GRAPPIN Jean-Paul

Par Jean-Pierre Besse, Delphine Leneveu, Claude Pennetier

Né le 8 mai 1922 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), fusillé après condamnation le 26 septembre 1943 à la citadelle de Besançon (Doubs) ; étudiant en pharmacie ; socialisant ; résistant au sein des FTPF dans le Doubs.

Fils d’un directeur d’usine, Marcel Grappin, de Besançon, qui selon son fils aurait sympathisé avec les socialistes.
Étudiant en pharmacie à l’université de Besançon, domicilié à Beure (Doubs), Jean-Paul Grappin se disait, selon la police allemande, "contre le capitalisme et contre l’Angleterre, toutefois sans être communiste". Mis en rapport par Raymond Tourrain avec Marcel Simon, menacé d’une convocation au STO, il participa aux activités du groupe FTP Guy Môquet à partir du mois de janvier 1943, sous le nom de code d’"Anatole 704". Il prit part à des attentats, sabotages et attaques sur voies ferrées.
Arrêté le 6 juillet 1943 à Beure par la Sipo-SD pour « aide à l’ennemi et attentats terroristes », il fut interné à la prison de la Butte à Besançon.
Condamné à mort par le tribunal militaire allemand de Besançon (FK 560) le 18 septembre 1943, Jean-Paul Grappin a été fusillé à la citadelle le 26 septembre 1943.

Dernière lettre
à Madame et Monsieur Marcel GRAPPIN,
Société générale de Parqueterie, Beure.
 
Le 26-9-43.
 
Parents chéris,
 
Je ne sais plus que pense  ; je sais que je vais être fusillé. Je suis courageux, mais je n’aurais pas cru que ma vie finirait aussi brutalement. Qu’allez-vous devenir ? Je ne sais que vous dire de plus. Mais je n’aurais cru qu’une faute si peu grave était passible de la peine de mort.
Ma vie aura été bien courte ; elle a été heureuse ; elle aurait pu devenir merveilleuse après cette guerre, mais non, encore non, je ne peux pas croire que je vais mourir. Mes chéris, je vous serre dans mes bras et je vous embrasse de tout mon coeur.
Papa et maman chéris,. J’aurais tant voulu vivre. J’avais fait de si beaux projets ! Mais je meurs pour la France, pour mon idéal, pour que le vrai socialisme triomphe, car il triomphera […]
Pauvres chéris, quelle vie pour vous. Pourquoi ne me suis-je pas sauvé de chez vous quand les autres ont été arrêtés ? Mais je ne croyais pas être si terriblement frappé […]
Je vous embrasse, mes chéris. Votre chagrin est immense ; je ne peux pas vous consoler ; mais ma douleur est grande en pensant à vous qui restez. Cela doit être atroce.
Jean.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159055, notice GRAPPIN Jean-Paul par Jean-Pierre Besse, Delphine Leneveu, Claude Pennetier, version mise en ligne le 22 mai 2014, dernière modification le 14 janvier 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Delphine Leneveu, Claude Pennetier

SOURCES : DAVCC, Caen. – Notes Thomas Pouty. – Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 268385. — Raymond Tourrain, L’Histoire du groupe Guy Mocquet, Amicale du groupe Guy Mocquet, imprimerie A. Eblé, Besançon, 1974. — Guy Krivopissko, La vie à en mourir, lettres de fusillés 1941-1944, Taillandier, 2003 ; sa dernière lettre, p. 247. – Fanny Monin, Les fusillés dans le département du Doubs de 1941, à 1944, Mémoire de master 1, Université de Franche-Comté, 2009. — Mémorial Genweb.

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