MARIN Charles, Henri [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né le 28 novembre 1846 à Paris ; dessinateur ; communard ; en fuite aux États-Unis après la Semaine sanglante ; membre de la Société américaine des réfugiés de la Commune ; membre et responsable local de l’URLF (et sans doute de l’AIT), du SDWP, puis du WPUS et enfin du SLP.

Frère d’Armand Marin, Charles Henri Marin servit la Commune de Paris en qualité d’officier payeur au 122e bataillon fédéré. Il fut condamné par contumace, le 24 décembre 1872, par le 20e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée.

Réfugié aux États-Unis, Charles Marin passait pour être le secrétaire de la Société des réfugiés de la Commune en 1874. À peu près à la même époque, il rejoignit les rangs du Social-Democratic Workingmen’s Party (SDWP) qui rassemblait des socialistes déçus par la scission de l’AIT.

Charles Henri Marin s’installa ensuite à Newark, 55 Green street, pour y exercer sa profession de dessinateur. En 1876, il fut l’un des organisateurs de la commémoration de l’anniversaire du 18 mars dans cette ville. Il était alors proche d’Eugène Pottier (avec qui il signa un texte démentant que les frères Élie et Gustave May aient été expulsés de la Société des réfugiés) et du Dr Parisel (voir ces noms). Il fit également partie (avec Parisel et plusieurs autres) de la délégation qui accueillit à leur arrivée à New York les délégués français venus visiter l’exposition universelle de Philadelphie.

Membre de l’Union républicaine de langue française (URLF), Charles Henri Marin était le correspondant à Newark du projet « La Fraternité » qui visait à fonder au Chili une colonie socialiste agricole (dont le siège était domicilié dans les bureaux du Dr Parisel), et il fit une conférence sur ce projet à l’attention des membres et sympathisants de l’URLF. Le 8 juillet 1877, il participa aux funérailles du Dr Parisel, figurant parmi les porteurs du cercueil. C’est également lui qui, selon certaines sources journalistiques, aurait réussi à dissuader la mère du défunt de laisser entrer le prêtre.

Lors de la constitution du Workingmen’s Party of the United States (WPUS) en juillet 1876, Charles Henri Marin convainquit l’ensemble des adhérents de la section française du SDWP de Newark de rejoindre le nouveau parti. Lui-même fut élu membre du bureau, avec les fonctions de secrétaire des séances et secrétaire-correspondant. Il fut, avec le Dr Parisel, un des rares socialistes français à devenir membre de ce parti ouvrier anglophone, qui fut aussi le premier parti se réclamant du marxisme fondé aux États-Unis. Une correspondance publiée dans le Labor Standard à propos du congrès du WPUS qui devait se tenir à Newark le 24 décembre 1877, et pour la préparation duquel Marin avait été désigné comme secrétaire français et anglais (ce qui atteste de son bilinguisme), laisse également supposer qu’il fut l’un des principaux artisans de la transformation du WPUS en Socialistic Labor Party.

La trace de Charles Henri Marin se perd ensuite, sans que l’on sache s’il retourna en France après qu’il eut été amnistié en 1879.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159525, notice MARIN Charles, Henri [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 5 juin 2014, dernière modification le 27 janvier 2020.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Min. Guerre, 20e conseil (n° 651). — Arch. PPo., listes de contumaces et Ba/435, rapport du 28 mai 1876. — Bulletin de l’Union républicaine, 17 mars, 16 mai 1876. — The Socialist, 15 juillet 1876. — Labor Standard, 7 octobre 1876, 8 décembre 1877. — New York Herald, 8 juillet 1877. — New York Sun, 9 juillet 1877.

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