VOISIN Benoît, dit Benoit-Voisin

Né le 25 mars 1817 à Jouy (Yonne), mort à Sens (Yonne) le 24 décembre 1879 ; cordonnier à Sens et journaliste démocrate.

En 1841, Voisin était gérant du journal La Fraternité. Il fut l’un des fondateurs de L’Atelier et l’un des souscripteurs de Démocratie pacifique. Il devint adjoint au maire de Sens après la révolution de Février, mais démissionna en mai 1848, parce qu’on opposait toujours les difficultés financières pour refuser les réformes sociales qu’il suggérait. Il avait été candidat aux élections du 23 avril à la Constituante. Dans sa profession de foi, on lisait : « J’ai appelé de toutes mes forces le règne de la République populaire. J’ai étudié et propagé autant qu’il m’a été possible les questions et les idées sociales qui doivent successivement régénérer le monde et affranchir pour jamais l’humanité du joug de la misère et de l’ignorance [...] Je veux des réformes sociales, je veux l’éducation pour tous [...] je veux l’organisation du travail, c’est-à-dire des Ateliers nationaux... » D’autre part, il se défendait énergiquement contre l’accusation de « communisme ». Il considérait cette doctrine « comme contraire à la liberté et à la nature de l’homme ».

Il ne fut pas élu : il n’obtint que 4 121 voix, alors que Marie de Saint-Georges, membre du Gouvernement provisoire et premier élu du département de l’Yonne, en obtenait 85 947.

De nouveau candidat aux élections législatives du 13 mai 1849, sous l’étiquette de « Montagnard », Benoît-Voisin recueillit 24 109 voix, sans être davantage élu. À la même époque, il tenait la chronique locale de Sens dans L’Union républicaine d’Auxerre. Ses articles témoignaient surtout d’un vigoureux anticléricalisme. (Voir Dugaillon A.).

Il présidait le comité de Sens de la Solidarité républicaine. À ce titre, il fut, en 1850, l’objet de poursuites et condamné à six mois de prison et 100 francs d’amende, mais acquitté en appel par le jury de Troyes (Aube). Arrêté au moment du coup d’État, il fut transporté en Algérie.

Dans le numéro de juillet 1865 de L’Association, bulletin des coopératives françaises et étrangères, Benoît-Voisin suggérera la création d’entrepôts ou de comptoirs de vente ou de change mobilier. Il s’agirait d’un vaste établissement auquel on donnerait le nom de « bureaux, entrepôts et comptoirs universels des associations coopératives et du change mobilier ». Béluze répondit de manière assez favorable à cette suggestion et indiqua qu’on y avait déjà pensé, parmi les coopérateurs de son entourage.

Fin avril 1871, Benoît-Voisin prit une position sans équivoque en faveur de la Commune de Paris : « Je ne suis pas de ceux qui ne savent pas, ou feignent de ne pas savoir, ce que veut le grand Soldat de la République universelle [Paris] ; il n’y a que les sourds et les aveugles qui ne veulent ni l’entendre ni le voir.

Les aristocraties de tous les régimes ne s’y trompent pas ; et c’est pourquoi elles ont hâte de s’acharner sur son cadavre ; c’est pourquoi elles jettent leur bave jusque sur ceux qui parlent de conciliation. Ce qu’il leur faut, c’est l’extermination de l’infâme, comme disait Voltaire. » (La Liberté, 2 mai 1871)

Pendant la crise du 16 mai 1877, il envoya des articles au journal radical La Liberté, puis après la suspension de La Liberté, à L’Yonne, articles dont le thème était qu’il fallait, pour établir solidement la République, associer les ouvriers et la bourgeoisie de gauche.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159100, notice VOISIN Benoît, dit Benoit-Voisin, version mise en ligne le 5 juin 2014, dernière modification le 22 octobre 2020.

SOURCES : Arch. Dép. Yonne, III M 1/134-145. — Collection Lorin, vol. 4 (Bibl. Mun. Auxerre). pour la profession de foi électorale de Benoit-Voisin. — Collection de l’Union républicaine. — Jean Gaumont, Histoire générale de la coopération en France, t. I. — Notes de M. Cordillot.

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