SULLY Charles [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot, François Fourn.

Ouvrier relieur ; exilé à Londres durant les années 1840, membre de l’association des Democratic Friends of All Nations ; communiste néo-babouviste converti au communisme icarien ; chargé par le docteur Berrier-Fontaine de préparer l’implantation d’Icarie au Texas, il fut blâmé pour l’échec qui s’ensuivit.

Ouvrier relieur, Charles Sully vivait en exil à Londres en 1844-45. Sans doute avait-il été membre des sociétés secrètes, puisqu’il inclinait au départ vers le néo-babouvisme. Il adhéra à l’association internationale des Democratic Friends of All Nations fondée à Londres en 1844, qui regroupait des owenistes et des chartistes anglais, ainsi que des exilés de divers pays d’Europe. En juin 1847, il adressa au Populaire une lettre dans laquelle il annonçait la formation à Londres d’un Comité communiste chargé d’aider Cabet dans son projet d’émigration : « Une émigration communiste en Amérique est depuis plusieurs années l’objet de mes études ; car depuis trois ans, je me suis convaincu que c’est le vrai moyen de salut pour notre race et la seule possibilité d’établir la Communauté. » Ce fut Sully qui rencontra le premier Robert Owen pour le prévenir des projets de Cabet et qui organisa leurs rencontres en septembre et décembre 1847. Robert Owen mit Cabet en relation avec Peters, un concessionnaire de terres au Texas qui demeurait à Cincinnati (Ohio). Charles Sully fut alors chargé par Cabet de partir en éclaireur aux États-Unis afin de reconnaître dès septembre le lieu choisi pour installer la colonie d’Icarie.

À son arrivée à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), qui fut annoncée par le Populaire daté du 16 mars 1848, Charles Sully trouva dans cette ville neuf personnes au total qui se réclamaient de la doctrine de Cabet. Lorsqu’il se mit en route pour gagner le site d’Icarie, il s’aperçut que la Rivière rouge n’était pas navigable en amont de Shreveport (Louisiane). De cette ville, il écrivit pourtant à Cabet le 19 février (lettre publiée dans le Populaire, dès reception à Paris, le 27 avril) : « (...) je puis vous dire que tout ce que j’ai pu voir et entendre m’affermit dans l’idée que la place au monde la plus propice pour fonder notre Icarie, est là où nous avons espéré la trouver. » Il acheta alors de sa propre initiative, un vaste terrain à Sulphur Prairie (Texas) jugé mieux adapté à une implantation provisoire. Mais lors de l’arrivée de la première avant-garde emmenée par Gouhennant, il ne sut pas se montrer suffisamment convaincant pour persuader les membres du groupe de s’y installer dans un premier temps.

L’échec dramatique des Icariens au Texas lui fut en partie imputé par Cabet. Lors du procès en escroquerie qui lui fut intenté à Paris par plusieurs anciens Icariens, ce dernier déclara en effet avoir été trompé par Sully (et d’autres).

Il semblerait que Charles Sully soit resté aux États-Unis puisqu’il fit paraître quelques années plus tard à New York un petit ouvrage en anglais prônant l’association.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159455, notice SULLY Charles [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, François Fourn., version mise en ligne le 4 juin 2014, dernière modification le 4 juin 2014.

Par Michel Cordillot, François Fourn.

ŒUVRE : Associative Manual, New York, Dewitt & Davenport, 1851.

SOURCES : Le Populaire, 4 juillet, 14 novembre 1847, 18 janvier, 16 mars 1848, 1er juillet 1849 entre autres. — Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, p. 224, 232-33, 260. — Arthur Lehning, De Buonarroti à Bakounine, Paris, Champ libre, 1977. — Harry F. Wade, « Les Communistes in East Texas [The Cabetists] », East Texas Historical Journal, vol. 24, n°1 (1986), p. 15-26. — Robert P. Sutton, Les Icariens : The Utopian Dream in Europe and America, Urbana, University of Illinois Press, 1994, passim.

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