Par Robert Kosmann
Né le 2 mai 1941 à Azazga (Algérie) ; ouvrier spécialisé à Renault Billancourt ; syndicaliste CGT, secrétaire du syndicat de Renault-Billancourt (1971-1975), permanent du comité d’entreprise Renault ; adhérent du PAGS algérien.
Les parents de Mohand Hadjaz étaient des ouvriers agricoles vivant en Kabylie. Son père, Amara Hadjaz, était journalier. Il vint seul à Paris, en 1946, pour des raisons économiques et se fit embaucher comme ouvrier spécialisé dans une usine du secteur de l’industrie sucrière. Son épouse, Ouarda née Meszza, le rejoignit avec l’ensemble de la famille de sept enfants en 1954. Mohand Hadjaz effectua des études primaires puis secondaires jusqu’à la classe de troisième. Son père étant devenu gérant d’hôtel, il travailla avec lui de 1958 à 1967, en parallèle à d’autres métiers non qualifiés, aux halles de Paris notamment. En 1963, il travailla quelques mois comme agent de fret à la Pan Am à Orly. Il se maria en avril 1964 avec Janick Dupin, vendeuse en parfumerie qui devint ensuite agent immobilier.
Mohand Hadjaz fut embauché à la Régie nationale des usines Renault à Billancourt en octobre 1967, comme ouvrier spécialisé au département 74, sur chaîne, dans l’Ile Seguin, à l’atelier 74/65 mécanique-finition. En mai 1970, en raison d’un mandat syndical, il fut muté, dans le même atelier, non plus sur chaîne mais à la préparation des planches de bord. En juin 1976 il fut mis en disponibilité pour trois ans auprès du comité d’entreprise de Billancourt et fut ensuite définitivement détaché pour ces tâches jusqu’en 1987, date à laquelle il quitta Billancourt. Il faisait fonction d’animateur socioculturel et, dans un premier temps, s’occupa des permanences pour les ouvriers dans l’Île Seguin, de 1976 à 1981. Ensuite il fut responsable des spectacles à destination des communautés immigrées ainsi que du secteur théâtre à « Loisirs et Culture », organisme culturel du comité d’entreprise.
En parallèle, Mohand Hadjaz eut toujours des activités syndicales à la CGT : délégué du personnel d’octobre 1969 à 1975, il fut délégué syndical pour l’ensemble de l’usine avec Daniel Bonnechère* de 1970 à 1975. Il entra à la commissione exécutive et au bureau du syndicat CGT en 1971 et fit partie des six secrétaires du syndicat de 1971 à 1975. Il siégea à la commission immigration de l’usine, de 1972 à 1975, et à la commission immigration confédérale de la CGT, de 1972 à 1974.
Au cours de ses activités dans le domaine théâtral, Mohand Hadjaz rencontra, Mohamed Boudia qui était alors administrateur du Théâtre de l’Ouest Parisien et lui fit valoir l’intérêt de militer pour l’Algérie. De 1969 à 1982, Mohand Hadjaz adhéra à la section française du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), parti algérien qui, après l’indépendance, avait succédé au Parti communiste algérien.
Après son départ, du à la restructuration du comité d’entreprise de Renault Billancourt en 1987, il fut attaché territorial contractuel au journal de la municipalité communiste de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), de septembre 1991 jusqu’en 1995. Il connut une nouvelle période de chômage, indemnisée par la mairie de Saint-Ouen, jusqu’à sa retraite, tout en travaillant bénévolement pour la Fédération CGT de la Métallurgie. Il prit sa retraite en 2001.
Mohand Hadjaz quitta la CGT en 2005, en désaccord avec le manque de soutien de la confédération dans l’aide juridique aux immigrés qui tentaient des procès pour « discrimination syndicale ». Attaché à la mémoire de l’usine, il fut un des fondateurs de l’Association des travailleurs Renault de l’Île Seguin (ATRIS), dont il fut le secrétaire de 1998 à 2005, puis le trésorier de 2005 à 2009.
Par Robert Kosmann
SOURCES : Gilbert Hatry (dir.), Notices biographiques Renault, Paris, Éditions JCM, 1990. — Entretien et correspondance avec Mohand Hadjaz, février 2013.