Par Jacques Girault, Gilles Morin
Né le 28 janvier 1944 à Reims (Marne) ; professeur ; militant socialiste ; premier secrétaire de la fédération socialiste de la Marne.
Fils d’un gardien de la paix, Gilles Quénard, issu d’une famille socialiste originaire du canton d’Anglure dans la Brie champenoise, passa son enfance dans le Berry, étant placé, avec son frère, à l’orphelinat d’Osmoy (Cher) après le décès de son père dans le cadre de son service. Après une scolarité au lycée Alain Fournier de Bourges, après une année en classe préparatoire au lycée Chaptal, il poursuivit des études de Lettres à la Sorbonne. Il obtint son année de Propédeutique puis séjourna deux années en Angleterre dans les Midlands, où il milita au sein du Parti travailliste. Titulaire de la licence d’Anglais, il commença à préparer un doctorat d’Histoire. Revenu dans la Marne en 1967, il enseigna l’Anglais au lycée Jean Jaurès de Reims puis au lycée technique Franklin Roosevelt, avant de devenir en 1977 le documentaliste de ce lycée. Il fut ensuite principal de collège dans l’Académie de Nantes de 1983 à 1990, puis à Reims de 1990 jusqu’à son départ à la retraite en 2006.
Proche de François Mitterrand depuis sa jeunesse, il rejoignit le Parti socialiste SFIO en mars 1962 dans le sillage de Pierre Mauroy et de son assistant Roger Fajardie, ancien élève du lycée de Bourges et suivit François Mitterrand à partir du congrès d’Évian de 1963. Il participa en 1967 à la mise en place de la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste, regroupant la SFIO, seul parti important dans la Marne, les Radicaux et les Conventionnels. Dans les débats d’unification, il fut signataire de la motion proposée par Guy Mollet et Pierre Mauroy, pour le congrès national constitutif de mai 1969 à Alfortville, puis de la motion Mollet pour le congrès d’Issy-les-Moulineaux en juillet 1969.
Considéré successivement comme membre de l’UDSR, du Rassemblement démocratique, puis de la Convention des institutions républicaines, pour resserrer les liens avec la SFIO, notamment chargé d’incorporer les Radicaux dans l’alliance, il obtint leur réorganisation derrière Georges Hiltgen. Il le fit sur un affichage clairement unitaire en proposant la conclusion d’un accord avec le Parti communiste français. A la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, à partir d’octobre 1967 et au PS ensuite, il fut le second de René Maillard puis d’Édouard Gourtovoy, jusqu’à sa désignation comme premier secrétaire de PS de la Marne en janvier 1971. Bien qu’investi par Paris comme candidat socialiste aux élections législatives de juin 1968 face à Jean Taittinger, il préféra devenir le suppléant de Paulette Billa, alors maire de Tinqueux (Marne). En mars 1971, avec l’ancien député communiste René Tys* comme colistier et second, Gilles Quénard conduisait la liste d’Union de la Gauche aux élections municipales de Reims face au ministre UNR Jean Taittinger, maire sortant. Il signa la motion B (CERES) pour le congrès d’Épinay en 1971. Il conduisait la liste d’union de la gauche aux élections municipales de Reims en 1971. A partir de juillet 1973, après trois mandats successifs comme premier secrétaire, il parraina la candidature de Georges Collin qu’il contribua à faire élire conseiller général puis député socialiste de 1981 à 1993.
D’octobre 1967 à juillet 1973, période où il était secrétaire fédéral, Gilles Quénard siégea comme administrateur du quotidien régional L’Union, en tant que représentant d’un des douze groupements issus de la Résistance et devenus conjointement propriétaires du journal à la Libération.
Gilles Quénard militait en 1974 dans la section viticole de Verzenay. Hostile à la majorité CERES en 1974, avec Michel Devèze et Jean Sammut, il fédéra le courant 1. Il quitta les instances locales du PS en décembre 1976 à propos de différends internes sur la stratégie à adopter pour les élections municipales de mars 1977. Le CERES, qui tenait alors la fédération socialiste et en avait transféré le siège à Châlons-en-Champagne, penchait pour une ligne autonome alors que Quénard prônait le maintien de l’union de la Gauche, dont il avait été le précurseur dans la Marne. Pour les élections municipales de 1977, il diffusa un communiqué de presse appelant le PS local à davantage de loyauté envers ses partenaires. Convoqué devant la commission fédérale des conflits réunie à Reims sous la présidence du chalonnais Jean Sammut, temporairement suspendu, il se plaignit de cette sanction dans une lettre à la direction nationale du PS. Il expliquait notamment, qu’en tant que bibliothécaire du lycée technique, il avait été accusé d’irrégularités dans la distribution d’ouvrages aux boursiers. Les militants du CERES en avaient profité pour le faire écarter. Grâce à l’intervention de la marnaise Anne Chépy alors secrétaire nationale, il fut réintégré par François Mitterrand dont il était proche. Il continua à militer sur le terrain et au moment des élections, tant en faveur des candidats socialistes aux élections législatives qu’en faveur des listes d’union aux élections municipales.
Sur le plan professionnel, Quénard quitta la Marne en septembre 1983, ayant été nommé principal du collège de Villaines (Mayenne). Muté au Mans (Sarthe) à la tête du collège du Ronceray, il revint à Reims en octobre 1990 comme principal du collège Paul Fort et finit sa carrière comme principal du collège du quartier Saint Rémi en juillet 2006. Militant « Unité et Action » du Syndicat national des enseignements de second degré, il adhéra au Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale. Membre de la Libre Pensée, il militait dans les organisations laïques dont le Comité départemental d’action laïque
Se consacrant surtout à l’écriture de monographies sur l’histoire de la Gauche dans la Marne, Gilles Quénard faisait en 2014 figure à Reims de gardien de la tradition socialiste, à la fois unitaire et populaire. En mars 2006, il devint le secrétaire marnais de l’Amicale des Vétérans du PS ; s’ajoutèrent en septembre 2007 le secrétariat de l’Association familiale laïque et en juin 2009, de la branche locale du mouvement Libération-Nord.
Gilles Quénard se maria en octobre 1971 à Verzenay. Son épouse, née Annick Bianchini, agent hospitalier, appartenait à une famille de vignerons socialistes dans la Montagne de Reims. Le couple eut deux fils.
L’aîné, Eric Quénard, fut le premier adjoint de la maire socialiste de Reims (2008-2014) et conseiller général du canton 5 de Reims depuis mars 2001.
Par Jacques Girault, Gilles Morin
SOURCES : Arch. Nat., 20040455/1. —Fédération J. Jaurès,12 EF 51. — Renseignements fournis par l’intéressé. — La Documentation socialiste, avril 1969, juin 1969. — Ministère de l’Intérieur, Les élections législatives de 1973, La documentation française.