Par Jean-Pierre Besse, Jean-Claude Magrinelli
Né le 21 août 1906 à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), fusillé le 21 juillet 1942 à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle) ; menuisier ébéniste ; syndicaliste CGT ; militant communiste, membre du Front national et des FTPF.
Fils d’un ajusteur et d’une ouvrière en laques, Henri Heu acquit la qualification de menuisier ébéniste. Quelques mois après son retour du service militaire comme 2e canonnier au 20e bataillon d’artillerie, il se maria à Pont-à-Mousson le 10 août 1928 avec Andrée Droit née le 8 juin 1908 dans cette ville ; de cette union naquit un garçon prénommé Jean.
Il s’était syndiqué très jeune à la CGT et milita aux Jeunesses communistes. Le couple adhéra ensemble au Parti communiste et au Secours rouge international SRI. Avec la victoire du Front populaire en juin 1936, de nouvelles responsabilités lui furent confiées qui conduisirent le couple à s’installer à Nancy (Meurthe-et-Moselle), 93 rue de Strasbourg. Il fut élu secrétaire de cellule des quartiers Saint-Pierre et Bonsecours et secrétaire départemental du Secours populaire français qui venait de succéder au SRI. Il était gérant de l’Informateur le bulletin du comité départemental Paix et Liberté.
Mobilisé le 24 août 1939 au 120e régiment d’artillerie d’Épinal, il fut sérieusement blessé à la colonne vertébrale et à la jambe gauche ce qui lui évita d’être prisonnier de guerre en Allemagne. Démobilisé le 14 octobre 1940, il fit l’objet d’une étroite surveillance policière et d’une inscription sur la liste des « communistes susceptibles d’être internés » établie le 8 juillet 1941 par le chef de la sûreté de Nancy et remis à la police allemande le 26 août 1941.
La reparution de La Voix de l’Est clandestine en janvier 1941 et une dénonciation anonyme avaient provoqué son arrestation le 20 février 1941. Il refusa de signer sa notification d’internement et passa quinze jours à la prison Charles III de Nancy par arrêté préfectoral du 17 février 1941 jusqu’au 2 mars 1941 puis à compter du 14 août 1941 en vertu d’un arrêté préfectoral du 11 août, au Centre de séjour surveillé d’Écrouves d’où il s’évada le 24 avril 1942 avec Raymond Ruffet. Ses camarades FTP avaient tenté de libérer un maximum de militants dans la nuit du 14 au 15 avril mais l’action avait échoué. Henri Heu participa à plusieurs actions avec Marcel Simon, dont le sabotage du pont-levant de Malzéville le 30 avril 1942. Il était alors planqué à Nancy chez madame Kieffer. Le 5 mai suivant, la police allemande arrêta sa femme Andrée, puis la déporta, Nuit et Brouillard, le 9 juillet 1942.
Henri Heu fut arrêté à Nancy par la Geheimfeldpolizei (GFP) le 23 mai 1942 pour « détention d’armes et d’explosifs ». Un agent double infiltré, un V-Mann se faisant appelé Carlos, avait gagné sa confiance en lui affirmant qu’il était membre du comité central du parti communiste chargé d’organiser son transfert à Épinal pour assurer sa sécurité.
Henri Heu fut condamné à mort pour « antécédents communistes,, détention illégale d’armes, munitions et explosifs » par le tribunal militaire de Nancy (FK 591) le 24 juin 1942. Il a été fusillé le 21 juillet 1942 au champ de tir de La Malpierre à Champigneulles avec ses 8 camarades FTP des groupes du sud de la Meurthe-et-Moselle.
Leurs noms sont gravés sur le monument érigé dans la clairière de La Malpierre.
Andrée Heu, condamnée à la peine capitale par le tribunal spécial de Cologne pour « avantages procurés à l’ennemi », y fut guillotinée le 11 mai 1944 avec Marie-Louise Birgy et Solange Vigneron.
Henri Heu obtint le titre d’Interné Politique en 1963 puis le titre d’Interné Résistant en 1969.
Par Jean-Pierre Besse, Jean-Claude Magrinelli
SOURCES : DAVCC, Caen (notes Thomas Pouty). — Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle WM 309, WM 325, WM 33.— Arch. mun. Nancy série 2i . — Jean-Claude Magrinelli, Militants ouvriers de Meurthe-et-Moselle sous l’Occupation. Dictionnaire biographique, Nancy, 2020.— Claude Favre, La Malpierre des héros anonymes,p 17 et 55, 2012.