KESPY Joseph, Roger [pseudonyme dans la résistance : Favard, Mesmin, Jo]

Par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou

Né le 13 août 1908 à Bougie (Algérie), exécuté sommairement le 25 juillet 1944 à Saint-Rémy-en-Rollat (Allier) ; ingénieur ; résistant Combat, Armée secrète, chef départemental des groupes francs des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) de l’Allier.

Portrait de Joseph Kespy

Joseph Kespy naquit dans une famille juive. Son père était employé de commerce. Son frère André tint un commerce de matériel radioélectrique à Alger, entreprise qui fut aryanisée sous Vichy.
Titulaire du baccalauréat ès sciences et d’un diplôme d’ingénieur en TSF, Joseph Kespy s’installa à Paris au milieu des années 1920, puis à Vichy (Allier) en 1935 comme constructeur radio, domicilié 25 rue Durand. Son frère géra lui un hôtel dans la même commune.
Mobilisé le 2 septembre 1939, il entra dans une résistance individuelle à partir d’octobre 1940. Il fabriqua des radios portatives et récupèra des armes abandonnées par l’armée française, qu’il cache en lieu sûr, à Vichy et à Cusset.
Henry Ingrand, responsable régional des MUR puis commissaire de la République à Clermont-Ferrand après la Libération, écrit dans le témoignage rédigé le 6 juin 1945 « Je suis entré directement en contact avec Kespy à ce moment il était à la tête d’un groupe de résistance qu’il avait organisé lui même. Il s’est intégré aux MUR. »
Selon le site de la mairie de Saint-Rémy-en-Rollat qui lui rend hommage chaque année, il aurait dès 1940 agi au sein de groupes qui formèrent bientôt la Résistance, telles que les Petites Ailes de France (mouvement de Henri Frénay fusionné dans Combat avec Liberté, organisation de François de Menthon), Combat, l’Armée Secrète.
Membre des MUR à partir du 1er janvier 1943, il devint responsable des groupes « Action » de la région de Vichy puis des Corps francs de cette région. Il avait organisé auparavant le maquis des Bois noirs, relevant de l’Armée secrète (AS). Il eut successivement pour pseudonyme Favard, Mesmin et Jo.

Il fut arrêté le 24 janvier 1944 à La Palisse (Allier) par la Milice alors qu’il s’y rendait pour organiser une réunion de l’Armée secrète. Son frère pensa après-guerre que son arrestation était sans doute consécutive à celle deux ou trois jours plus tôt d’un jeune agent de liaison qui avait pu parler sous la torture de la Milice.
En fait, à la suite de son arrestation à Blanzat (Puy-de-Dôme), le 11 janvier 1944 au cours d’un sabotage contre un dépôt Michelin, Louis Hudry alias Dumont, membre de l’Armée secrète, dévoila les noms de deux autres membres dont l’arrestation entraîna ensuite celle de Joseph Kespy à la suite des révélations de ces derniers.
Joseph Kespy resta 75 jours en cellule à la Gestapo de Vichy, boulevard des États-Unis puis il fut incarcéré à la prison allemande de La mal coiffée à Moulins, un lieu particulièrement dur. En tant que résistant et Juif, il fut particulièrement maltraité. Yvonne Henri Monceau, internée dans la même prison, écrit qu’il était « si horriblement maltraité que les os de ses jambes [étaient] à nu ». À chaque évanouissement, il était sorti de la salle et laissé dans le vestibule. Après avoir questionné un autre prisonnier, les Allemands « [revenaient] au malheureux Kespy qui, déshabillé, le torse nu, à califourchon sur une chaise, traité de ‘sale Juif’, [était] refrappé avec tout ce qui leur [tombait] sous la main jusqu’à ce qu’il perde à nouveau connaissance ».
Le 25 juillet, la Gestapo le ramena à la prison de Vichy pour l’interroger, puis lors de son retour vers Moulins, il fut exécuté le 25 juillet 1944 en forêt de Marcenat avec trois autres résistants (Jean-Louis Clavel, Frédéric Marcus et Claude Weinbach). Les hommes ont été exécutés vers 19h et c’est le lendemain que des bûcherons ont retrouvé leurs corps criblés de balles

A l’exception de Frédéric Marcus, ils furent tous décorés de la Médaille de la Résistance (avec rosette pour R. Kespy) et ont été faits Chevaliers dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur. Ses trois camarades avaient également séjourné avec lui à la prison de Moulins et les deux derniers étaient comme lui d’origine juive.
Il fut homologué, à titre posthume, Commandant FFI en mai 1947 et reconnu interné résistant en 1954.
Un square Roger Kespy existe à Vichy et chaque année le 25 juillet une cérémonie est organisée en hommage aux 4 victimes à Saint-Rémy-en-Rollat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158957, notice KESPY Joseph, Roger [pseudonyme dans la résistance : Favard, Mesmin, Jo] par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou, version mise en ligne le 19 mai 2014, dernière modification le 6 février 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou

Portrait de Joseph Kespy

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 3/7 : activité dans la Résistance de l’organisation Roger Kespy. Voir page 193 et suivanteAVCC, Caen, dossier 21 P 260069. — SGA, DIMI, Bureau Résistance, dossier 16 P 319 146. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 35 : crimes de guerre à Saint-Rémy-en-Rollat .— SHD Vincennes, GR 19 P 3/6. AS/ORA : Pertes totales du Groupe Didier. — Site Internet mairie Saint-Rémy-en-Rollat .—
La maison et l’atelier de Roger Kespy : La résistance - L’expérience des Juifs. — Notes de Jean Laloum.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable