QUELVEN Albert, Guillaume

Par Christian Bougeard ; François Prigent

Né le 31 juillet 1913 à Rosporden (Finistère), mort le 8 juillet 1990 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; instituteur puis professeur de collège ; adjoint (1945-1946) puis maire (1946-1953) PCF de Lanriec (Finistère) ; conseiller général PCF de Concarneau (1949-1955) ; militant laïque ; militant du sport.

Fils d’un pâtissier, Albert Quelven, instituteur au Passage en Lanriec, se maria en août 1937 dans cette commune avec Andrée Guilllou. Fille d’une institutrice, elle enseignait à l’école J. Ferry du Passage en Lanriec, avant de devenir directrice de l’école maternelle du Rouz. Délégué à l’Ecole primaire supérieure (EPS) de Concarneau, devenue collège moderne de Concarneau, Albert Quelven y enseignait les mathématiques.
Militant syndical et laïque, il adhéra au PCF en 1944. Dirigée par un maire radical depuis 1912, Yves Sellin (cultivateur, conseiller d’arrondissement dans l’entre-deux-guerres), la commune de Lanriec, rattachée à Concarneau en 1959, fut gagnée après la Seconde Guerre Mondiale par la SFIO puis le PCF : Louis Gloanec (mai-décembre 1945), Auguste Ansquer (décembre 1945-mai1946), Albert Quelven (mai 196-mai1953).
Ainsi, Albert Quelven fut élu, lors des élections municipales d’avril-mai 1945, sur la liste d’Union républicaine antifasciste (communiste) à Lanriec. Sa liste n’obtint que 8 sièges contre celle du maire sortant (13 élus), Louis Gloanec, de Douric-ar-Zin, relayé en décembre 1945 par Auguste Ansquer, socialiste SFIO, patron-pêcheur au Passage. Désigné comme adjoint supplémentaire, il devint premier adjoint le 23 décembre 1945, puis maire le 30 septembre 1946 après la démission du maire pour raisons professionnelles (ce dernier restant un temps son 1er adjoint). En octobre 1947, alors que le PCF perdait cinq municipalités dans l’arrondissement de Quimper, passant de 17 à 12, Albert Quelven et la liste qu’il conduisait furent élus et il fut confirmé maire de Lanriec à l’automne. Ses adjoints étaient Yves Antoine, René Bourhis, Louis Furic et Jérôme Le Reste.
Le 27 mars 1949, au 2e tour, il fut élu conseiller général du canton de Concarneau (1949-1955), succédant à l’ancien maire PCF de la cité Robert Jan qui ne se représentait pas.
En 1949, Albert Quelven impulsa la création de l’Amicale Laïque de Lanriec, dont le club de foot, présidé par Gohiec, disparu en 1990. Face au patronage catholique du Passage, les Mouettes d’Arvor, l’AL de Lanriec (foot, vélo, cinéma) rassemblait les réseaux des mondes laïques et ouvriers, à Douric-ar-Zin. Jamais utilisé par les joueurs du club pour des raisons techniques, le stade municipal fut inauguré le 19 avril 1953 lors d’une grande course cycliste (avec les Nord-Finistériens Yves Marrec et Roger Lambrecht, ancien maillot jaune du Tour de France 1948). A Lanriec, comme dans d’autres espaces bretons, les affrontements politiques locaux se cristallisaient autour du clivage communisme/anticommunisme, avec une topographie socio-politique très localisée. Par exemple, Douric-ar-Zin et sa "chapelle rouge" avait pu être surnommé Quelvingrad.
Toutefois, cette contre-société communiste locale était aussi en tension avec le bloc partisan communiste. En août 1950, selon une note des Renseignements généraux, dans une période de durcissement et de stalinisation de la fédération communiste du Finistère, Albert Quelven, ainsi que le maire PCF de la commune voisine de Trégunc (Michel Naviner, conseiller général de Concarneau entre 1955 et 1967), auraient été exclus du PCF pour leur « attitude anti-ouvrière » lors d’un conflit des conserveries de Concarneau pendant lequel il avait agi sans consulter la direction de la fédération communiste. Albert Quelven avait refusé de faire son autocritique demandée par le bureau fédéral qui, quelques mois plus tard, annonçait que l’affaire était réglée. Selon un autre rapport des Renseignements généraux, il présida la fête communiste à Lanriec le 20 juillet 1952 avec Alain Signor. Enfin, un autre rapport des RG, le 24 février 1953, indiquait qu’il allait être exclu en raison de son fort « sectarisme », de « son caractère trop indépendant », d’un « travail fractionnel » et de la mauvaise gestion municipale. Il en était même venu aux mains avec Daniel Trellu, secrétaire fédéral. Son exclusion fut décidée par la conférence fédérale du PCF, les 28 février-1er mars 1953. Il ne fut pas réélu aux élections municipales de 1953, défait par une liste composite menée par Yves Yvenou (pharmacien) et José Guillou (1er adjoint puis maire en septembre 1954, capitaine d’armement) allant de la SFIO au RPF et à la droite catholique conservatrice, soudés par un anticommunisme virulent.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159309, notice QUELVEN Albert, Guillaume par Christian Bougeard ; François Prigent, version mise en ligne le 2 juin 2014, dernière modification le 9 février 2022.

Par Christian Bougeard ; François Prigent

SOURCES : Arch.Nat., F7 15477 (dossier 151) — Arch. Dép. Finistère, 1265 W 27, dossier n°4030 (Émilie Goubin), rapports des renseignements généraux. — Arch. Mun. Concarneau. — Ressources en ligne (lanriec.com et ptitvachic.net). —Louis Orvoën, Léon Guéguen, Claude Faguen, Le Conseil général du Finistère de 1871 à 1988, éd. du Conseil général, 1988. — Michel Guéguen, Louis-Pierre Lemaître, L’Aigle sur la mer. Concarneau 1944-1945, t. 3, 1988. — Isabelle Picart, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la IVe République, maîtrise d’histoire, UBO, 19. — François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse, Université Rennes 2, 2011 —Notes de Jacques Girault.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable