PIÉGAY André, Jean, Marie

Par Jean-Paul Martin

Né le 21 mai 1924 à Saint-Martin-en-Haut (Rhône), mort le 17 février 2009 à Saint-Étienne (Loire) ; conseiller d’orientation scolaire et professionnelle ; militant syndicaliste CFTC-CFDT et militant associatif et d’éducation populaire dans la Loire ; président de Peuple et Culture-Loire.

Fils d’un artisan tailleur des Monts du Lyonnais et d’une mère cultivatrice, André Piégay accomplit toute sa scolarité primaire et secondaire dans l’enseignement catholique, confié dès l’âge de douze ans aux frères maristes. Après un bref passage au pensionnat Saint-Jean de Pélussin (Loire), il fit l’essentiel de ses études à l’École Gerson de Lyon, établissement qui jouait aussi le rôle d’une École normale privée. Il y fonda pendant la guerre un groupe de la JEC et une chorale, tout en lisant les cahiers clandestins de Témoignage chrétien. Parallèlement, il animait un patronage dans une paroisse lyonnaise. Il y obtint le brevet supérieur et la première partie du baccalauréat en 1943, ce qui lui permit d’exercer comme enseignant à Gerson dans des classes de Sixième et Cinquième entre 1943 et 1945. Dans le même temps, il prépara la seconde partie du baccalauréat en candidat libre et fut reçu en juin 1944 (option philosophie).

À la Libération, il ne souhaita pourtant pas se lancer dans une carrière classique d’enseignant, et devint éducateur en région lyonnaise, successivement dans un internat de jeunes apprentis (1945-1946) , puis l’année suivante à l’École professionnelle de Sacuny-Brignais, une ex-maison de correction pour jeunes délinquants, ce qui le familiarisa avec un public d’adolescents difficiles. Un bref passage chez le docteur Alfred Carrard, directeur de l’Institut de pédagogie appliquée de Lausanne, et inventeur de la psychotechnique, une célèbre méthode de formation professionnelle des adolescents, le décida à poursuivre ses études à Paris à l’INETOP (Institut national d’études du travail et d’orientation professionnelle), rue Gay-Lussac, qu’il fréquenta de 1947 à 1949. Il y fonda le syndicat CFTC de cet Institut, et y participa aux travaux d’un Groupe d’études des problèmes d’orientation humaine (GEPOH), qui éditait une petite revue Les Cahiers du GEPOH, dont il assuma en grande partie le secrétariat de rédaction et la diffusion jusqu’à sa disparition en 1960.

Il sortit de l’INETOP en juin 1949 avec le diplôme d’État de conseiller d’orientation professionnelle. En 1950, il obtint son dernier certificat de licence en psychologie à la Sorbonne et un diplôme de psychologie appliquée. Au cours de ce séjour parisien il fréquenta également le groupe « Jeunesse de l’Église » et fit la connaissance du père Maurice Montuclard, avant la condamnation de ce mouvement par Rome. Lorsqu’il vint s’établir à Saint-Étienne, il arriva muni de la seule adresse du correspondant local de Jeunesse de l’Église, Paul Martin, inspecteur de la Jeunesse et des Sports, avec qui il se lia d’amitié ensuite.

André Piégay avait été recruté en juillet 1949 par Paul Jolliet, directeur du Centre départemental d’orientation professionnelle de la Loire et il prit ses fonctions quelques mois plus tard. Il se fixa dès lors à Saint-Étienne où se déroula sa carrière professsionnelle ainsi que sa vie familiale et militante. Comme conseiller d’orientation professionnelle, il devint une personnalité très en vue localement, engagé dans nombre d’activités sociales et éducatives. Il anima de nombreuses conférences sur l’orientation, notamment dans le cadre des associations de parents d’élèves. Il fit partie en 1957 de l’équipe fondatrice, puis du Conseil d’administration jusqu’en 1975 du CIPL (Centre interprofessionnel de promotion de la Loire), organisme paritaire de formation continue fondé par un patron de l’imprimerie, Joseph Haubtmann, mais dont l’idée prit naissance au cours de contacts noués avec les milieux de l’orientation professionnelle. Il participa activement à toutes les évolutions de ce secteur, et devint en 1974 directeur du CIO (Centre d’information et d’orientation) de Saint Étienne-Centre. De 1953 jusqu’à sa retraite en 1985, il fut membre actif de l’Association des Conseillers d’orientation de France (ACOF), et correspondant local de celle-ci dans l’Académie de Lyon pendant une quinzaine d’années. Il présenta notamment au congrès de l’ACOF d’Angers en 1956 une communication sur « Salaires et choix professionnels ».

André Piégay avait épousé en décembre 1953 Elisabeth Badiou, née le 3 mai 1927 à Saint-Étienne, secrétaire-comptable, fille de Florent Badiou, un des fondateurs de l’UD-CFTC de la Loire dans les années 1920. Le couple eut deux fils et une fille. Il s’installa en mai 1954 aux « Castors » sur la colline de La Palle, un ensemble de maisons individuelles construites dans un esprit coopératif par les intéressés eux-mêmes. André Piégay fut par la suite très longtemps président de l’Association des Castors « Ensemble », dont il avait été secrétaire fondateur en 1952.

