Par Jacques Girault
Né le 1er juin 1906 à Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), mort le 15 juillet 1982 à Rivière-les-Fosses (Haute-Marne) ; instituteur ; membre du secrétariat du Syndicat national des instituteurs (1954-1961).
Son père, employé comme chauffeur-livreur dans une épicerie en gros de Bourbonne-les-Bains, put acheter dans les années 1920 une petite exploitation agricole qu’il exploita avec son épouse et son dernier fils. Henri Baude, qui avait quatre frères et sœurs, fut élevé dans un milieu familial très catholique. Après avoir obtenu son certificat d’études primaires, il fut élève du cours complémentaire de Bourbonne-les-Bains puis de l’École normale d’instituteurs de Chaumont, promotion 1923-1926. Après avoir enseigné quelques mois à Coiffy-le-Haut et avoir accompli son service militaire dans un régiment d’infanterie à Nancy, il fut nommé en 1928 à Rivière-les-Fosses où il exerça jusqu’en 1942, tout en assurant les fonctions de secrétaire de mairie. Il se maria religieusement en août 1929 dans la commune. Sa femme, fille d’un gendarme, n’exerçait pas de profession. Pour faciliter les études de son fils qui fut seulement baptisé, après avoir exercé à Langres de 1942 à 1948, il demanda et obtint d’être nommé à Paris à l’école de la rue Saint-Mathieu (XVIIIe arrondissement) où il demeura rattaché administrativement quand il devint permanent syndical, jusqu’à sa retraite en 1961.
Dès sa sortie de l’École normale, Henri Baude adhéra au SNI et fit aussitôt partie du conseil syndical comme représentant du canton de Prauthoy. Les événements de 1936 l’incitèrent à constituer une section SFIO dont il fut le secrétaire. Il assura à l’occasion des réunions publiques avec son collègue Pierre Lamarque, secrétaire fédéral. Il prit part aux grèves du 12 février 1934 et du 30 novembre 1938 tout en partageant les analyses pacifistes du syndicat.
En septembre 1939, Henri Baude fut mobilisé comme sergent-fourrier dans l’infanterie. Il participa aux campagnes de Belgique puis de France avant d’être démobilisé dans l’été 1940 au camp de Souge (Gironde). Durant la guerre, en contact avec la Résistance (relais, hébergement de clandestins, détention d’armes etc...), il adhéra au Front national en 1943 et fit partie du comité départemental de Libération dont l’activité se poursuivit quelque temps après la fin des hostilités.
Secrétaire adjoint de la Fédération socialiste SFIO, puis secrétaire en 1947, il fut candidat en deuxième position aux élections pour l’Assemblée constituante, le 21 octobre 1945, en Haute-Marne, représentant le Sud du département.
À la fin des années 1950, il habitait Houilles (Seine-et-Oise), puis en 1959, rue Corvisart à Paris (XIIIe). Membre du Parti socialiste SFIO, proche de Guy Mollet il mena son action publique essentiellement sur le plan syndical.
Après la longue grève des instituteurs et institutrices de la Seine en novembre 1947, Baude participa à une réunion de conciliation entre le secrétaire général du SNI, Henri Aigueperse et les responsables de la Seine, Ernest Margaillan et Robert Seguy, mécontents de l’attitude de la direction nationale du syndicat, réticente à l’égard de leur mouvement. L’entrevue se passa plutôt bien, mais n’empêcha pas la majorité des militants de la Seine de voter contre le rapport moral national lors des congrès de 1948 et 1949.
Baude fut élu au conseil syndical de la Seine en 1949 dans la huitième circonscription de Paris (XVIIIe arrondissement). Secrétaire de la commission d’éducation sociale de 1949 à 1955, il prit position en 1949 en faveur du rapport moral national alors que la majorité de la section le rejetait. En avril 1951, il devint secrétaire de la commission d’éducation sociale du Syndicat d’enseignement de la région parisienne (section FEN de la Seine). Il signa dans L’École libératrice, le 26 janvier 1950, un long article sur « le problème indochinois » souhaitant que le gouvernement s’oriente « vers une solution qui permettra l’arrêt rapide des hostilités. »
Dans son intervention au congrès national du SNI, le 19 juillet 1951, il souhaita que l’on fasse pression sur l’URSS pour obtenir la paix en Extrême-Orient. Lors du congrès national, dans son intervention, le 17 juillet 1952, il dénonça les orientations des militants « cégétistes » qui étaient « à la solde d’un parti ».
