MUTEAU Gérard

Par Robert Kosmann

Né le 28 décembre 1940 à Paris (VIe arr.) ; technicien chez Renault ; syndicaliste CGT, secrétaire du CCE de Renault (1983-1989), administrateur CGT salarié au conseil d’administration du groupe Renault (1989-1998) ; militant communiste (1968-2000), secrétaire de la section Renault PCF (1978-1982).

Fils d’Ernest Muteau, magasinier dans une usine de métallurgie à Paris, et de Germaine, née Tual, femme de ménage, Gérard Muteau fut élève de l’école primaire rue de Cherbourg à Paris (XVe arr.) et du cours complémentaire rue Didot (XIVe arr.). Il entra à l’Ecole nationale professionnelle du boulevard Raspail (1956-1959), d’où il sortit diplômé (option mécanique). Ses parents exprimaient des opinions de gauche mais ne furent jamais militants.

En octobre 1959, à la sortie de l’école professionnelle, il présenta sa candidature aux usines Renault et Citroën. Il fut embauché chez Renault à Billancourt, comme stagiaire technicien, à la division du matériel agricole. Il fut muté en 1964 à Renault machine outil, toujours à Billancourt, où il fit la totalité de sa carrière. Il effectua son service militaire (janvier 1961 à novembre 1962) à Pontoise puis en Algérie.

Ayant grandi dans une atmosphère familiale catholique pratiquante, Gérard Muteau rompit avec la religion à la fin de l’adolescence en même temps qu’il participait à des manifestations contre la guerre d’Algérie. Il avait alors une sensibilité plutôt libertaire. La grève de 1968 chez Renault fut pour lui un tournant. Enthousiasmé par l’ampleur de la mobilisation de la manifestation du 13 mai, il se syndiqua immédiatement à la CGT en même temps qu’il prit sa carte au PCF. Il fit partie des militants qui occupaient l’usine. Il était alors impressionné, selon son témoignage, par « l’ordre et l’organisation que faisait respecter la CGT à Billancourt face aux risques de troubles ou de casse dans l‘usine occupée », mais il fut déçu des résultats obtenus et, surtout, s’indigna de l’entrée des chars russes en Tchécoslovaquie. Il ne maintint son adhésion au PCF qu’avec la condamnation exprimée par le secrétaire général du PCF, Waldeck Rochet.

Gérard Muteau fut rapidement élu délégué au comité d’entreprise et délégué hygiène et sécurité sur la liste CGT du collège employés et techniciens. Il était en parallèle membre de la Commission exécutive (1980-1984) et du bureau de l’UD-CGT des Hauts-de-Seine, ainsi que du collectif international des métaux CGT. Tout au long de sa carrière, il exerça sans interruption des mandats syndicaux. Il devint ensuite secrétaire du comité central d’entreprise (1983-1989) et en parallèle membre du comité de groupe Renault. Il fut aussi élu comme secrétaire adjoint du syndicat CGT-ETDA Il siégea également à la coordination des syndicats CGT Renault (1983-1998). Il fut élu administrateur salarié du groupe Renault (1989-1998). Parallèlement, Gérard Muteau fut actif, en 1985, dans la grève contre la liquidation de la machine outil chez Renault (RMO) et soutint totalement le mouvement des « dix de Billancourt » en octobre 1986 qui était selon lui « une provocation pour préparer la fermeture de Billancourt ».
Dans le cadre de son travail de technicien à la machine outil, Gérard Muteau effectua de nombreux séjours à l’étranger. En 1965, il travailla pour Renault en URSS, à Minsk dans une usine de tracteurs et à Iaroslav dans une usine de camions. Fin 1965, il travailla à Naples (Italie), dans une usine Alfa Roméo. L’année suivante, il effectua un séjour à Eisenach en Thuringe (RDA) chez Wartburg automobiles où il installa des machines d’usinage de bielles. En 1967, il travailla à Nordhausen (Thuringe) au sein de la société IFA qui fabriquait des moteurs de camions. Dans tous ses déplacements pour la Régie Renault, Gérard Muteau installait des machines transferts pour l’usinage moteurs. Gérard Muteau partit en pré-retraite en décembre 1998.

Sur le plan politique, Gérard Muteau prit part aux différentes écoles de formation du PCF : l’école fédérale en 1972, puis l’école centrale d’un mois en 1978 et l’école centrale de quatre mois en octobre 1984. Il devint secrétaire de la section PCF de Renault en 1978. Il fut responsable de l’activité du PCF parmi les ingénieurs et cadres et siégea au comité fédéral des Hauts-de-Seine. Il considérait que « l’agitation gauchiste » consécutive à Mai-68 relevait d’un complot organisé par le pouvoir. Jusqu’en 1981, Gérard Muteau soutint la ligne de son parti. Il commença progressivement à avoir des doutes avec l’élection de François Mitterrand, qu’il soutint cependant. Il soutint également Georges Marchais mais désapprouva pas les positions favorables à l’intervention soviétique en Afghanistan. Il estimait que dans les années 1983-84, le PCF avait fait le « grand écart » entre son soutien au gouvernement et les luttes sociales. L’épisode de la rupture de Daniel Lacroix*, dont il était proche, le conforta dans cet esprit et il ne soutint pas la « mutation du parti » initiée par Robert Hue « qui mettait en cause l’activité du PCF dans les entreprises au profit des élus ». Il ne reprit pas sa carte d’adhérent à partir de l’année 2000.

Sur un plan personnel, Gérard Muteau épousa Carmen Ritschel le 1er mars 1969. Lorsqu’il avait fait sa connaissance, en 1967, elle était tourneuse-fraiseuse en RDA et responsable syndicale à la FGDB. Ils firent des démarches pour lui permettre d’obtenir la nationalité française Ils eurent une fille, née le 3 juin 1968.

En 2013, Gérard Muteau considérait que son activité d’administrateur salarié CGT pour le groupe Renault avait constitué un enrichissement personnel important et que « l’activité des administrateurs salariés était complémentaire de l’action des syndicats CGT dont le rapport de forces avait fait avancer pas mal de choses sur le plan social et économique pour Renault », en particulier parce qu’elle avait contribué à freiner les plans de licenciement et à retarder la privatisation de l’entreprise.

Gérard Muteau participa largement à la vie associative à travers la Fédération des parents d’élèves (FCPE), la Confédération nationale du logement (CNL) et l’association France Cuba (1976-1996). En 2013, il était toujours adhérent à la CGT des retraités de Boulogne Billancourt. Ainsi qu’à l’Institut d’histoire sociale CGT de la métallurgie et membre du Mouvement de la paix et du Secours populaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158694, notice MUTEAU Gérard par Robert Kosmann, version mise en ligne le 6 mai 2014, dernière modification le 23 novembre 2016.

Par Robert Kosmann

ŒUVRES : Nombreux articles et tracts en particulier une tribune libre dans le journal l’Humanité intitulée : « Ces choix qui ont précipité la crise de l’automobile. Point de vue d’un ex administrateur sur la crise », 5 mars 2009.

SOURCES : Arch. PPo. ― Arch. Comité national du PCF. ― Gilbert Hatry (dir.), Notices biographiques Renault, Paris, Éditions JCM, 1990. ― Entretien et correspondance avec Gérard Muteau, novembre 2013

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