PRIMET Jean, Ernest

Par Jacques Cousin, Jacques Girault, Jacques Omnès, Roger Pierre

Né le 29 mai 1910 à Annonay (Ardèche), mort le 10 août 1984 à Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche) ; instituteur en Mayenne ; militant du SNI ; militant socialiste, puis communiste, conseiller de la République, sénateur de la Seine (1947-1958).

Jean-Ernest Primet
Jean-Ernest Primet
Sénateur

Fils d’un employé devenu officier de l’armée de l’Air, qui était, après 1945 socialiste SFIO, partisan d’une union avec les communistes, Jean Primet, pupille de la Nation à partir de 1923, prénommé souvent Jean-Ernest, étudia au lycée Montaigne de Bordeaux (Gironde), puis au collège de Libourne (Gironde).

Bachelier (série philosophie) en 1927, il obtint un poste de maître d’internat et poursuivit pendant deux ans ses études à le faculté des lettres de Bordeaux, obtenant trois certificats (lettres, latin grec), puis alla enseigner le français comme assistant à l’université de Kœnigsberg (Prusse Orientale) en 1929-1930. Il revint faire son service militaire à Casablanca (Maroc) dans l’infanterie qu’il termina comme caporal-chef. Reparti à l’université de Varsovie (Pologne) en tant que lecteur de 1932 à 1936, il y apprit la langue polonaise alors qu’il parlait l’allemand, l’espagnol et un peu le russe.

Jean Primet donna en 1925 son adhésion au groupe des Jeunesses socialistes SFIO du Bouscat (Gironde). Il participa en Allemagne à l’activité de la ligue des étudiants républicains. De retour à Tournon (Ardèche), il participa à la création d’un groupe des jeunesses socialistes SFIO et fut le secrétaire fédéral des JS en 1936-1937. Secrétaire du comité de Front populaire, il partit, en 1936, comme volontaire dans les Brigades internationales en Espagne où il resta peu de temps, puis milita au comité d’aide à l’Espagne républicaine. Candidat socialiste au Conseil général en octobre 1937, contre le conseiller général et député Xavier Vallat, dans le canton de Saint-Félicien (Ardèche), il obtint 151 voix sur 1 323 suffrages exprimés. Il quitta le Parti socialiste à la fin de 1937.

Jean Primet, nommé instituteur au cours complémentaire du Teil (Ardèche) de janvier à juillet 1937, demanda un poste d’instituteur en Mayenne, où il fut Nommé à Entrammes puis à La Roë. Adhérent au Syndicat national des instituteurs le 5 janvier 1938, il fut élu au conseil syndical de la section départementale lors de l’assemblée générale du 15 décembre 1939

Il se maria en juillet 1938 à Saint-Jean-de-Mayenne avec une institutrice à Andouillé, Pauline, Marie, dite Paulette Roignant, née le 13 septembre 1914 à Roscoff (Finistère), fille d’un débitant devenu marchand d’oignons en Grande-Bretagne, institutrice à La Roé (1938-1945), à Coudray (1945-1951), puis à Forcé jusqu’à sa retraite en 1970. Elle adhéra au Parti communiste français en 1971. Le couple eut trois enfants.

Mobilisé à Chamonix (Haute-Savoie), Primet revint en Mayenne après l’armistice et retrouva son poste d’instituteur à La Roë. Il entra dans le réseau gaulliste « Thermopyles », sans doute le réseau « Vélites-Thermopyles » qui fonctionna jusqu’en juin 1943, et fut chargé par le réseau « Pro-Vel » d’aider l’évasion de Juifs et les réfractaires au Service du travail obligatoire. Sollicité par le Front national, il dirigea le groupe Loiron-La Gravelle de Francs tireurs et partisans français dont il devint le responsable pour la Mayenne et une partie de l’Ille-et-Vilaine. Il le représenta en 1944 au Comité départemental de Libération, considéré toujours comme socialiste par la direction nationale du Parti socialiste SFIO. Envoyé au maquis FTPF de l’Essart dans le Jura, de retour en Mayenne, il fut arrêté par les Allemands le 30 (ou le 31) juillet 1944, transféré de la prison de la Cacaudière à celle du Mans (Sarthe), et condamné à mort le 5 août. Il fut libéré le 8 août, quelques heures avant l’arrivée des Américains, ou s’évada, selon ses propres indications données au PCF dans les questionnaires biographiques remplis en 1946 et en 1971. Après la guerre, il présida puis fut le président d’honneur du mouvement de la Résistance mayennaise. il reçut la médaille de la Résistance avec rosette.

Instituteur à La Roë, lors de l’assemblée générale de la section mayennaise du SNI, il fut élu pour compléter la commission administrative, intégra la commission éducation sociale jusqu’en 1947. Candidat au secrétariat de l’UD-CGT de la Mayenne au début de 1946, il obtint 15 voix contre 24 à Auguste Beuneux et devint secrétaire-adjoint.

Ayant adhéré en 1944 au Parti communiste encore clandestin, Jean Primet, secrétaire puis membre du bureau de la fédération de la Mayenne à partir de la Libération, redevint secrétaire de la fédération communiste de la Mayenne de 1954 à 1956. Il retrouva le seul bureau fédéral de 1956 à 1969, responsable de l’éducation à partir de 1963, redevenant alors membre du secrétariat fédéral, responsable de la propagande, jusqu’à son départ du département. Il participa sur le plan national à deux stages pour élus organisés par le PCF en 1947 et en 1950.

