BASSAN Pierre, Ernest

Par Gilles Morin, Jean Péaud

Né le 22 juin 1917 à Paris (XIVe arr.), mort le 5 mai 2010 ; ingénieur commercial HEC ; résistant, militant radical puis socialiste, responsable du Club des Jacobins ; membre de la direction nationale du PSU de 1961 à 1966.

Pierre Bassan et sa sœur Jacqueline [épouse Leitmann] lors de la remise de la Légion d’Honneur à cette dernière en 1993.
Pierre Bassan et sa sœur Jacqueline [épouse Leitmann] lors de la remise de la Légion d’Honneur à cette dernière en 1993.
Crédit : Françoise Darmon-Bassan.

Le père de Pierre Bassan, Robert, expert en automobiles et trésorier-fondateur de la Chambre syndicale des experts en automobiles de France était militant radical-socialiste. Sa mère, Georgette Cohen, était sans profession. Tous deux furent arrêtés par la Gestapo en 1941. Chef d’un réseau en zone occupée qui fut ensuite rattaché au réseau Hector, son père fut condamné à mort et exécuté en 1944, sa mère décéda en déportation.

Pierre obtint un baccalauréat en Mathématiques élémentaires puis fit une licence de droit. Il fut diplômé de l’École des hautes études commerciales, de la promotion 1939. Mobilisé en 1939 comme aspirant au 27e régiment d’artillerie, fait prisonnier en 1940, il s’évada et, non démobilisable à ce titre, il fut affecté comme assistant au Chantier de jeunesse n° 20 à Lapleau (Corrèze). Il fut prié d’en démissionner en 1941. Il travailla comme chef de service à la Compagnie industrielle générale à Égletons (Corrèze). Agent de liaison dans le réseau dirigé par son père, il perdit le contact lorsque le réseau fut démantelé le 9 octobre 1941. Il s’engagea en 1943 dans le maquis corrézien n° 1 pour la durée de la guerre. En 1944, il était officier FFI et fut nommé lieutenant de réserve. Pour son action, il se vit décerner la Croix de guerre avec deux citations, la Médaille des Évadés et la médaille des engagés volontaires. Son frère Raymond, également résistant de l’AS en Corrèze, y trouva la mort le 9 juin 1944 à Beaulieu-sur-Dordogne. Sa sœur Jacqueline travailla dans deux réseaux de Résistance, Hector et F. 2. Arrêtée le 28 janvier 1944, elle fut relâchée le 2 mai suivant et envoyée par son réseau à Nancy. En 1946, elle travailla dans les services d’occupation en Autriche. Elle fut nommée chevalier de la Légion d’Honneur en 1993.

Pierre Bassan fut ensuite attaché d’administration de première classe au gouvernement militaire de la zone française d’occupation en Allemagne. Il adhéra en 1946 au Syndicat des personnels du Gouvernement militaire en zone d’Occupation. L’année suivante ses responsables rejoignirent la CGT-FO, sans consultation des adhérents.

Le 1er septembre 1949, Pierre Bassan entra à la Société Mérignac-Avions Marcel Dassault à Bordeaux comme ingénieur commercial. Le 1er janvier 1952, il fut affecté au siège des Avions Marcel Dassault à Paris puis à Saint-Cloud comme chef de service, jusqu’à son départ en préretraite le 1er janvier 1979. En 1961, il adhéra à la section CGT de la société, y demeura jusqu’à sa retraite et fut également membre du comité directeur départemental de l’AGIRC, comme représentant des cadres CGT de la CE de la Seine durant deux ou trois années. En 1986, Charles Hernu étant ministre de la défense, il fut nommé par arrêté ministériel administrateur de la SNECMA au titre des personnalités qualifiées, jusqu’à la limite d’âge en 1989.

Pierre Bassan fut surtout un militant politique. Influencé par l’exemple familial, il adhéra au Parti radical et radical-socialiste en 1952. Il fut président du comité radical de Levallois-Perret (Seine, puis Hauts-de-Seine), jusqu’en 1959 et secrétaire général du 5e secteur de la fédération de la Seine durant ces années. Initié à la Franc-maçonnerie en 1952, membre d’une loge parisienne, il devait devenir conseiller de l’Ordre du Grand Orient de France. Très proche et ami personnel de Charles Hernu, il fut par ailleurs membre du Club des Jacobins à partir de 1953 et devait en devenir par la suite trésorier. Mendésistes convaincus, ils furent fondateurs du Comité d’action démocratique en 1959. Lorsque celui-ci rejoignit le Parti socialiste autonome, Bassan devint secrétaire adjoint de la section de Levallois-Perret, puis, à la formation du Parti socialiste unifié, il fut secrétaire adjoint de celle de Saint-Cloud (Seine). Il fut candidat aux sénatoriales du 8 juin 1958 dans le 53e secteur de la Seine, puis aux élections municipales du 8 mars 1959 à Levallois, sur la liste « d’entente des gauches démocratiques »

Pierre Bassan fut membre du bureau de l’Union départementale PSU de la Seine en avril 1960, secrétaire administratif du bureau du secteur Ouest de l’UD. Puis, il appartint au secrétariat interfédéral (Paris-Seine-Banlieue), crée au congrès fédéral de décembre 1960, où il était chargé des entreprises.


