GOSSET Jean, Yves

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 6 décembre 1912 à Montreuil-sous-Bois (Seine), mort en déportation le 21 décembre 1944 à Neuengamme (Allemagne) ; professeur de philosophie ; membre du mouvement Esprit, résistant, chef du réseau Cohors-Asturies d’avril 1942 à avril 1944.

Son père Henri, né dans le Nord en 1875, était masseur, sa mère, Marcelle Bernard, née en 1885 à Paris, était institutrice laïque. Jean fit ses études au lycée Voltaire, passa le bac philosophie et mathématiques en 1930. Après une khâgne à Louis le Grand, il entra à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1932. Il y fut l’élève de Jean Cavaillès*. Il fit son service militaire à Saint-Maixent, en 1935 et fut nommé lieutenant en 1938. Il réussit l’agrégation de philosophie en 1936 et enseigna au lycée de Brest puis au lycée Ronsard à Vendôme (1938-1941).

Son itinéraire intellectuel fut marqué par sa conversion au catholicisme, en 1932 et par son attirance pour la philosophie d’Emmanuel Mounier, dès 1933. Il participa régulièrement par des articles à la revue Esprit, jusqu’à sa suppression par les autorités de Vichy. Syndiqué à la CGT, il participa à la promotion ouvrière en donnant des cours du soir, de 1938 à 1941, aux Collèges du Travail, rattachés au Centre confédéral d’éducation ouvrière de la centrale syndicale.

Au début de la guerre, il fut mobilisé comme lieutenant à Orléans, au 131e R.I. Il fit la campagne de Belgique et la retraite de Dunkerque. Il réussit à embarquer pour l’Angleterre mais rentra en France aussitôt et participa encore à la campagne de Normandie qui lui valut une croix de guerre. Il retourna à Vendôme et obtint en 1941 une bourse du CNRS (renouvelée en 1942 et 1943) pour des travaux de thèse en épistémologie, entrepris sous la direction de Gaston Bachelard (« Explication et singularité »). Ayant repris contact avec Jean Cavaillès, il créa en 1941 en Bretagne un groupe de renseignements rattaché à Libération-Nord, qui fit partie en avril 1942 du réseau Phalanx Zone Occupée dirigé par Cavaillès. Celui-ci prit, à la fin de 1942, le nom de Cohors. Jean Gosset installa sa famille à Sceaux et se cacha lui-même à Paris. Il consacra dès lors son temps à la résistance. Il prit successivement les pseudonymes de Gérard, Renaud, Galand, Fabrice, Christophe et Semoir.

Il dirigea le réseau par intérim et assuma les tâches qui étaient celles de Jean Cavaillès à Libération-Nord pendant l’internement de celui-ci puis pendant ses missions à Londres (septembre 1942-janvier 1943 et février-avril 1943). Mais en juillet 1943 tous deux se séparent de Libération-Nord pour divergence d’opinion au sujet des partis politiques.

Après l’arrestation de Cavaillès fin août 1943, Jean Gosset prit la direction du réseau. Il gagna Londres le 21 octobre1943 et participa à un stage de sabotage en Écosse. Il rentra en France le 30 décembre 1943, parachuté dans l’Orne.
Il réorganisa alors le réseau Cohors, qui prit le nom d’Asturies. Il consacra désormais son activité aux Groupes d’Action immédiate chargés de sabotages en région parisienne et en Bretagne, en particulier la mission « Santal » du plan « Tortue » conçu à Londres. Malgré la pénurie de matériel, il mena à bien les opérations de sabotage du 20 février 1944 à l’ancienne usine Hotchkiss de Levallois transformée en usine de production de mitrailleuses (Rhein Borsig Metal), du 7 avril à l’usine de roulements à billes Timken à Asnières et du 27 avril à l’Air liquide de Bagnolet.

Jean Gosset quitta Paris pour la Bretagne fin avril laissant la direction du groupe à Daniel Apert, mais il fut arrêté, puis emprisonné à Rennes le 25 alors qu’il se rendait à une réunion clandestine. Il subit un interrogatoire brutal. Il semble toutefois que les Allemands n’aient jamais eu connaissance de ses fonctions exactes dans la résistance. Le 27 ou 28 juin 1944 il fut embarqué dans un train à destination de Compiègne. Le trajet dura 14 jours. Jean Gosset et ses compagnons arrivèrent au camp de Royallieu le 12 juillet. Le 28 juillet il partit dans le dernier convoi à destination du camp de concentration de Neuengamme-Hambourg. Arrivé le 31 juillet, il reçut le matricule 39.441. Il fut mis à des travaux de terrassement puis, à partir du 15 septembre, au Kommando extérieur de Dessauer Ufer, où les déportés déchargeaient des navires, déblayaient les ruines, creusaient des fossés anti-chars. A partir du 20 octobre on perd sa trace. Il a été ramené au camp central, et il meurt au Revier (infirmerie), officiellement de septicémie généralisée, le 21 décembre 1944.

Il avait épousé en 1935 Denise Gorce, sans profession. Le couple eut trois enfants.

Il avait été promu capitaine, commandant, puis lieutenant-colonel par Londres. Il fut nommé Compagnon de la Libération à titre posthume.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158536, notice GOSSET Jean, Yves par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 7 juin 2014, dernière modification le 25 juillet 2021.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCE : Notice rédigée d’après le document établi par sa fille, Danielle Rioul-Gosset : Sur les traces de Jean Gosset (1912-1944), Éditions Scripta, 2013.

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