RIETH Alphonse [parfois orthographié Ried]

Par Pierre Schill, Léon Strauss

Né le 12 mai 1893 à Mitzach (Haute – Alsace annexée), mort le 27 juin 1978 à Metz (Moselle) ; ouvrier dans l’industrie textile, puis employé à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin), puis permanent syndical en Moselle ; militant socialiste SFIO et syndicaliste CGT ; adjoint au maire de Sainte-Marie-aux-Mines, conseiller général du Haut-Rhin (1928-1931) ; secrétaire général du Syndicat CGT des mineurs du bassin houiller de Moselle (1931-1939) et de l’Union départementale CGT de la Moselle (1931-1937), membre du bureau et secrétaire de la Fédération nationale du Sous-Sol CGT de septembre 1944 à février 1946, trésorier de la Fédération en mai 1945.

Alphonse Rieth
Alphonse Rieth
Cliché fourni par Pierre Schill

Fils d’Aloyse Rieth, chauffeur de chaudière, et de Joséphine Bader. Il fréquenta d’abord l’école primaire de son village natal, puis passa une année comme interne au monastère franciscain de Metz (Lorraine annexée) avant de retrouver l’école de Mitzach. À 15 ans, il entama un apprentissage dans une usine textile où il resta jusqu’en 1913 avant de commencer son service militaire dans la marine allemande. Durant la Grande Guerre, il servit sur un croiseur allemand. Il rentra en Alsace en novembre 1918 et reprit son travail à Saint-Amarin (Haut-Rhin) où il fut secrétaire du syndicat CGT du textile et où il adhéra à la SFIO. Il y fut candidat aux élections cantonales en 1922. Alphonse Rieth, qui s’était établi à Sainte-Marie-aux-Mines vers 1925, y devint adjoint au maire en 1929. Il fut élu conseiller général du Haut-Rhin (1928-1931). Il avait été candidat socialiste SFIO aux élections législatives de 1928 dans l’arrondissement de Ribeauvillé (Haut-Rhin) et recueillit 2 958 voix contre le docteur Pfleger, élu au premier tour avec 6 663 voix. Lors de l’élection législative partielle des 26 janvier-2 février 1930, consécutive à l’élection de Pfleger au Sénat, il obtint 3 182 voix au premier tour et 55 au second tour , Rieder (APNA, Action populaire nationale d’Alsace) fut élu.
En 1931, il démissionna de ses fonctions électives et s’installa à Forbach (Moselle) pour devenir permanent du syndicat confédéré des mineurs (qui compta en 1933 environ 1 700 adhérents, dont 1400 pour le bassin houiller) et secrétaire adjoint de l’UD-CGT de la Moselle, chargé de la propagande syndicale et du cartel des services publics. En 1931, il représenta la Moselle au congrès de Saint-Étienne de la Fédération nationale des Travailleurs du Sous-Sol CGT où il était accompagné de Jules Anglade*. En 1932-1933, il fut l’un des principaux acteurs du rapprochement des différentes organisations syndicales des mineurs de charbon lorrains. Il participa en janvier 1933 à Forbach aux rencontres entre les syndicats CGTU, CGT et UGB (syndicats chrétiens) des houillères lorraines. Il participa aussi le 6 février 1933 au domicile privé du militant chrétien Nicolas Meyer* à Merlebach, à la quatrième réunion de la commission intersyndicale. Une cinquième réunion se tint le 5 février à laquelle assistèrent les dirigeants alsaciens, Henri Meck* pour l’UGB et Joseph Mohn* pour la CGTU. Enfin, le 13 février se constitua à Merlebach le Comité d’action du front syndical unitaire (CGT, CGTU, UGB).
Le 8 décembre 1935, au congrès de Merlebach, les syndicats unitaires et cégétistes des mineurs fusionnèrent pour donner naissance au Syndicat des ouvriers mineurs de Lorraine, dont le siège était fixé à Forbach, rue Nationale. Le nouveau groupement ne comptait plus alors que 1 075 membres (643 venus de la CGT et 432 de la CGTU). Rieth fut élu secrétaire général de ce syndicat unifié avec l’unitaire Pierre Muller* comme adjoint. Les deux hommes, souvent en opposition, entrèrent en conflit ouvert au moment de l’affaire Kléber-Legeay*.
Le 5 janvier 1936, se constitua l’UD unifiée qui rassemblait 35 syndicats. Il fut élu, par 119 voix contre 54, secrétaire général contre le candidat unitaire, René Schwob* qui devint secrétaire général adjoint. Il dirigea du 8 au 12 mai 1936 la grève des mineurs de Moselle qui aboutit le 12 mai à un accord entre le CGT, l’UGB et la direction des trois houillères. Cette signature n’empêcha pas certains mineurs des Houillères Petite–Rosselle, propriété de la famille de Wendel, de reprendre la grève le jour même par « surenchère communiste » selon l’ingénieur des mines. Le mouvement se propagea aux mines de Sarre-et-Moselle, au centre du bassin houiller lorrain. La convention, remaniée une première fois le 16 juin, fut révisée le 18 juin et donna satisfaction aux grévistes puisqu’elle appliquait à la Moselle les barèmes de salaires déjà en vigueur dans le Nord et le Pas-de-Calais. Rieth abandonna en 1937 son poste à l’Union départementale pour se consacrer essentiellement aux mineurs et à leur organe bilingue Le Travailleur du sous-sol. Le 1er mai 1939, il anima le meeting des mineurs à Forbach qui aurait réuni 12 000 ouvriers qui votèrent une résolution où ils exprimaient leur opposition au mouvement « autonomiste et séparatiste subventionné par l’argent hitlérien » et clamèrent leur volonté de rester français en acceptant de supporter le poids du fardeau nécessaire à la défense nationale.
Secrétaire général du Syndicat CGT des mineurs du bassin houiller de Moselle, il fut mobilisé en 1939, affecté spécial en novembre, il rejoignit ses camarades mineurs évacués à Lens (Pas-de-Calais) et y reprit ses activités syndicales.
Revenu à Forbach annexée de fait à la mi-août 1940, il discuta de l’avenir du mouvement syndical en Lorraine annexée avec les autorités allemandes à Sarrebrück (Sarre, Allemagne). Il fut arrêté par le Sipo-Sd dès le 14 octobre. Interrogé jour et nuit les 8 et 9 décembre, il signa une déposition de 48 pages sur la structure de la CGT en Moselle, qui permit l’arrestation et la déportation de plusieurs militants. Il donna aussi des informations très précises sur les socialistes et communistes sarrois exilés en Moselle depuis le plébiscite de 1935. Un certain nombre d’entre eux furent arrêtés et déportés.
Sans doute expulsé ensuite vers la zone libre, il participa à l’automne 1943 dans les Hautes-Pyrénées à la rencontre entre Victor Duguet* et Noël Sinot* qui aboutit à la réunification de la Fédération nationale du Sous-Sol (FNTSS) CGT clandestine.
À la Libération, il fut membre du bureau fédéral provisoire chargé de préparer le congrès reconstitutif de la FNTSS. Le 16 mai 1945, il fut chargé de la trésorerie. Le 1er mai 1945, il prit la parole au meeting de la CGT à Mulhouse en qualité de secrétaire de la Fédération du Sous-Sol à Paris. Il était en même temps délégué régional de la Moselle. En septembre 1945, il participa aux travaux de la commission qui élaborait le statut du mineur. En novembre 1945 , toujours secrétaire général des mineurs de la Moselle, il intervint dans les grèves sporadiques qui éclatèrent dans les houillères mosellanes.
Non réélu au bureau fédéral de la FNTSS-CGT au congrès de février 1946 à Montceau-les-Mines (Sâone-et-Loire), il perdit également le secrétariat du syndicat des mineurs de Moselle en mars 1946 au profit du communiste Pierre Muller* avec qui les relations étaient tendues depuis le Front populaire.
Il fut ensuite jusqu’en 1951 membre du cabinet de Gilbert Grandval, gouverneur miltaire de la Sarre. Il y était chargé des relations avec les organisations syndicales.
Il s’était marié à trois reprises et était père de trois enfants. Alphonse Rieth était chevalier de la Légion d’Honneur et officier du Mérite Social.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159195, notice RIETH Alphonse [parfois orthographié Ried] par Pierre Schill, Léon Strauss, version mise en ligne le 29 mai 2014, dernière modification le 5 novembre 2019.

