TANGUY Alexis [TANGUY Yves, Alexis, Marie] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Lorient (Morbihan) le 7 avril 1834, mort à Paris en 1892 ; peintre vitrier après avoir été marin ; célibataire ; coopérateur et membre de l’AIT ; membre de la commission municipale du Ier arr. de Paris sous la Commune ; exilé à Londres puis à New York ; membre de la commission de contrôle du Socialiste et adhérent de la Société des réfugiés ; membre de la colonie icarienne de Corning après une tentative infructueuse de colonisation au Venezuela ; favorable à la Jeune Icarie.

Coopérateur, Alexis Tanguy fut membre de la commission d’organisation du premier banquet des associations ouvrières de Paris le 19 septembre 1869. Il y prononça un discours en faveur de la coopération et demandant l’abolition du salariat. Il était également membre de l’AIT. Au lendemain de la proclamation de la République, il fut membre du comité de vigilance républicain du Ier arr. Il demeurait alors 60, rue de Rivoli.

Sous la Commune, Alexis Tanguy fit partie de la commission municipale du Ier arr. avec Joly, Napias-Piquet, le Dr Pillot, Sallée, Toussaint et Winant. Le 4 mai 1871, Darigand, Tanguy, Tecqmène et Winant lancèrent un appel aux Belges résidant dans le Ier arr. pour qu’ils constituent un corps armé au service de la Commune de Paris.

Le 12 juillet 1873, le 4e conseil de guerre condamna Tanguy par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation civique (il fut gracié le 8 mai 1879).

Après la Semaine sanglante, Tanguy réussit à passer en Angleterre. En août 1871, il figurait parmi les fondateurs de la Section fédéraliste française de 1871 de Londres. En mars 1872, sa présence était encore signalée dans cette ville.

Il gagna sans doute les États-Unis peu après. On le retrouve à New York au printemps 1873. En avril, le Socialiste annonça qu’il venait d’être nommé membre de la commission de contrôle du journal.

En 1874 ou 1875, il participa avec Jean Bedouch et J. Berger (voir ces noms) à une tentative visant à implanter une colonie agricole socialiste aux environs de Caracas (Venezuela). Celle-ci se solda sans doute par un échec puisque Tanguy était de retour à New York en février 1876. Le 30 mars, il assistait à la séance de la Société des réfugiés de la Commune où fut décidée l’expulsion définitive des frères Gustave et Élie May (voir ces noms).

À l’automne 1876, Alexis Tanguy décida d’aller rejoindre Arsène Sauva en Icarie. Il arriva à Corning (Iowa) vers novembre. Pris dans les luttes de factions de l’année 1877, il se rangea aux côtés des dissidents de la Jeune Icarie en contresignant le Précis sur Icarie rédigé par Émile Péron.

Fatigué de ces luttes intestines, Tanguy quitta Icarie au début de l’année 1878 pour se faire peintre en bâtiment à Corning. Il n’y resta que quelques mois, et en 1879 il était de retour à Paris. Le 18 novembre de cette année-là il fut en effet exclu de la chambre syndicale des ouvriers peintres en bâtiment sur la foi d’accusations émanant des membres de la Vieille Icarie et répercutées à Paris par des relais locaux. La question fut soumise à un jury d’honneur, qui le blanchit finalement début 1882 de toutes les accusations qui avaient été proférées contre lui.

Alexis Tanguy mourut à Paris en 1892.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159456, notice TANGUY Alexis [TANGUY Yves, Alexis, Marie] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 4 juin 2014, dernière modification le 22 septembre 2020.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/860, n° 3980. — Arch. PPo, B a/368, 428, 429, 435 et listes de contumaces. — Courrier français, 22 septembre 1870. — Le Socialiste, 27 avril 1873. — Bulletin de l’Union républicaine, 18 février 1876. — Le Communiste libertaire, juin 1882. — Premier banquet des associations ouvrières, Paris, au bureau du journal Le Travail, 1869. — Les Murailles politiques, vol. 2, Paris, Le Chevalier, 1874, p. 167 et 416. — Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, passim. — Robert P. Sutton, Les Icariens : The Utopian Dream in Europe and America, Urbana, University of Illinois Press, 1994, passim.

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