Par Daniel Grason
Né le 26 février 1918 à Paris (Xe arr.), fusillé comme otage le 3 février 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tailleur ; résistant gaulliste.
Fils d’Aron, tailleur, et de Rebecca, née Thémis, couturière, Albert Khabynski demeurait dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il exerçait la profession de tailleur. Il entra dans la Résistance gaulliste, fut arrêté en 1941. Il comparut le 29 novembre 1941 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à la prison à perpétuité pour « intelligence avec l’ennemi », il fut incarcéré à la prison de la Santé.
En janvier 1942 la Résistance communiste mena plusieurs actions. Le 7 janvier, dans un moment d’affolement, un jeune résistant, Isidore Grinberg, tira à trois reprises sur le gardien de la paix Louis Lécureuil boulevard Magenta (Xe arr.). Celui-ci était père de cinq enfants. La presse collaborationniste se déchaîna. L’auteur de l’acte, Isidore Grinberg, interpellé le 9 mai, fut guillotiné le 8 août.
Le 16 janvier une grenade était lancée contre la vitrine de la Pariser Zeitung boulevard de la Madeleine. L’explosion ne provoqua que des dégâts matériels. Le 18, le Feldwebel Richard Kramer était touché de deux balles à la porte de Neuilly. Le 20, boulevard de Vaugirard, le soldat allemand Pepling était grièvement blessé par une balle de revolver. Le 28, un engin explosif était lancé contre la brasserie Montmartre causant des dégâts matériels.
En représailles les autorités allemandes annoncèrent que six otages seraient fusillés : Pierre Fallet, Étienne Duban, Georges Trudin, Alphonse Jouis, Simon Guitlevitch et Albert Khabynski, ces deux derniers étaient juifs. Albert Khabynski fut passé par les armes le 3 février 1942 à 15 h 47 au Mont-Valérien.
L’acte de naissance d’Albert Khabynski porte la mention « Mort pour la France ». Homologué interné résistant.
L’abbé Stock évoque son nom dans son Journal de Guerre :
« 11 heures à Fresnes. 4 otages doivent être fusillés. Plus 2 de Fresnes. Dont 2 juifs.
1. Guitlevitch, 47, rue du Faubourg-Montmartre
2. Khabynski, Albert, 87, rue Ordener, Paris, XVIIIe (sa soeur y vit)
3. Fallet, Pierre, 16 rue d’Ussy, La Ferté-sous-Jouarre (S. et M.), trois enfants
4. Trudin, Georges, 1, quai du Port à l’Anglais (Ivry-Port).
Les deux derniers catholiques. Belle nort, courageux jusqu’au dernier. Parti en camion avec les 4, n’ont eu aucun instant d’accablement. N°2 Juif, mais avait chanté les chants de Noël pour la messe de Noël comme soldat, avait une belle voix. Enterrés tous les 6 à Puteaux. »
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo., BA 1752. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC. – État civil, Paris (Xe arr.). — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 59. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 319310 (nc).