Par Jean-Pierre Ravery
Né le 1er juin 1894 à Ballée (Mayenne), fusillé le 11 avril 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; militant communiste ; résistant au sein des FTPF.
Emmanuel Bourneuf était contrôleur mécanicien aux Lignes télégraphiques et téléphoniques (LTT) de Conflans-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise, Yvelines). Il habitait à Herblay, route de Conflans dans un pavillon dont il était propriétaire.
Après l’interdiction du Parti communiste français, il avait continué de militer dans son entreprise. En 1942, il était devenu le responsable politique de la cellule de la LTT qui fournit de nombreux combattants aux FTP.
Il fut arrêté le 29 novembre 1943 par des policiers des Renseignements généraux parisiens, pour « activité de franc-tireur et membre d’un groupe de résistance », qui le trouvèrent porteur d’une carte d’Assistance aux Patriotes fusillés. Livré aux Allemands, Emmanuel Bourneuf fut traduit devant le tribunal de guerre du Gross Paris qui le condamna à mort, le 23 mars 1944, comme une vingtaine de ses camarades, parmi lesquels le commandant militaire des FTP de la région parisienne, Joseph Epstein.
Emmanuel Bourneuf repose au cimetière d’Herblay, dans un carré de corps restitués.
Une rue de la commune porte son nom.
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Dernière lettreLe 21 avril 1944Ma chère femme et mes chers petits,Je vous écris pour la dernière fois, car nous venons d’apprendre que notre recours en grâce est rejeté et que nous allons être fusillés à trois heures, cette après-midi, mais il faut être très courageux, surtout toi ma chérie, car tu as deux petits chéris qui ne sont pas encore élevés ; ils auront encore bien besoin de toi. Élève-les bien, et pour cela, il faut que tu sois courageuse, et bien te soigner pour être forte.Il va falloir que tu ailles à l’usine pour travailler, et pour cela tu seras obligée de quitter la maison, car cela te fatiguerait trop.Pour mon rucher, tâche de le vendre avec tout le matériel, cela te fera des sous. Ne le vends pas à moins de 25 ou 30.000 francs.Ma chérie, je te répète encore : sois bien courageuse.Pour moi, je le suis, la mort ne me fait pas peur.Tu diras bien à nos enfants que je les aimais beaucoup, et que mon idéal était pour eux, pour que plus tard ils soient bien heureux.Dis-leur aussi que je suis mort sans peur et sans faiblir une minute, en vrai communisteDis aussi à tous nos amis que je leur envoie le dernier salut d’un communisteMa petite femme chérie, tu embrasseras bien toute la famille pour moi, la grand’mère, la Gaudine, la Jeanne, enfin tous.Et toi, ma chérie, je t’envoie mes derniers baisers, ainsi qu’à mes tout petits chérisCourage, courage, soyez comme moi, la lutte pour vous n’est pas finieMille bons baisersEmmanuelMa chérie, quand tu auras reçu l’avis de mon décès, il faudra que tu réclames l’argent de l’assurance sur la vie, cela t’aideraEncore de bons baisers à tous les trois Je vous aime.
Par Jean-Pierre Ravery
SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. CCCP (Notes Jean-Pierre Ravery). – Arch. PPo.