MAILLOT André [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né en 1901 et mort le 23 juin 1955 à Alger ; syndicaliste CGT des agents municipaux de la ville d’Alger.

En général cité comme le père de l’aspirant Maillot (Henri Maillot), André Maillot n’en a pas moins un rôle important à la CGT comme responsable du syndicat des agents municipaux d’Alger. Les Maillot appartiennent au premier peuplement colonial, témoins du passage des petits blancs au salariat ; le grand-père était boulanger ; le père peintre en bâtiment à Alger.

Devançant l’appel au service militaire, André Maillot s’engage en 1919 et part au 1er Régiment de tirailleurs algériens envoyés au Levant pour combattre la « Révolte arabe » à Damas, et occuper la Syrie et le Liban placés sous mandat français. Lors d’une permission à Alger, il fait la rencontre d’une jeune cuisinière travaillant à la demande à domicile, Henriette Ribès, qui vient tout juste d’arriver à Alger. André Maillot est démobilisé en 1923 et entre aux services municipaux de la ville ; bien qu’ayant passé un diplôme de soudeur à l’armée, il est d’abord employé comme manœuvre à titre auxiliaire. Au début de 1925, il réussit un concours interne qui en fait un chauffeur-conducteur de machine titulaire ; il lui reste à gravir les échelons au service du nettoiement.

Sa situation établie modestement, il épouse en janvier 1926, la jeune cuisinière à la tâche mais fort réputée dans les familles bourgeoises, fille d’ouvriers agricoles espagnols venus travailler dans le vignoble du midi de la France. Avec deux de ses sœurs, Henriette Ribès était venue de Narbonne se placer en Algérie. Henri Maillot est leur deuxième enfant en 1928, entre une sœur aînée, Yvette, et une plus jeune, Béatrice. La famille habite d’abord un petit appartement au centre d’activité commerçante du nouvel Alger, près de la place Hoche entre hôpital Mustapha et marché Clauzel. André Maillot a pu acheter le dernier lot sur un lotissement de périphérie à l’époque au Clos Salembier (El Madania) ; la famille prend possession, en 1931, d’une petite maison, 6 rue des Roses, avec un jardin juste assez grand pour avoir un poulailler et quelques mètres de potager ; la famille vit sur elle-même.

Les travailleurs, les « petits », vont au Front populaire ; en 1936, André Maillot adhère au PCA qui se forme en octobre. Il est un ardent militant de la CGT parmi les éboueurs. À la fin de 1938, avec le maire Rozis, la droite revient en force à la mairie d’Alger et prend sa revanche sur le Front populaire. Augustin Roziz renvoie le secrétaire général de la mairie jugé l’homme de la gauche. Devant le mouvement de protestation de la CGT, André Maillot est révoqué en février 1939 et l’ensemble du bureau syndical dont il fait partie. Alger Républicain lance une campagne de presse, certes un peu isolée ; le préfet, cependant, impose la réintégration deux mois plus tard. À l’été 1940, toujours maire sous Vichy, Roziz se venge en renvoyant à nouveau le syndicaliste communiste Maillot ; la preuve étant son abonnement de 1938 à La Lutte Sociale. La vie de la famille Maillot devient semi-clandestine et besogneuse jusqu’après le débarquement allié de novembre 1942. On comprend qu’à partir de 1943, après avoir été rappelé à l’armée, le père retrouvant son emploi, reprenne son militantisme à la CGT, et qu’à quinze ans le jeune Henri Maillot fréquente le local des jeunesses communistes.

André Maillot conduit la campagne de titularisation des éboueurs auxiliaires de la ville d’Alger, en majorité des manœuvres algériens dès lors, et non plus des petits blancs. Il est secrétaire général des employés municipaux CGT d’Alger de 1950 à 1953, qui comprend aussi les hospitaliers municipaux dont il s’occupe activement. En 1952, il est également secrétaire général de l’Union algérienne des syndicats CGT des Services publics. Sa mort, d’un cancer à cinquante-quatre ans, le laisse à l’anonymat avant que le nom de Maillot ne fasse la une, par le détournement du camion d’armes par son fils au printemps 1956. Henriette Maillot ne quitte pas la maison du clos Salembier devenu El Madania ; celle qu’on appelle la Mémé Maillot meurt à plus de quatre-vingt-dix ans en 1994.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159224, notice MAILLOT André [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 29 mai 2014, dernière modification le 29 mai 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Liberté, janvier 1950. — Le Travailleur algérien, février 1953. —B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op. cit. — N. Djabi, Kaidi Lakhdar. Une histoire du syndicalisme algérien. Entretiens, Chihab Éditions, Alger, 2005. — S. Kastell, Le maquis rouge, L’Harmattan, Paris, 1997. — Arch. Nat. France Outre-mer, Aix-en-Provence, ALG, Oran 2519, notes de Louis Botella.

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