VALLET Émile [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Communiste icarien ; cordonnier, puis pépiniériste.

Né le 27 avril 1834 à Orsay (Seine-et-Oise), Émile Vallet partit pour les États-Unis le 17 décembre 1850 et arriva à destination le 15 février 1851. Il retrouva ses parents et son frère qui étaient déjà membres de la communauté de Nauvoo (Illinois).

Lors du recensement de 1850, Émile Vallet se déclara « professeur », mais à Nauvoo il travailla surtout comme maçon (il participait à la réfection du grand temple des Mormons lorsque celui-ci s’écroula). En juillet 1854, il était employé à l’atelier de tonnellerie et faisait par ailleurs partie de la fanfare icarienne ; son épouse travaillait pour sa part à l’atelier de couture. En septembre 1854, Émile Vallet fut élu membre de la commission des divertissements ; le 27 janvier 1855, il fut élu secrétaire de l’assemblée générale.

Effrayés par les dissensions qui déchiraient la communauté, Émile Vallet demanda à quitter la colonie le 3 février 1856 en même temps que son frère et son père. À l’automne 1856, il fut l’un des 76 anciens membres de la communauté qui signèrent une pétition de soutien à l’opposition, dans laquelle étaient dénoncées les tendances « dominatrices [et] antidémocratiques » de Cabet. Il se plaignit plus tard qu’au cours des six années passées à Icarie, ce dernier ne lui ait jamais adressé une seule fois la parole.

Secrétaire de la colonie icarienne, il fit savoir en octobre 1870 au Messager franco-américain qu’un comité présidé par Théodore Deffauday avait organisé parmi les Icariens une collecte au profit des victimes de la guerre franco-prussienne. Cette collecte rapporta 147 dollars 20.

En 1877-78, Émile Vallet était en correspondance avec Jules Leroux. Dans une longue lettre reproduite dans le supplément de l’Étoile du Kansas et de l’Iowa en date du 10 janvier 1878, il s’attacha à analyser les raisons de l’échec de la communauté de Nauvoo, constatant avec tristesse que les mêmes causes étaient en train de produire les mêmes effet à Corning (Iowa) ; cette lettre était contresignée par une dizaine d’anciens Icariens. Peu après, il fit savoir à Jules Leroux que ses moyens ne lui permettaient plus de payer son abonnement, et il lui conseilla de faire montre d’un peu plus de modestie et de ne pas croire qu’il avait toujours raison seul contre tous.

En 1904, Jules Prudhommeaux rencontra Émile Vallet à Nauvoo, où il exerçait la profession de pépiniériste. Il s’était installé dans cette ville peu après avoir demandé la citoyenneté américaine le 15 octobre 1856.

Émile Vallet avait pour violon d’Ingres la peinture. Il a laissé deux œuvres témoignant de son passage dans la communauté icarienne : « Le grand temple des Mormons à Nauvoo » et « Vue de Nauvoo ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159463, notice VALLET Émile [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 4 juin 2014, dernière modification le 4 juin 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Federal census 1850. — Naturalization Records, Hancock County, Ill. — Colonie icarienne, 26 juillet, 20 septembre, 27 septembre, 4 octobre 1854. — Revue icarienne, n°1, octobre 1856. — L’Étoile du Kansas et de l’Iowa, 10 janvier, 1er juin 1878, 1er janvier 1879. — Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, passim. — An Icarian Communist in Nauvoo, Springfield, Illinois Historical soc., 1971, 79 p. — David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Québec, Presses de l’Université de Laval, 1992, p. 801. — Robert P. Sutton, Les Icariens : The Utopian Dream in Europe and America, Urbana, University of Illinois Press, 1994. — Charles Clerc, Les Républicains de langue française aux Etats-Unis, 1848-1871, Thèse, Univ. Paris XIII, 2001, p. 354. — Notes de Robert P. Sutton.

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