La commission exécutive Seine-banlieue comprenait en octobre 1961 : Pierre Bassan, Gérard Bécu, Henri Benoist (peut être Henri Benoist, Jean-Paul Bowman, Jacques Bueno, Roger Camar, Serge Coche, Pierre Costes, Robert Couzac, Marcel Debarge, Jean Delphy, Madeleine Desiedt (son non est barré sur la liste), Louis Feigenbaum, Georges Gontcharoff, Jean-Jacques Gruber, Henri Horreaux, Henri Janodet, Roger Janeau, Paulette Jorgensen, Maurice Raymond Laval, Jean Millet, Jacques Moreau, Hélène Oudoux, Jean-Louis Palierne, Marcel Pennetier, Charles Picant, André Pouplard, Pierre Ringuet, Jean Rousseau, Hélène Sax, Raymond Schenmetzler, Gustave Stern, Georges Tamburini, Marcel Touzelin, Jean-Marie Vincent.

Pierre Bassan entra au comité politique national du PSU au 1er congrès national du PSU de Clichy en avril 1961, comme membre minoritaire. Il était signataire de la motion d’orientation « Pour un socialisme moderne », présentée par Pierre Bérégovoy. En juin 1962, il fut l’un des signataires de la « déclaration des 47 », protestant contre l’organisation du conseil national du parti. Élu membre du bureau national au congrès de novembre 1963, il fut réélu une dernière fois à la direction au congrès national de 1965. Il appartenait à la commission nationale de propagande du PSU en décembre 1963.

Durant cette période, il participa à tous les congrès fédéraux et nationaux du Parti radical, puis du CAD et du PSU.

En 1966, Bassan démissionna du PSU et adhéra à la Convention des clubs qui se transforma en Convention des institutions républicaines (CIR). En octobre 1966, il en devint délégué pour le nouveau département des Hauts-de-Seine. Lorsque la CIR entra dans la FGDS, il fut secrétaire départemental de celle-ci. Il représenta cette organisation aux élections aux législatives de 1968 dans les Hauts-de-Seine et fut candidat aux municipales de Saint-Cloud en 1971 sur une liste du Groupe d’action municipale.

En 1971, il devint membre du Parti socialiste et fut secrétaire à la propagande de la fédération des Hauts-de-Seine. Aux élections municipales de 1979, il se présenta sur une liste d’intérêt local à Marolles (Calvados) et fut candidat PS aux municipales de 1992 à Suresnes dans une position non éligible. Il participa à la commission de la défense du PS et fut, au côté de Charles Hernu et de Jean-Pierre Chevènement, l’un des fondateurs des conventions pour l’armée nouvelle, dont il fut délégué général. En 2004, il était toujours adhérent du PS.

Il milita à partir de 1952 dans les mouvements des Anciens combattants, notamment dans l’association des Anciens combattants prisonniers de guerre de 1952 à 1960, puis à partir de cette date à la Fédération nationale des combattants républicains. Élu secrétaire national adjoint en 1978, il en devint président national en 1986. Il était, en 2004, président national honoraire. En 1989, il fut élu secrétaire général de l’Union française des Associations de combattants (UFAC) qui regroupe la plupart des associations d’anciens combattants. Il était à ce titre délégué à la Fédération mondiale des anciens combattants. Délégué suppléant au comité exécutif de la Fédération, il participa à ses congrès dans divers pays étrangers. Il fut nommé en 1990 par le conseil des ministres, membre titulaire du conseil national de la vie associative (il y participa activement durant plusieurs mandatures). Il collabora également à la vie des sections locales normandes, telle le comité de Lisieux de la Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur, dont il a été élu secrétaire trésorier en 2000.

Bassan eut une activité importante dans d’autres branches du secteur associatif. Il était membre de l’Association des Anciens élèves de l’École des hautes études commerciales en 1945, fut président fondateur au milieu des années 1960 du Cercle de la Libre expression, appartint à un Syndicat de locataires à Suresnes, qu’il présida de 1993 à 1996. Il milita à la LICRA à partir de 1979, fut président de la section de Suresnes en 1981 et fut membre du comité directeur.

Sa femme, née Janine Loiseau, mère au foyer, milita dès 1954 au Parti radical, puis à partir de 1956 au Club des Jacobins, dont elle fut jusqu’en 1978, co-secrétaire générale. Elle milita ensuite au CAD puis au PSA et au PSU. Elle fut désignée secrétaire général de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) des Hauts-de-Seine, lors de sa constitution en décembre 1966 et participa à la Convention des institutions républicaines des Hauts-de-Seine. Membre du Parti socialiste en 1971, elle participa activement aux campagnes présidentielles de 1965 et 1981. Ils ont eu deux filles qui militèrent très jeunes au PSA puis au PSU.
En 1962, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur, à titre militaire, puis nommé officier de la Légion d’honneur en 1985.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article15846, notice BASSAN Pierre, Ernest par Gilles Morin, Jean Péaud, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 janvier 2021.

Par Gilles Morin, Jean Péaud

Pierre Bassan et sa sœur Jacqueline [épouse Leitmann] lors de la remise de la Légion d'Honneur à cette dernière en 1993.
Pierre Bassan et sa sœur Jacqueline [épouse Leitmann] lors de la remise de la Légion d’Honneur à cette dernière en 1993.
Crédit : Françoise Darmon-Bassan.
Institut Tribune socialiste. Communiqué par Roger Barralis.

SOURCES : Arch. PPo, dossier RG 662 657. — Arch. Nat., archives M. Osmin. — Tribune socialiste, 4 février 1961, 16 novembre 1963, 8 mai 1965. — Directives, 3 août 1962. — Le Jacobin, n° 56, 1961. — Arch. OURS, fonds FGDS, 2/APO/7. — Entretiens de J. Peaud avec P. Bassan, 2002-2003.

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