PORTAL Roger, Antonin, Robert

Par Jacques Girault

Né le 6 mai 1906 à Ambert (Puy-de-Dôme), mort le 30 décembre 1994 à Mantes-la-Jolie (Yvelines) ; professeur d’Université ; militant syndicaliste du SNES puis du SNEsup ; spécialiste de l’histoire des populations slaves.

Fils d’un coupeur d’habits devenu négociant, Roger Portal, après sa réussite au baccalauréat au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, obtint une licence ès lettres à la faculté des lettres de la ville puis travailla en 1928 comme maître d’internat au lycée Blaise Pascal et répétiteur au collège d’Ambert.

Tout en accomplissant son service militaire en 1929 comme soldat de deuxième classe, il commença des études de Droit à la faculté de Montpellier et obtint une licence en 1930. Il était professeur au collège de Saint-Dié (Vosges), puis au collège de Sarrebourg (Moselle, 1930-1932) où il se maria en novembre 1930. Nommé professeur au lycée de Colmar (Haut-Rhin) en 1932, il fut reçu à l’agrégation d’histoire et géographie en 1935, et conserva son poste durant deux ans. En octobre 1937, il entra dans le cadre parisien au lycée Pasteur à Neuilly (Seine) et obtint des diplômes de langues slaves en 1939 à l’école des Langues orientales.

Après avoir été mobilisé d’août 1939 à août 1940 à l’État-major à Colmar, il reprit son enseignement au lycée Pasteur où l’inspecteur général vantait la qualité de son enseignement effectué sans notes. Chargé notamment de la conservation des cartes du lycée, en 1944, il fut désigné maître d’éducation générale.

À la Libération, Roger Portal joua un grand rôle dans le Conseil de l’enseignement du second degré où il fut élu en juin 1946 sur la liste du Syndicat national de l’enseignement secondaire : il en était le secrétaire de sa commission permanente. Tout en conservant son poste au lycée, et en étant conseiller pédagogique des agrégatifs, il fut chargé par le ministère de l’Education nationale d’un rapport sur l’enseignement du français dans le monde, qu’il présenta en 1947. Il fut surtout le maître d’œuvre de l’organisation de l’enseignement du russe en France. Et dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 29 octobre 1945, il consacra un article aux programmes de géographie dans l’enseignement secondaire en URSS.

Dans le même temps, il terminait sa thèse de doctorat d’État sur l’Oural au XVIIIe siècle et devint en 1950 maître de conférences, puis professeur à la faculté des lettres de Lille. En 1956, il accéda à la chaire de professeur d’histoire et de civilisation des peuples slaves à la Sorbonne où il présenta le premier cours dans les facultés françaises consacré à l’histoire de l’URSS à la fin des années 1950. Directeur d’études à l’École pratique des hautes études (1957-1976), directeur puis président (1959-1973) de l’Institut d’études slaves, il fut à l’origine de nombreuses thèses sur l’histoire de l’URSS, sujets qu’il proposa malgré les difficultés de la période de « guerre froide ». Secrétaire général de la Revue d’histoire moderne et contemporaine jusqu’au milieu des années 1960, il était renommé pour sa courtoisie bienveillante.

Lors de la réorganisation des facultés parisiennes après 1968, il se prononça pour enseigner à l’Université de Paris I jusqu’à sa retraite au milieu des années 1970. Il préfaça notamment la publication de la thèse de Mosche Lewin qu’il avait dirigée (La Paysannerie et le pouvoir soviétique : 1928-1930, Mouton, Paris, La Haye, 1966). Il publia la plupart de ses cours au Centre de documentation universitaire, dont La Russie industrielle de 1881 à 1927 en 1956, La Russie de 1894 à 1914 et Les nationalités slaves de 1871 à 1939 en 1962, L’Empire russe de 1762 à 1855 en 1966. Il dirigea l’ouvrage collectif pour le centenaire de l’abolition du servage : Le statut des paysans libérés du servage : 1861-1961, Paris, Mouton, 1963, la collection sur l’histoire de la Russie chez Hatier. Plus tard en 1992, parut un volume d’hommages sous le titre Russes, Slaves et Soviétiques : pages d’histoire offertes à Roger Portal, Paris, Institut d’études slaves-Publications de la Sorbonne.

Divorcé, Roger Portal se remaria en juillet 1964 à Paris (XVIe arr.) puis se sépara de son épouse.

Membre de la commission des affaires internationales du SNES, de la Libération à la fin des années 1940, il devint membre suppléant de la commission administrative nationale du SNES en 1947. Passé au Syndicat national de l’enseignement supérieur, il votait parfois pour les orientations des « Amis de L’École émancipée ».

Politiquement, il se reconnaissait dans le mouvement « Voies nouvelles » qui s’inspirait des analyses du protestantisme. À partir des années 1960, il siégeait à la présidence nationale de l’association « France-URSS ». Prosoviétique et proche du Parti socialiste, il affichait un libéralisme intellectuel et encourageait le pluralisme des recherches, comme le prouvèrent les différentes approches des thèses qu’il dirigeait.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158806, notice PORTAL Roger, Antonin, Robert par Jacques Girault, version mise en ligne le 9 mai 2014, dernière modification le 7 avril 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Le fichier de la BNF comprend 23 références dont Pierre le Grand, Paris, Club français du livre, 1961 ; Les Slaves. Peuples et Nations, Paris, Armand Colin, 1965.

SOURCES : Arch. Nat., AJ/9040. — Notes d’Alain Dalançon, de Jean-Paul Depretto et d’ Anahide Terminassian.

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