Au cours des années 1950 , il milita à la CFTC, et fut membre de la tendance syndicale « Reconstruction », dont il partageait les orientations progressistes et laïques. L’UD de la Loire était alors un des bastions de ce courant. Il devint, quoique n’étant pas enseignant, secrétaire de la section départementale du SGEN dès 1950-1951, mais dut interrompre cette activité au bout de six mois à la suite d’une sévère pleurésie. Il entra en 1956 au bureau de l’UD-CFTC qu’il représentait depuis 1954 à la commission départementale de l’enseignement technique. Au congrés départemental de la CFTC de 1961, il présenta un rapport sur « Les salaires dans la Loire ». À la même époque, il s’investit dans les Équipes techniques, liées à la Paroisse universitaire, qui rassemblaient des professeurs chrétiens de l’enseignement technique, désireux notamment d’approfondir leur réflexion sur la laïcité. Après son départ en 1964 du bureau de l’UD-CFTC, il redevint simple militant du SGEN-CFDT, dont il restera jusqu’au bout adhérent de la section des retaités.

Toujours dans les années 1950, André Piégay appartint au MLP (Mouvement de Libération du Peuple), fondé dans la Loire par Louis Alvergnat, mais il fut conduit à limiter son engagement politique pour ne pas compromettre sa vie professionnelle qui le mettait en contact avec des familles de toutes opinions. Il devint ensuite un « sympathisant proche » de l’UGS et du PSU, sans toutefois y adhérer, ce qui ne l’empêcha pas d’être candidat en 1959 sur la liste municipale stéphanoise de l’Union des Forces Démocratiques, conduite par André Garnier. Ce fut sa seule candidature à une élection politique.

C’est dans le domaine associatif et culturel lié à l’éducation populaire qu’André Piégay déploya le plus d’activités. Aux côtés de son ami Paul Martin, il participa en avril 1954 à la fondation d’une Association Peuple et Culture - Loire, dont il devint peu après le président et le demeura jusqu’à la dispersion de l’équipe au cours des années 1980. Cette position lui permit de jouer un rôle au sein du Centre Culturel stéphanois, un organisme créée en 1959 dans le sillage de la municipalité et qui se proposait en regroupant l’ensemble des associations culturelles, d’éducation populaire et de jeunesse de définir une politique culturelle ambitieuse pour la Ville. Il en fut le responsable de la Commission « Jeunesse » pendant une dizaine d’années, à ce titre organisant l’ouverture de clubs de quartiers, et de MJC. Dans les débats qui précédèrent l’ouverture de la Maison de la Culture de Saint-Étienne (en 1968) il manifesta, avec la plupart des associations, son désaccord avec le choix du maire, Michel Durafour, qui refusa la nomination de Jean Dasté, directeur de la Comédie de Saint-Étienne à la tête de la Maison de la Culture et qui opéra la municipalisation de celle-ci.

André Piégay avait pris également des responsabilités nationales dans le mouvement Peuple et Culture, membre du CA dans les années 1960, puis du Bureau national (1968-1974), vice-président délégué des régions, un mandat auquel il mit fin en 1974 en devenant directeur du CIO de Saint-Étienne-Centre.

Président fondateur au tournant des années 1950-1960 des Conseils de parents d’élèves du groupe scolaire de la Métare, où étaient scolarisés ses enfants, André Piégay fut membre du bureau départemental de la FCPE et de sa « commission éducative », organisant des causeries dans les conseils locaux, notamment sur des problèmes d’orientation, de vie et de santé scolaires. Son investissement dans le nouveau quartier de la Métare l’a en outre conduit à participer avec des instituteurs et des militants laiques à la création en 1966 du Foyer de Jeunes et d’Éducation Populaire (FJEP) de la Métare. Vice-président fondateur, il devint de 1970 à 1994 le président de cette grosse association de quartier, affiliée à la Ligue de l’enseignement, et qui compte aujourd’hui encore près de 1 500 adhérents.

Par ailleurs, André Piégay a exercé des responsabilités, comme membre du CA puis du Bureau, entre 1964 et 2005 de l’Association départementale de Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence (ADSEA), dont il a contribué à écrire l’histoire à la fin de sa vie. En 2003, il impulsa une association des amis de Jean Pralong, destinée à perpétuer le souvenir de ce militant d’une autre génération, très estimé sur le plan local. Il adhérait à la CSF (Confédération syndicale des familles), et sans appartenir au PS, il fut membre jusque dans les dernières années de sa vie du club « A Gauche autrement » fondé par l’ancien député socialiste de la Loire, Bruno Vennin*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158473, notice PIÉGAY André, Jean, Marie par Jean-Paul Martin, version mise en ligne le 27 avril 2014, dernière modification le 27 avril 2014.

Par Jean-Paul Martin

ŒUVRE : Principaux Ecrits d’André Piégay
- « 50e anniversaire du CIO de Saint-Étienne (1927-1977 », brochure, octobre 1977, 32 p. — Participation à l’ouvrage collectif, Histoire de la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence de la Loire (1935-2005) , 2009, édité par l’ADSEA de la Loire.

SOURCES : Entretiens avec l’intéressé en 2008, quelques mois avant sa mort. — Hommage lu à ses obsèques (Gilbert Palasse). – Hugues Hippler et alii, La Métare, le FJEP : quelle histoire !, édité par l’UVA (Université de la Vie Associative), Saint-Étienne, 2011, 210 p.

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