PONTILLON Robert, Eugène

Par Judith Bonnin

Né le 4 décembre 1921 à Paris (XXe arr.), mort le 20 mars 1992 à Suresnes (Hauts-de-Seine) ; journaliste, homme de médias ; résistant ; responsable des relations internationales à la SFIO et au Parti socialiste ; maire de Suresnes (1965-1983) et sénateur des Hauts-de-Seine (1977-1992).

Fils de Frédéric Pontillon et Catherine Touba, tous deux militants à la SFIO, il adhéra au mouvement socialiste des Faucons rouges dès ses douze ans. En 1936, il intégra la direction fédérale de l’Entente des Jeunesses socialistes de la Seine, et l’année suivante, le Parti socialiste. Mobilisé en 1940, il poursuivit, dans la foulée de son baccalauréat, ses études de droit à Paris et milita au Pré-Saint-Gervais où il fut membre des Jeunesses socialistes et responsable du groupe des Faucons Rouges de la ville. Puis, requis au STO, il fut arrêté en 1943 par les Allemands et déporté en Tchécoslovaquie. Il parvint à s’échapper en 1944 et à rejoindre un maquis contrôlé par la 7e section des « Armées Tchécoslovaques Secrètes ». Il reçut pour cela la médaille de la Résistance tchèque, et maintint toute sa vie des liens avec ce pays, notamment au travers de l’association France-Tchécoslovaquie.

À son retour en France, il reprit ses études et obtint sa licence de droit. Il s’engagea alors dans une carrière de journaliste. Très tôt, les médias, les affaires internationales, et son militantisme socialiste constituèrent les principales sphères, souvent imbriquées, au sein desquelles il évolua.

Dès 1945, il devint ainsi secrétaire général de rédaction du Drapeau Rouge, organe de presse des JS, puis rédacteur à partir de 1947. Il collabora à de nombreux autres titres, dont principalement le Populaire, au service étranger, de 1948 à 1954, ou encore le Franc-Tireur de 1952 à 1953. En 1948, année où il épousa Marie-Josèphe Pontillon (née Espeisse) – elle aussi militante puis dirigeante socialiste –, il intégra le département des affaires internationales de la SFIO. À partir de 1952, il dirigea également le Centre International de Presse, organisme créé sous l’égide de l’Internationale socialiste et qui avait pour but d’assurer la liaison entre les différents journaux des partis socialistes d’Europe occidentale ; et en 1955 il devint le correspondant de différents journaux étrangers et le représentant à Washington du CIP. En 1956, on le retrouve parmi les membres de la délégation de la SFIO qui se rendit en URSS sur l’invitation du Comité central du Parti communiste soviétique.

À partir de 1956, il quitta le journalisme pour prendre des responsabilités dans divers cabinets ministériels. Il fut d’abord, de février 1946 à juin 1957, le chef puis le directeur de cabinet de Gérard Jaquet, alors Secrétaire d’État à la Présidence du Conseil chargé de l’Information du gouvernement Guy Mollet. De juin à septembre 1957, il fut directeur adjoint du cabinet du ministre de la France d’outre-mer, puis il remplaça Pierre Schaeffer à tête du service de radio-diffusion de la France d’Outre-Mer et devint à ce titre directeur général de la Société de Radiodiffusion de la France d’Outre-Mer (jusqu’en 1962), puis de l’Office de Coopération des Radios Africaines jusqu’en 1963.
En 1964, sa carrière prit un nouveau tournant lorsqu’il accéda à la direction de la filiale de Télévision éducative de la Compagnie Thomson-Houston. En 1973, il fut ensuite directeur général de la Société Intervidéo et fut nommé par le gouvernement, membre du Haut Conseil de l’audiovisuel.

En effet, parallèlement à sa carrière, et sans jamais être un permanent du Parti socialiste, il mena une dense vie de militant et d’élu. Élu conseiller municipal de la ville de Suresnes en 1959, il devint à partir de 1963 un membre du comité directeur de la SFIO et le responsable adjoint puis principal des affaires internationales. Il a dans ce cadre participé à de nombreux voyages et entretiens internationaux : à l’automne 1963 il se rendit une nouvelle fois en URSS, en 1964 en Yougoslavie et en Italie, en en 1967 en Tchécoslovaquie par exemple. Le 28 mars 1965, il fut élu maire de Suresnes sur une liste d’Union Démocratique. Il fut reconduit à cette fonction sans discontinuer jusqu’en 1983, année où la mairie fut gagnée par le Rassemblement pour la République. Il fut également conseiller général du canton de Suresnes de 1967 à 1988, sous l’étiquette FGDS puis Parti socialiste. Enfin, il fut élu sénateur des Hauts-de-Seine à partir de 1977 et le resta jusqu’à sa mort.

