Par Jean-Marie Guillon
Né le 15 octobre 1916 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Maritime), exécuté le 12 juin 1944 à Aups (Var) ; gendarme ; Mouvements unis de la Résistance (MUR), maquisard Armée secrète (AS).
Fils naturel d’Isabelle Gourmelen, sans profession, et de Léon Duchatel, marié, François Duchâtel était mécanicien à la Valette-du-Var, commune voisine de Toulon (Var). Il s’engagea en 1937 au 24e bataillon de chasseurs alpins de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), puis servit en Tunisie dans les spahis et au 4e régiment de chasseurs d’Afrique. Il passa ensuite dans la gendarmerie et suivit la formation de l’école de gendarmerie de Pamiers (Ariège) en 1942. Il fut affecté à la brigade d’Aups, dans le Haut-Var, à sa sortie de l’école. Signalé le 3 février 1944 dans un rapport d’un agent du Sipo-SD de Draguignan (Var) comme avertissant les résistants menacés, notamment par son chef de brigade, François Duchâtel était alors pleinement dans la Résistance et c’est ainsi qu’il se présenta avec son collègue Bouet à Daniel Bénédite, responsable du chantier forestier du Pelenq (Moissac-Bellevue-Régusse, Var) et à Roger Taillefer alias Burin qui le fit entrer dans le sous-réseau de renseignement des MUR qu’il dirigeait. Lors de la mobilisation de la Résistance, François Duchätel et son collègue Bouet prirent le maquis et, le 7 juin 1944, rejoignirent le maquis AS Vallier qui stationnait dans le Plan de Canjuers au nord d’Aups et qu’ils aidaient déjà. Le 12 juin, la camionnette dans laquelle ils se trouvaient et qui était en mission de ravitaillement fut arrêtée à un barrage établi par des miliciens de Marseille (Bouches-du-Rhône) à l’une des entrées du village d’Aups, alors que la Milice du Var et des Bouches-du-Rhône investissait la localité en représailles après l’occupation du village par les maquisards le 7 juin et la mort de trois soldats allemands. Bouet put s’échapper, mais les trois autres occupants du véhicule dont François Duchâtel, furent arrêtés. Une arme ayant été trouvée à l’intérieur, François Duchâtel et le chauffeur du véhicule, Ernest Millet* furent fusillé sur le champ après un simulacre de jugement. Le troisième occupant, Roger Donadini, qui s’était débarrassé de l’arme, fut gardé comme prisonnier par les miliciens.
François Duchâtel était marié et père deux petites filles âgées de huit mois et trois ans.
Une stèle fut érigée à la mémoire de Duchâtel et Millet sur les lieux de l’exécution - la « Villa Rose » - le 14 juillet 1945 par la commune d’Aups et leurs camarades de Résistance. Son nom fut donné à une place du village. Il fut honoré aussi à La Valette. Son corps fut transféré le 10 mars 1951 au cimetière militaire de cette commune avec les honneurs militaires. Il figure sur le monument aux morts du carré militaire du cimetière et, avec les autres morts de la résistance locale, sur la plaque apposée sur la mairie par le Secours Populaire le 23 août 1945. Son nom fut donné à un chemin de la commune par décision du conseil municipal du 12 juillet 1945, chemin devenu depuis une avenue. Il vient d’être donné, le 1er juin 2018, à la nouvelle caserne de gendarmerie de la Valette. Homologué comme sous-lieutenant FFI, il fut décoré à titre posthume de la Légion d’honneur avec citation à l’ordre de l’armée, de la Médaille militaire, de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre avec palme. Il fut reconnu « Mort pour la France ».
Par Jean-Marie Guillon
SOURCES : Arch. dép. du Var 1 W 8 et 1 W 33. ⎯ Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, Cour de justice de Toulon 22 (ancienne cote). ⎯ sites Internet Mémoire des Hommes SHD Caen AC 21 P 174568 et Lessor.org. ⎯ Daniel Bénédite, [Un chemin vers la liberté sous l’Occupation. De Varian Fry au débarquement en Méditerranée. Marseille-Provence 1940-1944], Paris, Éditions du Félin, 2017. — Gleb Sivirine (Vallier), Le Cahier rouge du maquis, Artignosc, Paroles éditions, 2007. — Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var, thèse de doctorat d’État, Université de Provence (Aix-Marseille I), 1989. — État civil.