PHILIPE Anne [née NAVAUX Anne, Marie, Nicole, Ghislaine, épouse PHILIPE Anne]

Par Claude Liscia

Née le 20 juin 1917 à Bruxelles ; naturalisée française par mariage avec Gérard Philip ; morte le 16 avril 1990 à Paris ; licenciée de philosophie  ; écrivain.

Née à Bruxelles de parents belges, Anne Navaux fut naturalisée française par mariage avec Gérard Philipe*.

Anne Philipe séjourna en Chine par suite de ses premières noces avec François Fourcade qui, peu après la guerre, était en poste à l’ambassade de France à Nankin, la capitale sous le régime du maréchal Tchang Kaï-chek. Elle perçut l’imminence de la débâcle du Kuo-Min-Tang, l’impopularité de la présence américaine qui le soutenait. « À Nankin, à Changhaï ou à Pékin, tout le monde est contre Tchang ; cela ne veut pas dire que tout le monde soit communiste », précisait-elle néanmoins.

En avril 1948, dans la lignée des grands voyageurs, elle partit avec son mari de Nankin pour se joindre à une caravane qui traversait le Sinkiang. Situé sur la route de la soie, aux confins des empires chinois et soviétique, ce vaste territoire désertique, montagneux et au riche sous-sol, fut occupé dès le dix-huitième siècle par la Chine qui l’annexa en 1881, imposant ce nom honni des Ouighours, le peuple autochtone, car il signifie « nouvelle marche ». Musulmans turcophones, les Ouighours se sont sans cesse rebellés. Cette histoire mouvementée explique que la région fut, sinon interdite, peu accessible aux étrangers ; de là les désirs exacerbés d’Anne Philipe d’y pénétrer au péril de la vie. Elle en témoigna dans Caravane d’Asie, paru en 1955.
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Toutefois en 1945, la puissance tutellaire étant aux prises avec la guerre civile, s’y était formée une république indépendante du Turkestan oriental. Si en principe elle fut abolie dès janvier 1946 à la suite d’une entente entre Soviétiques et gouvernement nationaliste de Tchang, elle subsista dans les faits jusqu’en 1949. C’est ainsi qu’Anne Philipe fut reçue par son président, Massoud Sabri, dont elle pressentit l’inquiétude  : « I1 semble las », notait-elle : dès sa fondation, l’année suivante, la Chine populaire reprit le contrôle du territoire. Elle témoigna en outre de la rivalité larvée, en ce territoire stratégique, entre Chinois et Russes.

Au retour du Sinkiang, elle demanda le divorce avec François Fourcade pour épouser le 29 novembre 1951, Gérard Philipe. Ayant connu le comédien en 1942, elle avait encouragé son rapprochement avec la gauche, puis cette rencontre avec Jean Vilar qui aboutit en 1951 à la résurrection du Théâtre National Populaire. Sur fond de guerre froide, de conflits en Corée, en Indochine ou en Egypte, les signatures de Gérard etAnne Philipe furent souvent sollicitées aux côtés de celles d’Yves Montand* et Simone Signoret*. En cet après-guerre commotionné par les destructions massives de populations civiles, l’Union soviétique suscita souterrainement un puissant mouvement pour la paix dans le monde. Anne Philipe y participa, souscrit en 1950 à l’appel de Stockholm pour l’interdiction des armes nucléaires. Elle aurait envisagé d’adhérer au parti communiste qui préféra, semble-t-il, que le couple demeure parmi les compagnons de route : Claude Roy* et Laurent Kanapa* lui auraient objecté qu’elle eût été confrontée à trop dure école. Précisément ces sympathies furent ruinées par l’entrée des chars russes dans Budapest en 1956. Désormais Anne Philipe ne s’engagea plus que très ponctuellement. Après la mort du comédien en novembre 1959, elle se consacra à l’écriture.

Elle mourut le 16 avril 1990 à Paris, ses cendres sont déposées au cimetière de Ramatuelle (Var)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159082, notice PHILIPE Anne [née NAVAUX Anne, Marie, Nicole, Ghislaine, épouse PHILIPE Anne] par Claude Liscia, version mise en ligne le 23 mai 2014, dernière modification le 23 mai 2014.

Par Claude Liscia

SOURCES : Claude Goure, Une vie…, une parole, conversations avec Anne Philipe, Le Centurion, 1981. — Jérôme Garcin, Littérature vagabonde, Flammarion, 1995 ; Théâtre intime, Gallimard, 2003. — Pierrette Fleuriaux, Bonjour, Anne. Chronique d’une amitié, Actes Sud, 2010.

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