BILLARD Gilbert [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Mort en 1870 au Kansas (État-Unis) ; cultivateur ; chef insurgé en 1851, évadé de Cayenne ; militant antiesclavagiste au Kansas.

Né le 20 mai 1816 à Saint-Léon (Allier), cultivateur au hameau du Puy, Gilbert Billard fut averti dès le 3 décembre qu’un coup d’État était en cours à Paris. Doué d’une force herculéenne et exerçant sur les paysans des environs un fort ascendant , il fut alors chargé par les chefs républicains locaux de s’emparer le lendemain des autorités de Saint-Léon et de Jaligny en prenant la tête des insurgés de Lapalisse (Allier). À Saint-Léon, il se heurta à la résistance organisée par le maire. Il se détourna alors sur Jaligny et s’empara de la localité où environ 400 insurgés se rassemblèrent. Mais à l’annonce que des troupes étaient en marche pour venir rétablir l’ordre, les insurgés se dispersèrent. Le 5, Billard tenta un dernier coup de main en mobilisant les mineurs de Bert. Mais l’arrivée d’un groupe de chasseurs à cheval fit échouer sa tentative et entraîna son arrestation. Transporté à Cayenne, il réussit à s’évader durant l’été 1852 avec onze co-détenus. Il se réfugia Paramaribo (Guyane hollandaise), avant de gagner Sans Francisco, puis New York où il retrouva sa famille.

Il fut (avec Sardou) l’un de ceux qui se laissèrent tenter par l’aventure des pionniers. Ces « courageux citoyens » décidèrent de partir pour l’Ouest. Accueillis durant quelques jours à Saint Louis par Louis Cortambert (voir ce nom), ils partirent ensuite pour le Kansas, préféré au Nebraska pour avoir « l’honneur de participer à la croisade contre l’esclavage » tout en jouissant d’un climat plus clément.

Le 28 août 1854, ils s’installèrent comme fermiers sur le site de la future ville de Topeka à l’initiative de l’Emigrant Aid Society. Ils prirent possession de terrains voisins appartenant à la section 28, de part et d’autre de ce qui est aujourd’hui la N.E. Sardou Avenue. Ils eurent à affronter des débuts difficiles (la cabane de Sardou fut à trois reprises détruite en 1854), mais finalement ils réussirent à s’implanter durablement puis à prospérer.

Durant la période marquée par de violents affrontements qui précéda la guerre de Sécessions (« Bloody Kansas », 1856-57), Billard soutint naturellement la cause antiesclavagiste.

Gilbert Billard mourut au Kansas (États-Unis) à une date inconnue, mais antérieure à 1881. Sa veuve, née Antoinette Bruet, obtint une pension au titre de la loi de réparation nationale de 1881.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159385, notice BILLARD Gilbert [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 3 juin 2014, dernière modification le 26 mai 2020.

Par Michel Cordillot

SOURCE : Arch. Dép. Loire, 10 M 36. — AN, F15 3981. — Le Républicain, 25 août 1854. — Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Paris, Arch. nat., 1992.— J. Cornillon, Le Bourbonnais en décembre 1851. Le coup d’État, Cusset, imprimerie nouvelle, 1903, p. 93-104, 310-311. – Charles Clerc, Les Républicains de langue française aux Etats-Unis, 1848-1871, Thèse, Univ. Paris XIII, 2001, p. 121. — Notes de René Merle. — Le Temps, 15.6.1870 sur Gallica.

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