 1939 en mairie du XIVe arrondissement à Paris. Le couple vivait dans un logement de deux pièces cuisine au 16 rue Boyer-Barret à Paris (XIVe arr.). Ajusteur, il travaillait aux usines Citroën quai de Javel à Paris (XVe arr.). Militant communiste il fut arrêté le 4 février 1941 par la police à son domicile, la perquisition fut infructueuse.
Après la déclaration de guerre, il fut affecté spécial là où il travaillait, la direction Citroën le licencia le 31 janvier 1941. Des policiers du commissariat de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine) se présentèrent à son domicile le 4 février 1941. Fouillé il portait sur lui un carnet sur lequel figurait des adresses de militants, il fut inculpé de « propagande communiste par distribution de tracts ».. Lors de confrontations avec les autres prévenus, il reconnaissait avoir « participé à des réunions chez Bernard mais ces réunions avaient uniquement un caractère syndical. » Il s’inscrivit en faux « d’avoir proposé à Bernard une machine Ronéo ». Il reconnaissait avoir rencontré « Tartarin une fois mais je ne lui ai pas proposé de recommencer la propagande communiste. Je lui ai uniquement parlé de propagande syndicale. » Il réfuta avoir donné le tract « Journée Maurice Thorez » à Blanchet.
Le 15 février 1941 assisté d’un avocat il affirma : « Depuis la dissolution du parti [j’ai] cessé toute activité communiste. Les réunions chez Bernard auxquelles j’ai pris part avaient un caractère purement syndical. Il n’y a été fait aucune propagande communiste et aucun tract n’y a été distribué. » Il assuma le fait d’avoir « remis une seule fois des tracts à Bernard, ceux-ci avaient un caractère syndical, c’était La Vie ouvrière. » Il reconnaissait avoir « assisté à une réunion du Comité populaire des Travailleurs des Métaux ». Il précisa : « Le Comité existait déjà et je n’ai joué aucun rôle dans son organisation. »
Incarcéré à la prison de la Santé, il comparaissait le 3 juin 1941 devant le Tribunal civil de Première instance au Palais de justice de Paris pour avoir « postérieurement au 26 septembre 1939 exercé une activité ayant pour objet de propagé les mots d’ordre de la troisième internationale communiste ou d’organismes dépendants en fait de cette troisième internationale. » Henri Dorange condamné à dix mois de prison a été incarcéré à la prison de la Santé. Il comparut le 8 septembre 1941 devant la Section spéciale de la Cour d’appel de Paris qui le condamna à sept ans de travaux forcés pour « propagande communiste. »
Transféré à la prison de Caen dans le Calvados, il fut interrogé sur commission rogatoire du 24 mars 1942 par le commissaire de police du 2e arrondissement de Caen sur ses relations avec Georges Verdier. Il répondit qu’il le connaissait ainsi que Georges Bernard depuis juillet 1939 date de son entrée aux usines Citroën. Il précisa « À ce moment-là, nous ne nous occupions pas de politique. » Il expliqua que lors de trois ou quatre réunions avec Georges Bernard « il était surtout question du moyen à employer pour hâter les paiements qui nous étaient dus par les établissements Citroën. Lorsque nous avons appris que nous devions toucher cet argent nous avons cessé de nous réunir. » Il affirma : « Bernard ne m’a jamais donné de tracts à distribuer. Une fois je lui ai apporté quelques exemplaires de La Vie ouvrière, c’est là le seul acte de propagande qu’on puisse me reprocher. »
Conduit à la prison centrale de Caen pour y subir sa peine, il fut désigné pour être fusillé comme otage par le Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF), le 11 mai 1942, pour venger trois marins allemands victimes d’un attentat à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) le 2 mai. Il fut mis à mort par un peloton d’exécution allemand à la caserne du 43e Régiment d’artillerie de Caen le 14 mai 1942.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158447, notice DORANGE Henri, Pierre, Étienne par Daniel Grason, version mise en ligne le 4 juillet 2020, dernière modification le 20 juillet 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/3 dossier 37. – Arch. PPo. 1W 0689 (transmis par Gilles Morin), BA 2057. – Le Matin, 9 septembre 1941. – DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Bureau Résistance GR 16 P 189551 (non homologué). – Notes de Jean Quellien. – Jean Quellien (sous la dir.), Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, op. cit. – État civil en ligne naissance cote V4E 10465 acte n° 5021, mariage 14M 330_B acte n° 1474. – Notes de Jean Quellien.

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