PENNE Guy, Georges

Par Gilles Morin

Né le 9 juin 1925 à Bondy (Seine-Saint-Denis), mort le 25 juillet 2010 à Orange (Vaucluse) ; chirurgien-dentiste, chef de service du centre de soins de la Faculté de chirurgie dentaire de l’Université Paris-VII ; militant socialiste ; président de l’UNEF (1953-1954) ; militant socialiste du Vaucluse ; membre des directions nationales du club des Jacobins ; de la CIR ; secrétaire général du Club des Jacobins (1970-1975) ; secrétaire de la fédération FGDS en 1967 ; CIR 1970 ; Grand maître ; Président de l’Association des maires du Vaucluse en 1983-1987 ; membre du Comité directeur de l’AMF ; élu de Sainte-Cécile-les-Vignes (1971-2001) ; sénateur des Français établis hors de France (1986-2004).

Fils de Gervais Penne, marchand de vins dans la banlieue ouvrière de l’Est parisien, et de Marie Bernadette Pinaud sans profession, Guy Penne suivit son père qui avait acheté un domaine viticole en 1936 à Sainte-Cécile-les-Vignes, dans le Vaucluse. Il revint à Paris et suivit des études au lycée Turgot, puis à la faculté de chirurgie dentaire. Dispensé de service militaire en 1945, fut président de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) de juillet 1953 à avril 1954, puis en fut président d’honneur. Au sortir de l’apnée de la guerre froide, il organisa un rapprochement avec les syndicats étudiants de l’Est. En septembre 1953, il dirigea un voyage de trois semaines en URSS d’une délégation de vingt membres de l’UNEF à l’invitation des membres étudiants du Comité antifasciste de la jeunesse soviétique.
Guy Penne, docteur en sciences odontologiques, mena une double carrière de praticien et de professeur au centre hospitalier universitaire de Paris. Reconnu dans son milieu, il fut nommé doyen de 1974 à 1982, puis vice-président jusqu’en 1993 de la faculté de chirurgie dentaire de l’université Paris VII-Diderot, tout en continuant d’y professer.

Guy Penne fut initié à franc-maçonnerie (Grad orient), loge Locarno (Paris) le 27 mai 1963, fait compagnon le 27 avril 1964 et maître le
22 mars 1965. Membre fondateur de la loge Locarno 72 le 27 décembre 1971, il était également conseiller de l’Ordre de 1973 à 1976. Il était président d’honneur du Cercle Ramadier, la fraternelle des parlementaires socialistes, en 2002.

Guy Penne devint un militant politique actif au sortir de ses études. Proche des Nouvelles gauche au milieu des années cinquante, il était membre du Centre d’action des gauches indépendantes (CAGI), mais se lia au début des années soixante avec François Mitterrand*. Il participa à la fondation du Centre d’action institutionnel en décembre 1963 et en fut membre du comité directeur, puis à celle de la Convention des institutions républicaine (CIR). Dans ces mêmes années, il participa aux colloques socialistes organisés par Georges Brutelle*.

Guy Penne dès cette époque s’était imposé comme l’un des hommes clés de ce qui était alors les petits cercles mitterrandistes. Il était conjointement responsable de la CIR – membre du bureau politique en avril 1969, puis élu à son groupe permanent de décembre 1970 à juin 1971 – et l’un des principaux cadre du club des Jacobins, qui était animé alors par Charles Hernu* et Marc Paillet*. Il en a été co-secrétaire général en 1968-1970, Hernu en étant président, puis secrétaire général en 1972, enfin secrétaire à la coordination et secrétaire général en 1975. Thierry Pfister le présente comme un homme de liaison, assurant les contacts de François Mitterrand avec la franc-maçonnerie et ceux du club des Jacobins avec le CEDEP de Pierre Mauroy, sa table étant toujours ouverte pour des déjeuners ou se retrouvaient personnalités politiques et universitaires.

C’est comme représentant du Club des Jacobins, puis au nom de la CIR, qu’il participa aux réunions pour la constitution de la Fédération de la Gauche démocrate et socialiste (FGDS) à partir du 13 juillet 1965, peu avant l’élection présidentielle. Durant la campagne électorale, ce fidèle du député de la Nièvre, fut nommé secrétaire adjoint de l’Association nationale pour la candidature de François Mitterrand crée en novembre 1965. Guy Penne se fit connaître dans le Vaucluse à partir de novembre 1965, ayant été désigné par François Mitterrand comme son représentant personnel dans le département durant la campagne présidentielle. Il a été élu délégué départemental de la CIR du Vaucluse en 1966, puis coprésident de celle-ci en 1970. Il se présenta comme candidat aux élections législatives de 1967 dans la 1re circonscription (Orange) sous l’étiquette CIR-FGDS. Également président départemental de la FGDS, il échoua aux élections municipales complémentaires de 1968 à Sainte-Cécile-les-Vignes. Il fut élu en mars 1971 et a été désigné adjoint supplémentaire.

