PIORO Thadée, Gabriel

Par Alain Dalançon

Né le 21 mars 1899 à Paris (XIIIe arr.), mort le 21 juillet 1974 à Paris (VIIe arr.) ; administrateur au ministère de l’Éducation nationale ; militant communiste ; Résistant, président du CLL du XIXe arr. de Paris, maire de cet arrondissement (1946-1950).

Gabriel Pioro
Gabriel Pioro
années 1960

Ses parents étaient des émigrants juifs polonais qui s’étaient mariés le 2 juillet 1898 à Paris (XIIIe arr .). Son père, Maximilien Pioro, né à Kalice (Kalisz), fils de musicien, étudiant en médecine, obtint son diplôme de médecin en 1901, exerça à Saint-Simon (Aisne), et mourut en 1908. Sa mère, Rebecca Eisenman, née à Varsovie, fille de rentiers décédés, était étudiante en sciences à sa naissance.

Thadée Pioro effectua sa scolarité à Paris aux lycées Montaigne et Henri IV, au collège Sainte-Barbe, et obtint le baccalauréat (mention « Philosophie ») en 1916. Il entra l’année suivante dans la khâgne du lycée Louis le Grand, mais ne réussit pas au concours de l’École normale supérieure. Il obtint cependant une licence ès lettres (Histoire-Géographie) et un diplôme d’études supérieures à la Sorbonne. Outre le Polonais que ses parents lui avaient appris, il connaissait parfaitement l’Anglais et l’Allemand et comprenait le Russe parlé dans la Pologne native de ses parents, sous domination russe.

Enseignant au collège Sainte-Barbe en 1919, il fréquentait les cercles artistiques autour de la revue d’art et littérature La Forge, et était inscrit à l’École des hautes études. Il enseigna aussi pendant quatre années l’histoire, la littérature et la langue françaises aux étudiants de l’American University Union à partir de 1921, tout en préparant l’agrégation.

Thadée Pioro se maria le 26 avril 1923 à Paris (VIe arr.) avec Fernande Baranger. Le couple avait deux enfants en 1925 selon sa déclaration, quand il obtint un poste de répétiteur au collège de Clermont (Oise). Manquant d’autorité, il ne fut pas titularisé à la fin de l’année scolaire.

Il enseigna ensuite en province, puis entra dans l’administration centrale du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts comme rédacteur stagiaire le 1er novembre 1929 et fut titularisé. Il cherchait surtout à renouer avec la culture de ses parents polonais. Enseignant en outre à l’Alliance française de Paris, il fut détaché en 1931, comme secrétaire général de l’Institut français de Varsovie. Réintégré dans ses fonctions de rédacteur en mars 1933, il fut à nouveau détaché en Pologne, et réintégré en septembre 1935. Il obtint une nouvelle bourse d’étude en juillet 1939 du Centre d’études polonaises auprès de la Bibliothèque polonaise de Paris, mais ne put en profiter à cause de l’invasion de la Pologne et de la déclaration de la guerre. En décembre 1940, il fut inscrit sur la liste d’aptitude de sous-chef de bureau au ministère de l’Education nationale.

Thadée Pioro, rédacteur de 1ère classe, fut relevé de ses fonctions le 1er juillet 1943, et mis à la retraite d’office. Il était entré dans la Résistance au début de l’année 1942 au « Comité de libération universitaire » et, en juin 1943, rejoignit les Francs-tireurs et partisans au « Front national de lutte pour l’indépendance nationale ». Sous le pseudonyme de « Pierre », il en devint le responsable dans le XIXe arrondissement, chargé du recrutement des FTPF et de l’organisation des milices patriotiques.
En mai 1944, il fut désigné président du Comité local de Libération du XIXe arrondissement, qui tenait ses réunions clandestines dans les locaux d’une petite usine, située au 14 rue des Annelets, appartenant à Charles Bour, dit « commandant Baron », futur dirigeant de l’insurrection dans le sous-secteur nord de Paris (IIe, IVe, Xe et XIXe arr.). Une plaque commémorative a été apposée à l’emplacement de cet établissement (voir iconographie).

Commandant FFI, Pioro (qui utilisait désormais son second prénom, Gabriel) commandait le bataillon 4/22 de Francs-tireurs « Belleville-Villette » qui participa à la libération de Paris, en s’emparant, le 19 août, de la mairie du XIXe où s’installa le CLL. Son unité FFI forma ensuite le 2e bataillon du 46e régiment qui combattit au printemps 1945 dans la poche de Royan (Charente-Maritime).

