BOUTEZ Armand.

Par Francis Sartorius

Schaerbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 1844 (ou une année proche) – 5 avril 1863. Étudiant, libre penseur, républicain, membre de l’association Le Peuple.

Étudiant candidat en philosophie et lettres à l’Université libre de Bruxelles, La Tribune du peuple du 12 avril 1863 le décrit de la manière suivante : « Armand Boutez était républicain socialiste. Tout en fréquentant avec assiduité les cours de l’université de Bruxelles, il méditait les écrits des réformateurs sociaux et particulièrement ceux de Fourier et de Proudhon, il étudiait à fond les vices de notre organisation sociale et les moyens pour arriver à une société meilleure, il commençait à entrer dans la partie militante de l’opinion socialiste et à travailler à la propagation des idées révolutionnaires, il faisait partie de notre association Le Peuple. Naguère encore, il venait assister à nos séances hebdomadaires, dans le meeting pour la réforme électorale, tenu par notre association, dans la salle de la Maison des brasseurs. Il était assis avec nous au bureau, où il était chargé de remplir les fonctions de secrétaire ».

Le 1er mai suivant, La Tribune du peuple revient sur le décès de Armand Boutez en reproduisant le texte d’un discours qu’un de ses amis, également membre de l’association Le Peuple, avait prononcé au nom des amis du défunt et des étudiants de l’université de Bruxelles. Après avoir noté sa bonté et son intelligence, l’orateur continue : « La religion n’avait plus à ses yeux qu’une valeur scientifique et historique ; il l’étudiait comme le médecin un cadavre. Il ne niait pas la Divinité, mais il ne l’admettait pas non plus, c’était pour lui une vaste hypothèse en dehors de la science et sans utilité pour la morale. À elle, disait-il, à elle l’incompréhensible et l’absolu, à l’homme la science et la liberté ; à elle le néant, à l’homme la réalité. Il avait au plus haut point le légitime orgueil de la dignité humaine ; jamais il ne blessa personne ; dans autrui il se respectait lui-même et considérait ce principe comme la base de la morale. Il ne cherchait l’immortalité de l’être que dans le produit de son travail intellectuel et physique ; toute autre immortalité, s’il l’envisagea parfois comme une possibilité, il ne voulut jamais la convertir en certitude. Cette immortalité qu’il affirmait, on peut dire qu’elle lui est acquise ; les idées dont il se fit l’apôtre et que selon ses moyens il a contribué à répandre et à fortifier, ces idées resteront. Sa mort si affreuse et si belle est donc un enseignement, un enseignement sublime. C’est ainsi que les religions s’écroulent, c’est ainsi que la pensée libre grandit et s’élève (etc.) ».

Armand Boutez est mort en libre-penseur et enterré civilement le 12 avril 1863.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158594, notice BOUTEZ Armand. par Francis Sartorius, version mise en ligne le 3 mai 2014, dernière modification le 2 janvier 2020.

Par Francis Sartorius

SOURCES : Archives de l’Université libre de Bruxelles, Registres trentenaires, 1ère série – La Tribune du peuple, avril 1863.

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