Guy Penne entra au Parti socialiste avec les mitterrandistes pour le congrès d’Épinay, il y fut élu à la commission des conflits. Comme Charles Hernu* et Marc Paillet*, il se montra très critique envers le programme commun en octobre 1972. Il a été signataire de la motion Mitterrand pour le congrès de Grenoble en 1973. Lors de la campagne électorale de 1974, François Mitterrand le délégua aux Antilles pour qu’il surveille sur place le déroulement des opérations électorales. Élu en 1974, puis reconduit à la présidence de la commission des conflits en 1975 au congrès de Pau, puis au congrès de Metz, il fut nommé au congrès de Metz délégué national du PS aux Français de l’étranger, exerçant cette fonction de 1979 à 1981.

Dans le Vaucluse, Guy Penne joua un rôle d’arbitre dans l’affrontement pour le contrôle de la direction fédérale entre Duffaut* et Lenhardt*. Il aurait souhaité se présenter en 1973 dans la 3e circonscription du Vaucluse, mais un conseiller général lui fut préféré. Il manifesta alors du dépit envers François Mitterrand qui ne l’aurait pas suffisamment soutenu selon lui. Secrétaire fédéral à la formation en 1974, il renforça sa position locale en devenant président du syndicat des eaux Rhône, Aygue, Ouvèze, regroupant 32 communes, élu le 17 décembre suivant, en remplacement de Ellen Robert. Il fut ensuite candidat à l’élection cantonale partielle des 6-13 avril 1975 à Bollène, obtenant 29,3 % des voix. Maire de Sainte-Cécile-les-Vignes (Vaucluse), une ville de 2000 habitants de 1983 à son retrait volontaire en 1995 (puis adjoint jusqu’à sa mort), il devait être élu président de l’Association des maires du Vaucluse en 1983-1987, puis siégea au comité directeur de l’AMF. Il était par ailleurs président du Syndicat intercommunal des eaux Rhône-Aygues-Ouvèze. Amateur d’art lyrique et d’œnologie, il marqua son passage à la mairie par la création du festival Musique dans les vignes.
La victoire électorale de la gauche en mai 1981 devait ouvrir une nouvelle période dans la vie de Guy Penne. Il fut nommé conseiller technique à l’Élysée de François Mitterrand pour les Affaires africaines et malgaches de 1981 à 1986. Guy Penne s’évertua à créer de bonnes relations entre les chefs d’États africains et l’Élysée. Il était par ailleurs membre du Conseil supérieur des Français à l’étranger depuis 1985. Il était par ailleurs très contesté, certains le surnommaient le « Foccart de gauche ». Mis en cause dans une affaire de détournement de fonds publics (affaire dite du Carrefour du développement), il démissionna et fut remplacé par son adjoint, Jean-Christophe Mitterrand.

Suppléant de Jean Geoffroy* au Sénat Guy Penne devint sénateur socialiste des Français établis hors de France (section Amérique-Europe-Levant-Asie-Océanie) en septembre 1986 et fut reconduit en septembre 1995. Membre du groupe socialiste, il siégea à la commission des affaires sociales, dont il fut secrétaire de 1989 à 1992. Puis, il siégea à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées dont il fut vice-président de 1992 à la fin de son mandat en 2004. Il se montra très actif à la Haute Assemblée (voir sa notice sur le site du Sénat), participant à de nombreuses délégations à l’étranger et notamment dans l’Afrique qu’il connaissait si bien.

Guy Penne fut président de l’Association démocratique des Français à l’étranger (ADFE) de 2000 à 2005, association qui avait pour vocation de rassembler les forces de gauche à l’étranger. Il en avait été un des créateurs en 1980.

Il décéda le 25 juillet à l’âge de 85 ans à l’hôpital d’Orange (Vaucluse), auprès de sa famille. Il fut incinéré à Nîmes dans la plus stricte intimité.

Marié le 21 mai 1966 à Sainte-Cécile-des-Vignes à Denise Garon, née le 21 mars 1940 à Oran, pharmacienne. Divorcé, remarié.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article158963, notice PENNE Guy, Georges par Gilles Morin, version mise en ligne le 19 mai 2014, dernière modification le 6 juin 2014.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., 19810440/13 ; 19830172/173 ; 19860021/1 ; 19880280/99. — Archives de l’OURS, dossiers Vaucluse et 2APO 1. — Tribune Socialiste, 21 décembre 1963. — Le Poing et la Rose, n° 15, mai 1973. — Le Poing et la Rose, n° 81, mai 1979. — Bulletin Quotidien, 24 août 1983. — Thierry Pfister, Les socialistes, Albin Michel, 1975. — Site du Sénat, notice biographique. — Notes de Denis Lefebvre.

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