Après avoir été membre du Comité exécutif de la FGDS (1968), il devint un membre important du Nouveau Parti socialiste : en 1969, au congrès d’Issy-les-Moulineaux, il fut élu au comité directeur et devint premier secrétaire de la Fédération des Hauts-de-Seine du PS. Au congrès d’Epinay de 1971, il fut leader de la tendance Mermaz-Pontillon, soutenue par François Mitterrand. Il intégra alors le comité directeur et le bureau exécutif du PS refondé, et prit les fonctions de Secrétaire national aux relations internationales. Proche de Pierre Mauroy et rallié à François Mitterrand, il conserva ces responsabilités jusqu’en 1979. Son militantisme fut plus que jamais international, centré sur les questions de géopolitique et de défense. Devenu capitaine de réserve d’infanterie en 1971, il intégra notamment la Commission Nationale d’Études pour la Politique Etrangère du PS, et sa section « Désarmement Sécurité Européenne Alliance Atlantique ». Il dirigea alors la CORAN (Convention des Officiers de Réserve pour l’Armée Nouvelle) et la CCRAN (Convention des Cadres de Réserve pour l’Armée Nouvelle). Ses activités internationales furent multiples. Au sein du PS, il participa à de nombreux voyages, rencontres et négociations. Sous son mandat, Suresnes s’internationalisa : en 1973 par exemple, elle accueillit un cocktail réunissant de nombreux représentants diplomatiques des pays socialistes d’Europe ; en 1974, elle abrita le dernier congrès en exil du Parti socialiste espagnol. De 1973 à 1979, l’organisation du secrétariat international fut redéfinie, le Tiers-monde fut confié à un autre secrétaire, et Robert Pontillon fut surtout en charge des questions européennes, des relations Ouest-Est et des liens avec l’Internationale socialiste. Il était connu pour avoir des positions très européistes, atlantistes et pro-israéliennes. En mars 1974, il effectua un voyage remarqué au Proche-Orient au sein d’une délégation de l’Internationale socialiste menée par Bruno Kreisky. À partir du 19 janvier 1978, il devint même président de l’Union des Partis socialistes de la Communauté économique européenne, et ce jusqu’en 1980. Toujours sénateur, il fonda en 1978 le groupe d’amitié France-Portugal. Son activité associative fut également très riche et internationalisée : il intégra les directions d’associations diverses comme la Fédération Mondiale des Villes Jumelées et la Conférence des villes Associées. Ses engagements internationaux lui valurent de nombreuses décorations dont la médaille de citoyen d’honneur de la ville de Santiago du Chili (1973). Il fut aussi titulaire de l’Ordre du Drapeau Rouge de première classe de Yougoslavie, et de nombreuses décorations émanant de pays de l’Afrique francophone.

De mai à novembre 1981, il suivit Pierre Mauroy à Matignon comme conseiller sur les questions internationales et de défense. En 1988 et 1989, il devint membre puis vice-président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Également membre de l’Assemblée parlementaire de l’Union de l’Europe occidentale, il en devint président en 1990 et y défendit le projet d’une identité européenne dans les domaines de la défense et de la sécurité. Il intervint jusqu’en 1992 dans diverses instances sur les questions internationales, de défense, et de l’audiovisuel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158818, notice PONTILLON Robert, Eugène par Judith Bonnin, version mise en ligne le 11 mai 2014, dernière modification le 14 mai 2014.

Par Judith Bonnin

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3, vers. 10451/76/1. — Arch. PPo, 77W4028 dossier de Robert Pontillon. — Arch. Fondation Jean-Jaurès, Fonds Robert Pontillon 8FP. — Arch. du Monde. — Notice du Dictionnaire des parlementaires français, http://www.senat.fr/senateur/pontillon_robert000476.html#Ve République, consulté la dernière fois le 9 mai 2014.

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