BUREAU Jules, Hippolyte

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Gilles Morin

Né le 22 août 1900 à Ambazac (Haute-Vienne), mort le 23 février 1992 à Blois (Loir-et-Cher) ; instituteur puis professeur de cours complémentaire ; secrétaire de la section de la Seine du SNI (1935-1939) ; membre du Front social du Travail, trésorier de la Ligue de la Pensée française pendant l’Occupation ; syndicaliste Force ouvrière (CGT-FO)

Jules Bureau au centre, au siège parisien de FO lors d’un session d’études syndicales en mai 1969.

Fils de cultivateurs, Jules Bureau entra à l’École normale d’instituteurs de Limoges (Haute-Vienne) en 1917 puis s’engagea pour quatre ans en 1918. À sa sortie de l’armée, en 1922, il retourna à l’ENI jusqu’en 1924. Il fut affecté alors comme instituteur intérimaire à Boissel (Haute-Vienne), puis nommé instituteur titulaire à Coizec. Affecté à l’école Jules Ferry à Bagnolet (Seine), le 1er janvier 1926, il se maria le 3 avril 1926, à Paris XXe avec une sténo-dactylo.

Nommé à l’école de garçons de la rue Pierre Girard, il devait être détaché ensuite à l’école de garçons de la rue Manin à Paris (XXe). Socialiste et franc-maçon (initié à la loge Les Amis de la Patrie, du Grand Orient de France, le 17 mars 1933, il en démissionna en 1938). il anima la sous-section du Syndicat national des instituteurs. En 1931, il entra au bureau de la section SNI de la Seine, avec le titre de secrétaire aux sous-sections. Selon un témoignage de Roger Hagnauer, Bureau était alors " plutôt favorable à Émile Glay " représentant de l’aile modérée du syndicalisme enseignant, et, "au sein du Parti socialiste, il (...) semblait d’accord avec Marcel Déat" (lettre du 20 avril 1979).

Lorsqu’en 1935, Eugène Jacquemard quitta le secrétariat de la Seine pour devenir secrétaire corporatif national, Jules Bureau, qui apparaissait comme "un fils du terroir franc et direct" (Hagnauer), fut désigné comme premier dirigeant de la Seine, ses éventuels concurrents (Adrien Lavergne gravement malade, Hagnauer occupé par la direction de l’École du Grand Paris) ne se portant pas candidats. Sa présence à la direction du SNI de la Seine au moment de la réunification n’alla pas sans conflit avec la gauche de la section et particulièrement avec la minorité communiste. Ainsi à l’occasion des élections législatives d’avril-mai 1936, quand son nom figura, avec sa fonction, au bas d’un tract appelant à voter au second tour pour Marcel Déat contre Jacques Duclos.

Pacifiste et munichois fervent, Jules Bureau était l’un des animateurs du courant pacifiste du SNI et déclara au congrès de l’Union des syndicats de la région parisienne réuni du 9 au 11 mars 1939 : " Munich a eu le grand avantage de maintenir la Paix ".

Mobilisé comme sergent en août 1939, Bureau laissa le secrétariat intérimaire à René Bonissel->17161]. Il obtint deux citations et la Croix de guerre durant la campagne de France. Après la dissolution du SNI et de la CGT par le gouvernement de Vichy, il accepta, sans grand succès, de reconstituer une association corporative dans l’esprit de la Révolution nationale et collabora à la presse légale (Cri du Peuple, Pilori…). Il collabora jusqu’en 1942 à la rubrique enseignement de l’Œuvre au côté de René Château. Collaborationniste, comme une partie des syndicalistes pacifistes, il n’accepta pas la dérive fasciste du parti de Déat et appartint à la petite équipe qui autour de René Château prépara un rassemblement autonome de collaborationnistes pacifistes. Encadrant une colonie de 300 enfants en août 1942, il écrivait à ce dernier regretter de ne pas pouvoir s’associer pour le moment à la petite équipe qui se réunissait à Paris. Lors de la fondation de la Ligue de la Pensée française en janvier 1943, Bureau fut nommé trésorier de celle-ci. À ce titre, il fut attaqué par la presse antimaçonnique. Après l’exclusion de Château de son poste rédacteur en chef de la France Socialiste par les autorités allemande, il signa le 17 juillet 1943 avec d’autres collaborationnistes pacifistes une déclaration publique s’engageant à ne plus écrire dans ce journal.

Jules Bureau dirigea encore le journal Le Nord-Est durant l’Occupation et aurait subit plusieurs perquisitions, sans doute pour son appartenance passée à la Franc-maçonnerie.

À la Libération, lors du procès de René Château, Jules Bureau écrivit au président de la Cour pour affirmer que lors de l’Occupation ce dernier s’était fait « avec beaucoup de courage et non sans risques l’avocat de l’École laïque et de ses maîtres ».
Jules Bureau reprit son poste de professeur de cours complémentaire. Il organisa les stages de formation de Force ouvrière dans le cadre du Centre de formation de militants syndicalistes (CFMS) dont il assura la direction. Il fut l’un des fondateurs du Syndicat FO des instituteurs au sein duquel il fut, pendant quelques années, le secrétaire général adjoint. Selon les débats du congrès du SNI en 1957, il avait appelé les instituteurs à former des syndicats Force ouvrière. Le 29 novembre 1963, l’École libératrice annonça qu’il quittait le bureau confédéral de FO.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158521, notice BUREAU Jules, Hippolyte par Jean Maitron, Claude Pennetier, Gilles Morin, version mise en ligne le 28 avril 2014, dernière modification le 17 août 2021.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Gilles Morin

Jules Bureau au centre, au siège parisien de FO lors d’un session d’études syndicales en mai 1969.
Papiers de Jacques Faure.

SOURCES : AN, F/7/14954 ; Z5/129/5849 ; Z6/1917, scellé 331/70 ; Z/5/270, dos 8494 ; Z/5/129/5849 ; Z/6/1917, scellé 331/70 ; Z/6/1927. — L’École libératrice, 28 août 1937, 20 septembre 1957, 29 novembre 1963. — La Révolution prolétarienne, 25 mars 1939 et mars 1979. — Lettre de Roger Hagnauer, 20 avril 1979.— Notes de Louis Botella et Jacques Girault.

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