En décembre 1951, élu au bureau national du SNI, il assura pendant deux années les fonctions de secrétaire de la commission nationale des jeunes et de la propagande. Secrétaire adjoint de la commission des affaires internationales, il faisait aussi partie des commissions d’éducation sociale, d’action laïque et d’éducation populaire, des finances. Il siégeait à la commission administrative paritaire nationale en 1952 après avoir obtenu 121323 voix et fut régulièrement réélu par la suite. Pour l’élection du bureau national du SNI à la fin de 1963, il figurait en troisième position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif ». À partir de janvier 1954, il fit partie du secrétariat permanent. Au congrès national, le 8 juillet 1954, il présenta les propositions du SNI pour la réforme des écoles normales. En 1956, dans le secrétariat, il appartint aux commissions sociale, internationale, administrative, corporatives et des constructions scolaires, de l’Union française, des finances dont il assurait le secrétariat. En outre il était gérant de L’Ecole libératrice. Aussi fut-il l’animateur de la campagne qui permit le reclassement du traitement des instituteurs entre 1957 et 1961. Responsable des relations internationales, il présida la Fédération internationale des associations d’instituteurs de 1961 à 1964. Réélu au bureau national en 1959 en deuxième place sur la liste « pour un syndicalisme indépendant réaliste et constructif », il continua à assurer ces responsabilités et celle de la trésorerie nationale, des œuvres et réalisations sociales, jusqu’à son départ à la retraite en décembre 1961.
Membre suppléant de la commission administrative en 1951, titulaire en 1952, de janvier 1954 à 1961, il représentait le SNI à la CA et au bureau de la FEN. Il avait été, dès sa création le 19 décembre 1956, le trésorier du Comité d’aide aux réfugiés hongrois qui regroupait seize organisations gravitant autour de la FEN, d’associations d’éducation populaire et de syndicats (Fédération générale autonome des fonctionnaires, Banque de France, correcteurs), dont le siège était 10 rue de Solférino.
Le bureau national du SNI, le 11 janvier 1962, le désigna comme directeur adjoint de SUDEL (Société universitaire d’éditions et de librairie), et trois ans plus tard, il présenta un rapport sur la maison d’éditions du SNI lors d’une réunion du bureau national, le 4 novembre 1965. De 1966 à 1971, il fut le gérant unique puis le président-directeur général de SUDEL. Dans le même temps, membre de la commission exécutive de la Fédération générale des retraités (Fédération nationale des retraités civils et militaires), puis membre du bureau national, il en devint le secrétaire général de 1969 à 1978
Membre fondateur du conseil d’administration des Arts et la Vie au titre du SNI, Baude en devint vice-président. Cette association culturelle, fondée le 18 février 1955, comprenait le Groupement central des fonctionnaires et la coopérative de l’Éducation nationale, la Mutuelle générale de l’Éducation nationale, la FEN, Jeunesse au plein air, la Fédération des conseils de parents d’élèves. Plus tard, elle fit partie du Comité de coordination des œuvres mutualistes et coopératives de l’Éducation nationale. Il fut aussi très proche des responsables de la MGEN. Il devint en 1974 l’administrateur de l’Agence Montpensier de voyages industriels et touristiques -Cotrel, complément technique des Arts et la Vie, dont il possédait vingt actions, constituée le 25 mars 1965, dont le siège était au 12 rue Molière dans le 1er arrondissement. Cette société coopérative regroupait la maison des universitaires, l’association départementale de MAAIF, le SNI, le Groupement central des fonctionnaires. Son activité consistait en l’organisation de voyages, de spectacles, la réservation de théâtre, etc.
Baude, très lié à Pierre Mauroy, militait depuis le congrès d’Épinay dans les rangs du Parti socialiste. Installé à Saint-Michel-sur-Orge (Essonne) à la fin des années 1970, il adhérait à la section socialiste locale. Il continuait à participer régulièrement à toutes les manifestations du SNI-PEGC, notamment à ses congrès nationaux.
Henri Baude mourut, après avoir participé à la fête locale, qu’il avait lui-même organisée de nombreuses fois quand il enseignait dans la commune. Ses obsèques civiles à Rivière-les-Fosses furent marquées par un rassemblement de nombreux dirigeants du syndicalisme enseignant : Guy Georges, secrétaire général du SNI-PEGC, et Marcel Dubois, secrétaire général de la FGR, prirent la parole, et la presse syndicale accorda une place importante pour saluer la mémoire de ce militant.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat., F17/11795, 17 838. — Arch. PPO : B13, 43 458 (dossier Bonissel), RG 639 205. — OURS, fédération SFIO de Haute-Marne. — Presse syndicale. — DBMOF, t. 18 (notice rédigée par J. Maitron). — Renseignements fournis par l’intéressé, par son fils et par R. Hirsch.