HAJDU Clairette [TÉTU Clairette]

Par Robert Kosmann

Née le 30 octobre 1927 à Paris (XIVe arr.) ; dactylo chez Renault, blanchisseuse puis ouvrière câbleuse à LMT ; syndicaliste CGT et militante communiste chez Renault, membre du comité fédéral Seine-ouest puis de Hauts-de-Seine du PCF.

Son père, Georges Hajdu était un étudiant hongrois vivant à Paris. Sa mère, Enta Klugaite, était une immigrée d’origine lituanienne, arrivée en France en 1924, après avoir séjourné à Minsk. et militante communiste. Après le départ de Georges Hadju pour les États-Unis, Enta Klugaite éleva seule sa fille, travaillant comme sténo-dactylo. Militante communiste à partir de 1932, elle contracta en 1933 un « mariage blanc » avec Arthur Dallidet, afin d’éviter l’expulsion. Elle devint dactylo de la section PCF Renault. Arrêtée en 1941, emprisonnée et déportée à Ravensbruck, elle devint, après guerre, permanente technique du PCF à Boulogne (Hauts-de-Seine) puis cantinière pour la crèche Renault, toujours à Boulogne.

Clairette Hadju fut d’abord élevée en nourrice à Sèvres (Hauts-de-Seine) jusqu’à l’âge de trois ans, puis dans une famille de la Haute Marne de trois à neuf ans, et à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), de neuf à douze ans. En 1939, partie en vacances dans la famille de la Haute-Marne, elle y resta à la déclaration de guerre et jusqu’à la fin du conflit. Elle y obtint son certificat d’études en juin 1939. Elle revint à Boulogne en 1945 et effectua un apprentissage de dactylographe aux cours Pigier.

Le chef du personnel de la Régie Renault était alors Edmond Le Garrec, adhérent de la CGT qui assistait à certaines réunions des Jeunesses communistes chez Renault. Il incita les jeunes à demander leur embauche et Clairette Hadju entra à la Régie comme sténo-dactylo en décembre 1945. Elle y rencontra Gilbert Hatry, employé, délégué du personnel CGT et secrétaire de la cellule PCF Renault. C’est en 1945 que Clairette donna son adhésion à la Jeunesse communiste et au PCF à Boulogne. Elle fut responsable de la fédération de la Seine de l’Union des jeunes filles de France, de 1946 à 1950. En 1946 elle obtint le brevet élémentaire. Pendant la grève Renault de 1947, elle soutint la position du PCF et de la confédération CGT. Elle fut élue déléguée du personnel CGT (1948-1952) puis siégea au bureau du syndicat CGT Renault, en 1951, ainsi qu’au comité de la section du PCF et au comité de la fédération PCF Seine-Ouest. Elle participa et appela à la grève contre la venue à Paris du général Ridgway, ce qui lui valut d’être licenciée de la Régie Renault, le 5 juin 1952.

Clairette Hajdu se fit alors embaucher comme repasseuse aux blanchisseries industrielles, où elle travailla de 1952 à 1958. Travail dur dont elle fut licenciée à la suite d’un certificat médical envoyé tardivement. Elle suivit alors l’école centrale d’un mois du PCF. Dans la même période, elle fut embauchée chez LMT (ITT) qui installait à cette époque la majorité des centraux téléphoniques en France. Clairette Hadju fut formée en trois semaines au métier de câbleuse-soudeuse et effectua l’essentiel de sa carrière dans cette société où elle resta sur les chantiers jusqu’à sa retraite en 1983. Elle débuta avec une qualification d’OS. À partir de 1974, elle put passer P2, lorsque la loi revint sur une discrimination qui empêchait les femmes d’obtenir plus que la qualification de P1. Elle termina sa carrière comme ouvrière P3 en téléphonie, à partir de 1980. Elle fut déléguée du personnel CGT de 1960 à 1983 sans interruption, en même temps qu’elle participait à la direction locale et départementale de l’association des parents d’élèves FCPE de 1960 à 1973. Elle continua également de siéger au comité fédéral PCF Seine-Ouest puis Hauts-de-Seine de 1953 à 1974.

Sur un plan personnel Clairette Hajdu se maria en 1948 avec René Tétu. Elle eut deux filles, nées en 1948 et 1955, et un fils né en 1951. Elle divorça en 1963 et reprit alors son nom de naissance.

Sur le plan politique, Clairette Hajdu suivit les évolutions de la politique du PCF pendant 45 ans « sans se soucier des différents secrétaires généraux de son parti » qu’elle soutint cependant. Elle garda toujours son quant à soi et son point de vue au niveau local. Elle vit tomber beaucoup de ses illusions, notamment sur l’Union de la gauche au pouvoir en 1981, telles que « les nationalisations qui ne changent rien pour les salarié-es ». Toutefois, en 2012, elle considérait toujours son engagement communiste comme une chance de parvenir à une société plus juste. Elle était toujours adhérente au PCF à la section de Boulogne et à la section syndicale des retraités CGT. Elle militait également dans l’équipe dirigeante de l’association des mal-logés de Boulogne Billancourt. Elle fit paraître un livre d’entretiens sur ses collègues de la téléphonie en 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158660, notice HAJDU Clairette [TÉTU Clairette] par Robert Kosmann, version mise en ligne le 6 mai 2014, dernière modification le 6 mai 2014.

Par Robert Kosmann

ŒUVRES : Au cœur du téléphone, Paris, Le temps des cerises, 1995.

SOURCES : Archives PPo. — Gilbert Hatry (dir.), Notices biographiques Renault, Paris, Éditions JCM, 1990. — Paul Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations de banlieue parisienne (1944-1974), thèse de doctorat, Université Paris 1, 2011. — Entretien avec Clairette Hajdu mai 2012.

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