Indiqué professeur d’histoire dans les documents de la préfecture de la Seine en 1945, il retrouva ses fonctions au ministère de l’Education nationale comme chef de bureau. en juin 1945,

Par décret du 20 février 1946, il fut officiellement confirmé maire du XIXe arrondissement de Paris. Il conserva cette responsabilité jusqu’à sa révocation, le 7 novembre 1950, avec 32 autres maires et adjoints d’arrondissements de Paris, tous communistes. Il signa une protestation dans l’Humanité du 10 novembre : « La population a appris avec stupeur et indignation le coup de force perpétré par le gouvernement Pleven-Queuille et le préfet Haag. Nous avons été révoqués par décret, sans avertissement et sans aucun motif. Nous avons été révoqués parce que, désignés par les comités locaux de la Libération, nous sommes tous issus de la Résistance. » Son dossier dans la liste des résistants français au SHD (GR 16P/479631) ne mentionne aucune homologation précise. Mais il était chevalier de la Légion d’honneur.

Divorcé en 1951, Gabriel Pioro se remaria le 28 juillet 1953 à Paris (VIe arr.) avec Gabrielle Cailloce.

Membre de la section Fabien du Parti communiste français dans le XIXe arrondissement, il fut candidat aux élections législatives du 17 juin 1951 en septième position sur la liste « Union républicaine, résistante et antifasciste pour l’Indépendance nationale, la Paix, la Liberté et le Pain ». Il se présenta aussi aux élections municipales dans le neuvième secteur (XIX-XXe arr.) en 1959.
En 1964, il participa à la rédaction de Histoire du Parti communiste français, Manuel publiée aux Editions sociales sous la direction de Jacques Duclos et François Billoux.

Gabriel Pioro effectua aussi des recherches sur l’histoire de la Révolution française et publia des articles sur Camille Desmoulins, Robespierre, Danton. Selon Claude Mazauric, l’article qu’il rédigea en 1961, en collaboration avec Pierre Labracherie, sur Charlotte Robespierre, dans la revue des Annales historiques de la Révolution française, reçut en 1983 l’appui de l’historien de la Révolution française, Jacques Godechot.

Parvenu à l’âge de la retraite, il prolongea ses recherches historiques en publiant en 1967, pour le compte des Editions sociales, un ouvrage consacré à la Commune de Paris, réédité pour le centenaire sous le titre Esquisse d’une histoire de la Commune de Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158485, notice PIORO Thadée, Gabriel par Alain Dalançon, version mise en ligne le 28 avril 2014, dernière modification le 24 février 2018.

Par Alain Dalançon

Gabriel Pioro
Gabriel Pioro
années 1960
Plaque commémorative du CLL du XIXe arr.

ŒUVRE : Le fichier de la BNF comprenait en 2018 sept références dont des articles dans Annales historiques de la Révolution française, La Pensée, Petit précis historique de la Commune de Paris (collaboration), Paris, Éditions sociales en 1967 et réédité en 1971 pour le centenaire de la Commune, sous le titre Esquisse d’une histoire de la Commune de Paris.

SOURCES : Arch. Nat., AJ/16/1381, F1 bl 1033, base Léonore de la Légion d’honneur, 19800035/1217/40573. — Archives du comité national du PCF. — JO. Lois et décrets, 18 novembre 1929, 11 septembre 1935, 30 décembre 1937, 3 décembre 1940, 25 juillet 1943, 10 juin 1945, 21 février 1946. — Sites Internet : http://www.des-gens.net/Gabriel-Pioro et http://www.des-gens.net/-ANACR-Resistance-1940-45- — Phippe Nivet , Le Conseil municipal de Paris de 1944 à 1977, Publications de la Sorbonne, 1994. — Charles Riondet, Le Comité parisien de la libération et les comités locaux de libération de la Seine, PUR, 2017. — État civil en ligne de Paris. — Mariages de migrants polonais : http://www.francegenweb.org/migranet/listedori.php?dept=9122&limite=247 — Fichier Pierre Moulinier : corpus des étudiants étrangers et des femmes reçus docteurs en médecine à Paris entre 1807 et 1907. http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/biographies/presentation-fichier-moulinier.phpLe Figaro, 8 juin 1931. — Notes de Jacques Girault et de Gérard Leidet.

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