Par René Gallissot
Instituteur de Relizane, adhérent du SNI (1923) et secrétaire-trésorier de l’Association des instituteurs d’origine indigène d’Oranie de 1922 à 1937 ; auteur d’une tentative, en 1933, d’organiser une Fédération des fonctionnaires d’origine indigène ; membre du bureau du Congrès musulman en 1937 ; rallié à Ferhat Abbas en 1938-1939.
S’il est effectivement instituteur à Relizane en 1921, Kaddour Makaci est aussi un propriétaire foncier bien implanté dans les environs et un notable de cette ville terrienne d’Oranie. En 1922, il participe à la fondation de l’Association des instituteurs d’origine indigène (AIOI) qui publie la revue La Voix des Humbles. Rappelons que les instituteurs « indigènes » suivent un cursus séparé et passent un CAP qui ne permet pas d’enseigner dans les écoles primaires françaises, exercent avec un traitement inférieur sous la tutelle d’un instituteur français (de pleine citoyenneté) dans des écoles au rabais dites « écoles indigènes » ; un élève-instituteur d’origine indigène peut toutefois présenter le CAP « français » à l’école normale et, l’ayant obtenu, exercer en école primaire française mais à salaire moindre (sans le supplément du tiers colonial).
Tout en étant membre du SNI, K. Makaci est, à partir de 1922, secrétaire-trésorier de l’AIOI pour l’Oranie. À partir de 1927, et le départ en retraite de S. Faci jusque-là secrétaire pour l’Oranie, il est à la fois secrétaire de l’AOI pour l’Oranie et trésorier, le principal dirigeant donc.
Dans ses rapports au congrès de l’Association et dans ses articles dans La Voix des humbles, K. Makaci fait campagne dès 1923-1924, pour qu’au moins un tiers des postes dans les principaux centres soient offerts aux instituteurs indigènes. En 1933, alors qu’il est élu membre du bureau du groupement du SNI de Relizane, mandaté par l’AIOI, il entreprend de recueillir des adhésions, outre celles d’enseignants, parmi les postiers, les cheminots, les gardes forestiers et autres agents publics pour former une Fédération des Fonctionnaires indigènes. La tentative semble tourner court avec la réunification de la CGT (CGTU et CGT) en 1935-1936. Cette autonomisation hors confédération du travail n’a pas le même écho en Algérie qu’en Tunisie agitée par un très vigoureux syndicat des fonctionnaires français. Dans l’Association des instituteurs d’origine indigène, les instituteurs français de pleine citoyenneté sont nombreux à l’exemple de S. Faci, et plus encore les partisans de la francisation par l’école et le syndicat (cf. à La Voix des Humbles, Mohand Lechani).
À l’inverse, l’orientation du notable Kaddour Mekaci est de défendre une voie musulmane. En 1936, il se porte en avant en organisant les comités du Congrès musulman de Relizane et de Tiaret. Il prend part, en juin 1936, à la tenue du premier Congrès musulman à Alger et au 2e congrès en juillet 1937. Il devient membre de La Commission exécutive et membre du bureau avec le titre d’archiviste-propagandiste. Parallèlement, en 1936, il est trésorier de la Jeunesse musulmane républicaine de Relizane et membre d’honneur du Rapid club musulman de la ville. Outre des articles sur « le besoin de laboureurs » et sur la main-d’œuvre agricole, on lui doit, dans La Voix des Humbles en janvier 1936, un plaidoyer de défense du statut musulman dans la citoyenneté française ; au titre du Congrès musulman, il donne des conférences et tient meetings, notamment à Mostaganem le 15 novembre 1936 devant 1 500 personnes, sur « la faillite de la naturalisation individuelle et l’octroi des droits politiques aux Musulman ».
À partir de 1938, il va s’établir à Alger et devient un partisan de Ferhat Abbas dans ses différentes formations politiques.
Par René Gallissot
SOURCES : La Voix des Humbles, 1922-1938. — H. Touati, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier d’Oranie, op. cit.