PERRET Nestor [pseudonyme dans la résistance : Serge, Gérard]

Par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou

Né le 6 décembre 1900 à Veauche (Loire), mort sous la torture le 27 octobre 1943 à la prison de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; chapelier ; résistant au sein des Ardents puis Combat puis des Mouvements Unis de la Résistance (MUR).

"Les rues se souviennent. La rue Nestor Perret", Résistance d’Auvergne, n°5, janvier 1972

Fils de Pierre, verrier et d’Antoinette, née Obholtz, couturière, Nestor Perret vint très jeune s’installer à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) avec ses parents.
Il se maria le 8 août 1924 à Clermont-Ferrand avec Simone Brault. Il exerçait la profession de chapelier en centre ville chez son père. Il habitait 26 rue des Gras à Clermont-Ferrand.

Mobilisé en 1939, il fut fait prisonnier le 19 juin 1940 à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) avec le 132ème Régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand où il était sergent. Il fut emmené à Moulins (Allier) puis Fourchambault (Nièvre) dont il s’évada en septembre.

Il entra dans la Résistance en intégrant d’abord les "Ardents" avec le général Cochet en 1941 puis en novembre 1942, avec quelques compagnons, il créa et anima le mouvement Combat. Puis, après la fusion de celui-ci avec les mouvements Libération et Franc Tireur, il fut désigné au commandement des Mouvements Unis de la Résistance (MUR), sur le plan de la ville de Clermont-Ferrand en premier lieu. Enfin, il fut mis à la tête du Noyautage des administrations publiques (NAP). Il avait pour pseudonyme Gérard et Serge. Il appartint à l’état major régional du Puy-de-Dôme de janvier à octobre 1943. Son activité fut très importante, tant pour diffuser des tracts, implanter des dépôts d’armes trouver des locaux pour des réunions clandestines ou fournir bientôt des faux papiers aux réfractaires du STO.
La menace policière s’accentuant, le colonel Gaspard, chef des MUR, proposa le 20 octobre 1943 à Nestor Perret de le rejoindre au maquis. Celui-ci refusa car il voulait être auprès de sa femme le 7 novembre, jour du premier anniversaire de la mort de leur fils décédé prématurément à l’âge de 16 ans.

Il fut arrêté par la police allemande le 26 octobre 1943 à son domicile. Il s’échappa mais fut repris place de Jaude et conduit dans les locaux du 92e RI et torturé. Transféré à la prison militaire, il y mourut quelques heures après des suites de ses tortures. Il a été déposé à la morgue de l’Hôtel-Dieu désigné comme inconnu.
Sa mort suscita en réaction une accentuation des actions de la Résistance dans le département. Sa femme, qui avait prit une part active à son action, partit alors pour Paris où sous le pseudonyme de Séverine elle poursuivit son engagement dans la Résistance.

Dans son dossier à Caen, il y a une lettre de son épouse dans laquelle elle certifie qu’il a été attribué à son mari, en décembre 1943 ou janvier 1944, au nom de Serge, une citation pour la Croix de la Libération qui a été annoncée à ce moment là à la radio de Londres et a paru dans le journal clandestin Combat en février ou mars 1944.

Le maquis des Grands bois de Pionsat à Notre-Dame-de-Saint-Julien-la-Geneste prit son nom.

Reconnu "Mort pour la France, il fut homologué, à titre posthume, commandant FFI (JO du 31 janvier 1946) et élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur en septembre 1946 avec le grade de commandant. Le 14 février 1952 il a reçu à titre posthume la carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR). Il a également la carte d’Interné-Résistant (DIR) le 7 décembre 1951.

Le 16 septembre 1944, la délégation municipale décida de donner son nom à la rue du Théâtre. Depuis, une école a aussi reçu son nom à Clermont-Ferrand. Son nom figure sur une stèle commémorative à Saint-Julien-la-Geneste (Puy-de-Dôme).

Sa veuve, née Simone Brault réagit à la suite de la publication de deux ouvrages parus en 1974 et laissant entendre que son mari s’était pendu. Elle s’adressa dans une lettre à ses amis résistants, déclarant avoir trop souffert après guerre de propos désobligeants à l’égard de son mari qui fut couvert d’honneur alors que certains lui reprochaient de s’être suicidés comme on le prétendait. La reprise de ces affirmations dans A nous Auvergne ! de Gilles Lévy et dans Libération de l’Auvergne, par Henry Ingrand, l’incita à s’exprimer publiquement contre cette thèse.
Elle fit imprimer une plaquette, Nestor Perret. Toute la vérité sur la mort de ce héros de la Résistance dans laquelle elle publie une lettre d’Henry Ingrand exprimant son incompréhension à voir l’épouse de Perret considérer le suicide comme une preuve de faiblesse. La brochure cite ensuite différents témoignages confirmant une mort sous la torture.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159156, notice PERRET Nestor [pseudonyme dans la résistance : Serge, Gérard] par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou, version mise en ligne le 28 mai 2014, dernière modification le 19 février 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Eric Panthou

"Les rues se souviennent. La rue Nestor Perret", Résistance d’Auvergne, n°5, janvier 1972

SOURCES : SHD, DIMI, dossier 16P 468335. — SHD Vincennes, GR 16 P 468335. Dossier Nestor Perret (non consulté).— AVCC Caen, GR 21 P 128655. Dossier Nestor Perret .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 2546 W 8213. Dossier demande attribution carte CVR à Nestor Perret .— La Résistance dans le Puy-de-Dôme, ONAC, 2008.— "Les rues se souviennent. La rue Nestor Perret", Résistance d’Auvergne, n°5, janvier 1972 . — A tous mes camarades de la Résistance, lettre signée "Veuve Nestor Perret, "Séverine", 15 juin 1974 (archives privées Roguer Tounzé). — Nestor Perret. Toute la vérité sur la mort de ce héros de la Résistance, Clermont-Ferrand, Imprimerie centrale, circa 1975, 5 p. — Mémorialgenweb .— État civil.

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