DAURIOL André, Jules

Par Delphine Leneveu, Gilles Pichavant, Frédéric Stévenot

Né le 11 janvier 1924 à Wassigny (Aisne), fusillé le 22 avril 1944 à Laon (Aisne) ; employé SNCF, forgeron ; résistant, membre des FTPF du détachement 23 Gabriel-Péri, groupe Jean-Catelas.

André Dauriol
André Dauriol
Source : Gilles Pichavant : http://www.genealogie-aisne.com/old_genealogie/newmam/contenu.php?id=978.

Fils de Joseph Dauriol et Yvonne Alliot, André Dauriol était célibataire et vivait à Fresnoy-le-Grand (Aisne).

À partir de mars 1943, il devint résistant FTPF au sein du détachement 23, Gabriel Péri, groupe Jean Catelas, de Fresnoy-le-Grand et Croix-Fonsommes (Aisne), et il opéra dans le même secteur géographique. Le groupe servit de bras armé aux missions du Special Operations Executive (SOE) dans le Saint-Quentinois, réceptionnant des parachutages et sabotant la ligne SNCF entre Fresnoy-le-Grand et Saint-Quentin. André Dauriol participa ainsi, le 6 septembre 1943 et le 5 octobre 1943, au déraillement d’un convoi de munition (dix wagons détruits) puis à d’autres déraillements le 29 octobre 1943 (trois soldats allemands morts et onze wagons détruits) et enfin le 1er janvier 1944 à un autre déraillement de vingt-neuf wagons de matériel. Maurice Isart, comme André Dauriol et Léon Roussel, participèrent à un parachutage d’armes à l’Étoile du Berger, dans la nuit du 10 au 11 janvier 1944. La plupart des membres du groupe furent arrêtés le 9 décembre 1943. Les trois compagnons se mirent à la disposition du groupe Cochet.

Les 25 et 28 janvier 1944, les résistants furent arrêtés au cours d’une rafle à Fonsommes, Fresnoy-le-Grand et Étaves-et-Bocquiaux (Aisne), avec d’autres personnes considérées comme de dangereux terroristes communistes par les autorités allemandes. Peu de ces groupes s’échapperont à temps. André Dauriol fut arrêté par la Sipo-SD, pour « activité de franc-tireur », au domicile de sa mère, le 26 janvier, vers 20 h. 30. Son père était alors prisonnier en Allemagne.
Avec ses compagnons d’infortune, il fut transféré de la prison de Saint-Quentin à celle de Laon, pour y être torturé.

Condamné à mort par le tribunal militaire de Saint-Quentin (FK 602) le 7 avril 1944, il a été fusillé par les Allemands au champ de tir des Blancs-Monts, à Laon, le 22 avril 1944, en même temps que Maurice Isart et Léon Roussel, qui appartenaient à la même formation. Cette condamnation aurait été le résultat d’un second jugement, le premier ayant fait l’objet d’une grâce.

Une plaque a été placée à l’entrée du stand de tir des Blancs-Monts en 2011, rendant hommage aux trois membres du groupe Jean Catelas fusillés le 22 avril 1944, ainsi qu’à Gaston Pinot, fusillé le 9 septembre 1941. Le nom d’André Dauriol figure également sur le monument aux morts du Familistère de Guise, où il résidait probablement, sur le monument des Martyrs, le monument aux morts et sur une plaque à l’intérieur de l’église de Fresnoy-le-Grand (Aisne).

_André Auriol fut reconnu « Mort pour la France » à titre militaire (AC 21 P 113100). Il fut homologué DIR, FFI et FFC (GR 16 P 159716)

Une plaque fut apposée sur les lieux de son arrestation, à Fresnoy-le-Grand :
« Ici fut arrêté
par les Allemands
le 26 janvier 1944
Dauriol André 20 ans
soldat des forces françaises libres
fusillé à Laon
le 22 avril 1944 ».

Sa dernière lettre est conservée au musée de Tergnier (transcription du tapuscrit exposé) :

« Laon, le 22 avril 1944
 
Chers Parents, cher Jeannot, chère Madame Richet,
Amis, Camarades,
 
C’est au seuil de la mort que je vous écris cette dernière lettre. Tout d’abord, je vous demanderai pardon de tout le chagrin que je vais vous causer, mais c’est la destinée ainsi, puisque DIEU me rappelle près de lui. Il faut y aller. Je suis parti aux cieux avec les derniers sacrements de l’église qui m’ont été donnés par un aumonier et je ne vous demanderai qu’une chose, de prier pour le repos de mon ame, qui pendant un moment fut égarée.
 
Chère Maman, je te demanderai pardon pour toutes les souffrances que tu as endurées avec moi depuis vingt ans, tu vois, voilà la récompense. Toi aussi, Cher Papa, car à ton retour, tu vas apprendre l’affreuse nouvelle, c’est le sort qui le veut ainsi et l’on ne peut rien contre lui. Toi, Cher petit Jeannot, sois toujours bien sage avec nos parents et surtout, pense à eux plus tard et ne les oublie jamais, maintenant que je ne serai plus là, ton affection pour eux doit être double, tu me remplaceras auprès d’eux.
 
Vous aussi, Madame RICHET, qui avez toujours été si bonne pour moi, je vous demande pardon des moments terribles que vous avez passés.
 
Maintenant, c’est fini pour moi le calvaire et je vais gagner la vie éternelle, c’est-à-dire la vie des heureux. Le plus malheureux, c’est pour vous qui allez souffrir, mais c’est DIEU qui le veut et il faut savoir accepter les durs moments de la vie comme les bons.
 
Au moment de vous quitter, je vous souhaite une longue vie et surtout du bonheur pour plus tard. Après ces coups affreux, je crois que DIEU aura pitié de vous.
 
Adieu Papa, Maman, Jeannot, Grands Parents, et famille.
Adieu aussi à Monsieur et Madame HAGARD, ainsi qu’à Denise à qui je garde mon amour et souhaite une heureuse vie.
 
Adieu aussi à tous les copains et copines, surtout à Charlot, Michel, Jeannot, Franceline, Yvonne, Henriette, tous.
 
Pour vous tous, mes derniers baisers. Je serai fort pour mourir, car DIEU est avec moi.
Une dernière fois, pardon pour le mal mal que je vous cause.
 
André DAURIOL ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158888, notice DAURIOL André, Jules par Delphine Leneveu, Gilles Pichavant, Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 15 mai 2014, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Delphine Leneveu, Gilles Pichavant, Frédéric Stévenot

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty) ; SHD, dossiers adm. des résistants. — Notes Gilles Pichavant. — L’Union, 11 octobre 2011. — Sites Internet : Mémoire des Hommes ; Généalogie-Aisne ; Rail et mémoire. – Monument du champ de tir des Blancs-Monts (Laon).— Musée de la Résistance et de la Déportation, Tergnier.

ICONOGRAPHIE : Généalogie Aisne

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable