BRUNEL René, Isaïe, Louis

Par Daniel Grason, Gérard Larue, Jean-Paul Nicolas, Thomas Piéplu.

Né le 28 août 1890 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fusillé le 7 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; comptable principal au Port autonome du Havre ; franc-maçon ; résistant au sein des Forces françaises combattantes (FFC), membre du groupe Morpain (futur réseau L’Heure H).

René Brunel était fils d’Isaïe, instituteur, et d’Alphonsine, née Hébert.
Engagé volontaire le 17 septembre 1908 à la mairie de Cherbourg au 1er Dépôt des Équipages de la Marine, il fut timonier et passa dans la réserve le 17 septembre 1913.
Ancien-combattant de la guerre 1914-1918, mobilisé le 2 août 1914, il fut second maitre de timonerie, chef de quart au pilotage du Rhin et rentra dans ses foyers le 30 mars 1919.
René Brunel épousa le 17 janvier 1920 Raymonde, née Henry, en mairie du Havre. Ensemble, ils eurent sept enfants dont Roger Brunel, lui aussi résistant au sein du groupe Morpain. Il habitait avec sa famille au 31 rue Bellefontaine au Havre. Il appartint à la Franc-maçonnerie tout comme Gérard Morpain, chef du réseau éponyme.
Entré au mois de septembre 1940 dans le groupe Morpain, celui que l’on surnommait « Le Blond » dans la Résistance fut un membre actif du groupement : chef trentainier du sous-groupe Mont-Joly et, avec Georges Piat, chef du sous-groupe Bourse. Son activité au sein du groupe Morpain fut le renseignement et l’action paramilitaire. En effet, dès le mois de septembre 1940 et jusqu’à son arrestation le 8 juin 1941, du fait de son emploi de comptable au Port autonome du Havre, il fournit des plans sur les ouvrages ennemis du port et sur les mouvements des navires qui furent transmis à Londres par le réseau Béarn du docteur Gallet. Au mois de décembre 1940, il participa avec son groupe à la récupération d’armes et de munitions à la caserne Éblé au Havre, armes qu’il cacha ensuite chez lui. Puis, au mois de janvier 1941, il récupéra celles de la caserne Kléber. Au mois de mars 1941, il participa également à la prise d’armes et d’explosifs sur le site du terrain de hockey de Bléville près du Havre. Entre autres actions, René Brunel accueillit à son domicile des réunions clandestines pour le groupe Morpain et porta assistance à plusieurs soldats alliés.
Suite à une dénonciation et à un piège tendu au groupement par les autorités allemandes au début du mois de juin 1941, vingt-cinq des membres du groupe Morpain furent arrêtés dont René Brunel, Gérard Morpain, Georges Piat et Robert Roux. L’arrestation de René Brunel, le 8 juin 1941, par la police allemande à son domicile, se déroula deux jours après celle du chef du groupe Gérard Morpain. Des plans furent découverts chez lui qui motivèrent son arrestation pour « intelligence avec l’ennemi ». Incarcéré à la prison du Havre, puis transféré à la Santé à Paris (XIVe arr.), il comparut le 14 décembre 1941 devant le tribunal du Gross Paris, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) avec douze autres membres du groupe Morpain et avec le dénonciateur de ce groupe, jugé lui aussi. Le procès dura quinze jours au bout desquels René Brunel fut condamné à mort pour « espionnage, activité anti-allemande et intelligence avec l’ennemi » ainsi que Gérard Morpain, Georges Piat et Robert Roux. L’un des neuf autres membres qui comparaissaient fut condamné à quelques mois de prison, trois furent acquittés et cinq furent déportés. Le dénonciateur fut reconnu coupable d’avoir donné le groupe Morpain et fut condamné à cinq ans de travaux forcés. Il mourut au camp de concentration de Mauthausen (Autriche) au mois de mars 1945.
Il semblerait qu’il y ait eu une intervention en faveur de René Brunel le 27 décembre 1941, du fait de sa situation familiale. Cependant sa peine n’ayant pas été commuée, René Brunel fut passé par les armes le 7 avril 1942 à 16 h 17 au Mont-Valérien en même temps que Gérard Morpain, Georges Piat et Robert Roux.
René Brunel fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 7 avril 1942 division 39, ligne 2, n° 43.
René Brunel fut reconnu Mort pour la France à titre militaire par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 19 septembre 1945. Il fut homologué chef de groupe des Forces françaises combattantes (FFC) et membre de la Résistance intérieure française (RIF). De plus il fut homologué Interné de la Résistance le 10 avril 1953. La Médaille de la Résistance avec rosette lui fut attribuée par décret du 3 octobre 1946, publié au JO du 13 octobre 1946.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, sur le Monument commémoratif de la Résistance et de la déportation au Havre et sur le monument aux morts de Saint-Pierre-de-Manneville (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).
Le conseil municipal du Havre donna le nom de René Brunel à une rue de la ville.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158468, notice BRUNEL René, Isaïe, Louis par Daniel Grason, Gérard Larue, Jean-Paul Nicolas, Thomas Piéplu., version mise en ligne le 2 décembre 2014, dernière modification le 27 février 2022.

Par Daniel Grason, Gérard Larue, Jean-Paul Nicolas, Thomas Piéplu.

SOURCES : DAVCC, SHD Caen, AC 21 P 431 273. — SHD Vincennes GR 16 P 94768. — Arch. PPo., 1W 0664. — Arch. Dép. Seine-Maritime : 4 E 12472 1890, 3868W16 Brunel. — Arch. mun. du Havre, 51 W 411, 17W9. — Godefroy Georges, Le Havre sous l’Occupation 1940-1944, Le Havre, chez l’auteur, 1965. — Billet Jean-Charles, Résistance de l’ombre, France avant tout, Le Havre, chez l’auteur, 1997. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Précision sur transmission à Londres par Michel Baldenweck en 2020. — Mémorial GenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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