MOAT Andrée, Françoise [épouse KÜFFER]

Par Paul Boulland

Née le 5 octobre 1920 à Paris (XVIIe arr.), morte le 12 novembre 1996 à Morlaix (Finistère) ; bibliothécaire CNRS à Paris puis à Roscoff (Finistère) ; militante communiste et syndicaliste CGT ; membre du conseil national du syndicat CGT du CNRS, membre du bureau de l’UD-CGT du Finistère (1971-1972) ; membre du comité (1959-1985) et du bureau (1965-1979) des fédérations communistes du Finistère, puis Finistère Nord.

André Moat à la tribune d’un meeting de la CGT en 1978 ou 1979 (fonds A. Moat, CRBC)

Son père, Jean Moat, ingénieur à la Thomson-Houston, mourut en 1941. Sa mère, Marie-Louise Moat, née Daroque, fut secrétaire de direction avant son mariage puis sous-économe du centre d’apprentissage de Clamart (Seine, Hauts-de-Seine) après la mort de son mari. Andrée Moat était l’aînée de trois filles. Sa sœur cadette, Colette Moat, épouse Privat, professeure de lettres puis enseignante à l’Université de Rouen, fut député communiste de Seine-Maritime. La benjamine, Sylvie Moat, épouse Blanc, fut monteuse de cinéma, notamment pour René Allio. André Moat poursuivit des études supérieures et fut licenciée ès lettres. Elle fut un temps enseignante, dans un lycée de Villeurbanne (Rhône) selon Gabriel Le Gall, un de ses anciens camarades du PCF à Roscoff. Elle intégra ensuite le CNRS, comme bibliothécaire. À la fin des années 1940, elle participa notamment à l’établissement de deux volumes de l’Inventaire des périodiques scientifiques et techniques reçus depuis 1938 par les bibliothèques de Paris.

Adhérente du PCF et des Jeunesses communistes en 1945, elle fut secrétaire de la cellule communiste du Muséum d’histoire naturelle (Ve arr.) en 1946-1947. Elle épousa Walter Küffer, le 27 décembre 1947 à Paris (Ve arr.) et s’établit avec lui en Suisse, dans la région de Berne, où elle adhéra au Parti suisse du Travail, et fut secrétaire de la section Berne Romande, entre 1948 et 1950. Un fils, prénommé Hans, naquit de cette union, en 1949. Revenue en France, séparée de son mari, elle revint s’établir avec son fils à Clamart, où elle fut secrétaire de la cellule locale Saint-Étienne à partir de 1951.

En 1954, Andrée Moat travaillait au centre de documentation du CNRS, situé à Paris, dans le Ve arrondissement. Entre 1952 et 1956, elle siégea au secrétariat de la section Clamart, comme responsable à la propagande. En 1953, elle fut candidate aux élections municipales sur la liste conduite par Roger Dumagny, premier secrétaire de la section. Déjà élève d’une école fédérale au cours de l’année 1954, elle fut candidate à une école centrale d’un mois du PCF destinée aux rédacteurs. Sa candidature fut écartée par la Section de montée des cadres qui souhaitait des éclaircissements sur ses séjours en Suisse. Entre 1953 et 1956, elle fut également membre du bureau puis secrétaire générale adjointe du syndicat national des techniciens du CNRS.

En 1956, Andrée Moat vint travailler à Roscoff, comme bibliothécaire de la station de biologie marine du CNRS, et assuma de nouvelles responsabilités militantes. Secrétaire de la section de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), elle siégea au comité (1959-1965) et au bureau (1965-1979) de la fédération du Finistère puis du Finistère Nord, créée en 1972. Elle y fut à nouveau chargée de la propagande. Elle quitta le bureau fédéral en 1979 et siégea au comité fédéral jusqu’en 1985. Elle fut candidate du PCF aux élections cantonales (canton de Saint-Pol-de-Léon) en 1967, 1973 et 1979. En 1967, elle obtint 566 voix, soit 5,61% des suffrages exprimés.

Toujours militante syndicale, responsable de la section CGT de la station biologique de Roscoff, Andrée Moat fut élue au comité national du syndicat CGT du CNRS (1959-1961). Elle participa également à la section départementale de l’Union Générale des Fédérations de Fonctionnaires (UGFF). Sur le plan interprofessionnel, elle siégea à la commission exécutive (1960-1983) et au bureau (1971-1972) de l’UD-CGT du Finistère. Elle fut également trésorière de l’UL-CGT de Saint-Pol-de-Léon.

Guy Jacques, océanographe au CNRS qui fut son collègue à la station biologique de Roscoff, évoque dans ses souvenirs, « une bibliothécaire, Andrée Moat, toujours en bleu de travail pour rappeler son appartenance au Parti communiste et à la CGT. » Gabriel Le Gall témoigne lui aussi de son éternel « bleu de chauffe ».

Secrétaire adjointe du ciné-club de Saint-Pol-de-Léon/Roscoff, elle siégea au comité national de la Fédération française des ciné-clubs dans les années 1960.

Durant de longues années, Andrée Moat fut responsable de la librairie dans les rassemblements locaux ou départementaux de la CGT et du PCF. Selon ses anciens camarades, elle se refusait à y vendre des ouvrages qu’elle n’avait pas lu elle-même.

Figure de la ville de Roscoff, tant par son activité professionnelle que par ses engagements, Andrée Moat reçut la médaille de la ville à l’occasion de son départ en retraite, en 1985. Elle continua de militer au sein de la section CGT des retraités de l’UL-CGT de Saint-Pol-de-Léon.

Son fils Hans Küffer devint architecte en région parisienne. Il fut lui-même militant communiste.

Après son décès, ses archives personnelles furent confiées à Denise Roudot, puis déposée par Yves Le Berre au Centre de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC) de l’Université de Bretagne occidentale (UBO), à Brest (Finistère). S’y ajoutèrent, en 2016, deux boîtes rendant compte de son activité à Clamart (1953-1954), conservées originellement au Centre d’Histoire sociale du XXe siècle. Ce fonds documente, presque au jour le jour, de plus de quarante ans d’activités militantes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158608, notice MOAT Andrée, Françoise [épouse KÜFFER] par Paul Boulland, version mise en ligne le 4 mai 2014, dernière modification le 5 avril 2021.

Par Paul Boulland

André Moat à la tribune d’un meeting de la CGT en 1978 ou 1979 (fonds A. Moat, CRBC)

SOURCES : Fonds Andrée Moat, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Université de Bretagne Occidentale. — Arch. du Comité national du PCF. — Arch. de la Fédération PCF du Val-de-Marne. — Paul Boulland, Des vies en rouge. Militants, cadres et dirigeants du PCF (1944-1981), Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier, 2016. — Paul Boulland, « Devenir une militante locale "en pays étranger" . Andrée Moat, de Paris à Roscoff : une militante communiste dans l’année 1958 », in Erwan Le Gall, François Prigent (dir.), C’était 1958 en Bretagne. Pour une histoire locale de la France, Éditions Goater, pp.74-94, 2018, en ligne. — Alex Abiven, Fonds André Moat, inventaire des archives d’une cadre intermédiaire PCF/CGT dans le Finistère, 1956-1996, mémoire de Master 1 sous la direction de Sébastien Carney, Université de Bretagne Occidentale, 2016. — Le Télégramme de Brest, 13 novembre 1996. — Guy Jacques, De la vague à l’âme : un demi-siècle de la vie d’un océanographe, mémoire inédit, disponible en ligne, 2014. — Mémoire vivante, bulletin de l’IHS CGT de Bretagne, n° 9, décembre 2016. — Notes d’Alain Prigent. — État civil.

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