BREYER Frédéric, Albert, Martin.

Par Francis Sartorius

Berlin (Prusse), 1814 – Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 9 août 1876. Docteur en médecine, libre penseur, partisan des milieux démocratiques à Bruxelles.

Frédéric Breyer arrive en Belgique en 1837. Il se fixe d’abord à Liège (pr. et arr. Liège) où il suit des cours à la Faculté de médecine. Il loge chez un professeur de médecine, Lambert Lombard. En 1840, il se fixe à Bruxelles et y poursuit ses études de médecine à l’université. Il obtient son diplôme de docteur en médecine en 1845. Dès son arrivée dans la capitale, Frédéric Breyer fréquente les meetings démocratiques organisés par Kats*. Il est d’ailleurs interrogé, à cette époque, dans le cadre de troubles survenus au meeting Kats du 4 août 1840. Il avait assisté à cette réunion avec Philippe Gigot, futur adepte de Marx, l’avocat Funck et Victor Faider dont les opinions démocratiques sont bien connues.

Les activités démocratiques de Frédéric Breyer ne restent pas dans le domaine de la théorie. Il crée peu après, à Saint-Josse-ten-Noode (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), une consultation gratuite pour ouvriers, avec ses confrères Von Stockhausen et Bougard. En 1847-1848, il fréquente l’Association des ouvriers allemands et l’Association démocratique, toutes deux nouvellement créées. Les démocrates en vue de l’époque, tant belges qu’étrangers, ont des liens d’amitié avec lui. On peut citer à ce propos Marx, Engels, Joseph-Antoine Esselens*, Victor Tedesco*, Lucien Jottrand*, Alexandre Gendebien... La sûreté publique est évidemment au courant de ses activités politiques et s’en inquiète. On la voit par exemple, en mars 1848, s’intéresser particulièrement à Breyer. Ce dernier est parti pour Berlin. Ce voyage inquiète la police d’état qui interroge à ce propos le commissaire en chef de police de Bruxelles. Ce dernier répond qu’à son avis, Frédéric Breyer a une activité souterraine en faveur de la révolution. Selon un rapport du préfet de police de Paris de septembre 1848, il sert de boite aux lettres aux révolutionnaires allemands (Cologne et étranger, peut-être l’Angleterre) grâce à la complicité d’employés des chemins de fer rhénans et le contact avec le médecin s’établit à Verviers.

Durant les années plus calmes qui suivent 1848-1850, Frédéric Breyer garde intactes ses convictions. Son éclectisme et son non-conformisme le font fréquenter des révolutionnaires d’autres écoles que celle de Marx. Il noue des liens d’amitié durable tant avec des adeptes de Proudhon qu’avec des proches de Blanqui. Sa curiosité s’étend à d’autres domaines que la politique à coloration sociale et à la médecine car il est un pionnier de la photographie. Son nom est connu des spécialistes car il est l’inventeur d’un procédé, durant les années 1840, de l’ancêtre de celui (inventé près de cent ans plus tard) qui permet la photocopie de documents. Durant les années 1860, les soirées organisées par le docteur Breyer sont fréquentées par l’élite démocratique de l’époque et l’on y rencontre, par exemple, Charles de Coster, l’auteur des aventures d’Uylenspiegel.

Plus tard, la veuve de Breyer, fille du colonel Van Bruyssel, continue la tradition et, « avec un tact exquis », préside un « salon que fréquentaient, tous les dimanches, artistes et savants belges et illustres exilés ». La gêne la contraint à gagner sa vie comme régente à l’École moyenne des filles de Molenbeek-Saint-Jean et professeure d’anglais à l’école de filles de Saint-Gilles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Elle décède en mars 1894 et, tout comme son mari l’avait été, elle est, en tant que membre fondatrice de la Libre pensée, enterrée par les soins de cette association laïque.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158598, notice BREYER Frédéric, Albert, Martin. par Francis Sartorius, version mise en ligne le 3 mai 2014, dernière modification le 25 octobre 2020.

Par Francis Sartorius

SOURCES : Archives de l’Université libre de Bruxelles. Registres trentenaires, 1ère série – LE ROY A., Liber memorialis. L’Université de Liège depuis sa fondation, Liège, 1869 – La chronique, Bruxelles, 9 août 1876 – La Réforme, Bruxelles, 27 mars 1894 – La libre critique, Bruxelles, 1894, p. 291 – WOUTERS H., Documenten betreffende de geschiedenis der arbeidersbeweging (1831-53), deel I, Leuven-Paris, 1963 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 27) – BERTRAND L., Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique depuis 1830, t. 2, Bruxelles, 1907 – BOURGIN G., « La démocratie révolutionnaire en 1850 », Études de la société d’histoire de la révolution de 1848, Paris, 1953, p. 133-135 (rapport du préfet de police au ministre de l’Intérieur, 20 septembre 1850. Le nom de Breyer y est orthographié « Dresner ») - Sur le procédé photographique de Breyer auquel le nom de « réflectographie » est donné, il convient de consulter : MAGELHAES L. (pseud. de Jan Coppens) et ROOSENS L., De fotokunst in Belgïe. 1839-1940, Deurne-Anvers, 1970 – SARTORIUS F., « L’Association démocratique 1847-1848 », Socialisme, juin 1976 – BAIER W., Quellen Darstellungen zür Geschichte der Fotografie, Munich, 1977.

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