Par Pierre Schill, Léon Strauss

Alphonse Rieth
Alphonse Rieth
Cliché fourni par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Nat. F7/13038. — Arch. Dép. Moselle, 304 M 76 ; 310 M 93 et 95 ; 150 W 190 ;256 W 46 ; 1 403 W 11 ; 24 Z 15 et 16. – Arch. des Houillères du Bassin de Lorraine : Vt233-B128 ; Vt323-B10, B12, B13, B15, B16, B18, B20, B26 et B27. – Arch. personnelles de Ralph Konopnicki*. - La Voix du peuple. — Le Populaire de l’Est. - Le Droit minier, n°1, février 1945, n°3, avril 1945, n°1, janvier 1946, n°1, janvier 1966. – Renseignements fournis par Achille Blondeau*. - CR officiels des congrès cités dans le Maitron (volume introductif 1914-1939). - DBMOF, t. 40, p.141. - Henri Lorang, Luttes, Espoirs, Libertés. Les masses laborieuses de Moselle, 1789-1950, sd. - Didier Kompa, La formation du Front populaire en Moselle, 1934-1936, mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1985. - Léon Strauss, « L’Alsace-Lorraine », p. 369 à 387, in Jean-Pierre Rioux, Antoine Prost, Jean-Pierre Azéma (dir.), Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), Paris, Presses de la FNSP, 1987. - Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne, n° 31, Strasbourg, 1998, p. 3216. – Louis Monneron, « Portrait de Victorin Duguet », Cahiers de l’IHSME, n°20, décembre 2000 - Luitwin Bies, Gestapo contra CGT-Lothringen, die Auskünfte des Alphonse Rieth, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, Saarbrücken, 2000. - Luitwin Bies, Widerstand an der Grenze. Des deux côtés d’une frontière. Saarländer und Lothringer gegen den Faschismus ; Sarrois et Lorrains contre le fascisme, 1933-1945, Saarbrücken, Blattlaus Verlag, 2002. - Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Éditions Serpenoise, 2006. - Cédric Neveu, La Gestapo en Moselle. Une police au cœur de la répression nazie, Metz, Éditions Serpenoise, 2012, p.29-30.

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