En 1947, Jean Primet devint directeur politique du Réveil populaire, organe de la fédération communiste. Il présida dans le département la Fédération nationale des déportés, internés résistants patriotes jusqu’en 1947 et resta le vice-président de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance. À partir de 1965, il fit partie des directions départementales de France-URSS et du « mouvement de recherche et d’action en faveur de la Paix », qu’il avait contribué à constituer avec des prêtres de Laval, tout en étant le secrétaire départemental du Mouvement de la Paix de 1958 à 1970. Avec douze sénateurs résistants, il se rendit en Pologne en avril 1956, répondant à l’invitation de l’Union polonaise des combattants pour la Liberté et la Démocratie et put alors lire, en polonais, le rapport de Khrouchtchev au XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique. Il en revint abattu selon Jean Chaintron (p. 352)*.

Candidat aux élections législatives de 1946 en première position sur la liste communiste en Mayenne, Jean Primet fut choisi, le 19 décembre 1946, par l’Assemblée nationale, en sixième position sur la liste nationale, pour siéger au Conseil de la République. Membre des commissions des Affaires étrangères et de l’Agriculture, secrétaire de l’assemblée en 1948, il fut réélu le 7 novembre 1948 sur la liste « d’Union républicaine et résistante » dans la Seine. Secrétaire du Conseil de la République en 1949, membre des commissions du Ravitaillement et de l’Agriculture dont il fut le rapporteur en 1948, il continua son activité parlementaire avec sérieux. Le 18 mai 1952, il retrouva son siège sur la liste « d’Union républicaine, résistante et antifasciste ». Membre des commissions de l’Agriculture (dont il était rapporteur) et des Finances, il fut à partir de 1956 suppléant de nombreuses commissions (boissons, défense nationale, éducation nationale, intérieur, presse, radio et cinéma) et titulaire de deux sous-commissions (gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d’économie mixte) et la commission de coordination de la recherche scientifique et du progrès technique. Toujours très actif, votant régulièrement comme les élus communistes, il siégea jusqu’en juin 1958. Il ne se représenta pas au renouvellement de cette année

Candidat en première position sur la liste communiste aux élections législatives de 1953, de 1956, à partir de novembre 1958, il fut régulièrement candidat aux élections législatives en Mayenne où les députés de droite étaient élus dès le premier tour en 1958 et en 1962 :
- en 1958, dans la troisième circonscription (Mayenne), 2 197 voix sur 49 849 inscrits (4eme position).
Il fut par la suite candidat dans la première circonscription (Laval),
- en 1962, 3 989 voix (3e position) sur 55 068 inscrits,
- en 1967, 5 044 voix (4e position) sur 56 750 inscrits. Il se désista pour le candidat de la FGDS qui ne recueillit qu’une partie de ses voix.
- en 1968, 4 188 voix (4e position) sur 56 806 inscrits.

Il fut régulièrement candidat au Conseil général dans divers cantons (1951 à Montsûrs, 1958, 1961, à Ernée, 1964, à Argentré où il était domicilié [364 voix sur 3 275 inscrits, troisième position], 1967 à Laval Est [troisième position aux deux tours, 1 452 puis 1 346 voix], 1970 à Argentré).

L’école élémentaire de Forcé (Mayenne) où Jean Primet exerçait en tant que directeur, avec son épouse institutrice, fut plastiquée par l’OAS dans la nuit du 10 au 11 février 1962, brisant portes et fenêtres des bâtiments. Une manifestation de soutien réunissant plus de trois cents enseignants fut organisée sur place par la section départementale du SNI dès le 13 février. [Lucien Sosson-173637], qui intervenait au nom de la section départementale du SNI, dénonça les actions violentes de l’OAS qui menaçaient la démocratie en France. L’auteur de l’attentat fut condamné, interné à l’île de Ré et finalement amnistié par le président de la République.

Revenu en Ardèche en août 1970 avec son épouse, Jean Primet, retraité depuis 1966, habita d’abord Aubenas où il fut candidat aux élections municipales en 1971, puis se fixa à Vallon-Pont-d’Arc où il continua à militer au PCF dans la comité de la section communiste et fut membre du comité fédéral puis de la commission fédérale de contrôle financier. Candidat aux élections législatives de 1973 dans la troisième circonscription (Largentière), il obtint 8 272 voix au premier tour, et candidat unique de la gauche, améliora le total des voix de gauche, 15 828 voix sur 51 465 inscrits.

Son épouse décéda le 18 janvier 2004 à Courthezon (Vaucluse).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159192, notice PRIMET Jean, Ernest par Jacques Cousin, Jacques Girault, Jacques Omnès, Roger Pierre, version mise en ligne le 29 mai 2014, dernière modification le 5 avril 2021.

Par Jacques Cousin, Jacques Girault, Jacques Omnès, Roger Pierre

Jean-Ernest Primet
Jean-Ernest Primet
Sénateur

SOURCES : Arch. Dép. Ardèche, 2M430. — Arch. Dép. Mayenne, La Voix populaire, Le Réveil populaire, Les Nouvelles mayennaises, La Voix syndicale, La Voix laïque. — Archives du comité national du PCF. — Sites Internet du Sénat. — DBMOF, (notice par Roger Pierre). — L’Oribus, déc. 1998. — Témoignage de J. Primet. — Jean Chaintron, Le vent soufflait devant ma porte, Seuil, Mémoire, 1993.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable