BERGERON Adam, dit François-Joseph [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né le 27 avril 1823 à Lyon (Rhône), marié le 11 février 1858 à Lyon, sans enfant, maître tisseur ; républicain socialiste en 1848, membre de l’AIT, impliqué dans la tentative d’insurrection du 30 avril à La Guillotière ; proche des blanquistes new yorkais ; rentré en France en 1879, il finit socialiste modéré.

Républicain en 1848, Adam Bergeron fut, en 1862, délégué à l’Exposition universelle de Londres. Président de l’association des Maîtres tisseurs de la Croix-Rousse il appartint, entre 1865 et 1867, à la première section lyonnaise de l’Internationale (rapport du commissaire Faure, février 1870).

Bien qu’ayant été réformé, Adam Bergeron servit pendant la guerre de 1870, comme sergent-major de la garde nationale de Lyon. Il fit partie de la Commission exécutive de la Commune qui siégea à la mairie de la Guillotière le 30 avril 1871 et il donna l’ordre de faire battre le rappel dans le IVe arrondissement. Il parvint ensuite à éluder les recherches. Le 13 décembre 1871, le conseil de guerre le condamna par contumace, à la déportation dans une enceinte fortifiée.

Contraint à l’exil, Adam Bergeron partit dans un premier temps pour Genève. De là il gagna les États-Unis (il parlait couramment anglais). Il y passa deux ans, en 1872-73, et l’on retrouve sa signature au bas de la pétition diligentée par Mégy à la demande des blanquistes de Londres pour protester contre la proposition de rédiger une contre-enquête officielle favorable à la Commune. L’année suivante, il était un des représentants officiels de la Société des réfugiés de la Commune à New York.

On sait qu’Adam Bergeron devait se fixer définitivement en Suisse vers 1879. Il se peut qu’entre temps il ait séjourné à Buenos Aires, ou un Bergeron déployait en mai 1873 une activité pro-blanquiste en parfaite synchronie avec les agissements des blanquistes new yorkais et européens.

De retour en Europe, Adam Bergeron se fixa à Horgen, près de Zurich. Le 16 mars 1879, le vice-consul de France à Zurich écrivait à son sujet : « Tisseur en soie assez habile, il gagne facilement sa vie. » Et il ajoutait : « En politique, il ne cache point ses idées socialistes très arrêtées et discute de bonne foi les utopies socialistes. Il déclare cependant n’avoir jamais voulu faire partie de l’Internationale en France (sic) ; il ne sympathise pas, dit-il, avec les chefs de cette association [..] La police locale ne m’a rien signalé contre lui, mais je crois qu’il se guérira difficilement de sa trop grande exaltation politique ; c’est bien fâcheux, car il me paraît au fond doué d’une très grande honnêteté et eût été sans cela un homme des plus recommandables. »

Adam Bergeron fut gracié le 8 mai 1879 et rentra en France. Après son retour, le comité de l’Alliance des radicaux socialistes de Lyon le présenta, le 9 janvier 1881, aux élections municipales de Lyon. Il ne fut pas élu. Le 4 février 1881, il fut de ceux qui, avec le docteur Jantet, lors d’une réunion du comité de l’Alliance, proposèrent la création du cercle d’études sociales du IVe arr. destiné « à faire revenir Lyon, au point de vue radical, ce qu’il était en 1848 et 1872 ». Lorsque les blanquistes prirent le contrôle du cercle en 1883, Bergeron resta fidèle au modérantisme inspiré par Jantet.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159379, notice BERGERON Adam, dit François-Joseph [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 3 juin 2014, dernière modification le 3 juin 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCE : Arch. Nat., BB24 866, n° 7864. — Arch. Dép. Rhône, série R, Conseil de guerre de 1871, liasse À à C. — Arch. Mun. Lyon, I 2/55, pièce 27 (Rapport du commissaire Faure, février 1870). — Le Socialiste, 22 juin 1872, 9 mars 1873. — James Guillaume, L’Internationale. Documents et souvenirs (1864-1878), Paris, Stock, 1905-1910, 4 vol. cf tome 2, p. 147. — Ricardo Falcón,« La Primera Internacional y los origenes del movimiento obrero en Argentina (1857-1879) », Paris, CEHSAL, Cuadernos n° 2 (1980). — Michel Cordillot, « Les Blanquistes à New York », 1848, révolutions et mutations au XIXe siècle, 1990. — CDRom Maitron.

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