MAY Gustave, Charles [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Paris le 23 janvier 1845 ; demeurant à Paris, 41, rue Beaubourg, IIIe arr. ; négociant en pierres fines ; militant blanquiste ; intendant général sous la Commune ; exilé aux États-Unis ; entré en conflit avec les blanquistes, il fut exclu, ainsi que son frère Élie, de la Société des réfugiés ; franc maçon.

Militant blanquiste à la fin du Second empire, Gustave May fut également attiré très jeune par la Franc Maçonnerie, à l’image de nombreux militants républicains. Il se fit. initier à la Loge « Les Trinitaires » sous les auspices de Suprême Conseil de France : Chevalier Rose-Croix (18e degré du rite) à l’âge de 24 ans en 1869, il accéda au plateau de Premier Surveillant au moment où éclatait la guerre de 1870.

Pendant le premier siège, Gustave May participa à la journée du 31 octobre, son bataillon assurant la garde rapprochée de Blanqui.

Le 27 mars 1871, il fut nommé par Eudes intendant général de la Commune. Gustave et son frère Élie, qui s’étaient associés, furent accusés de concussion et remplacés, le 2 mai, par Varlin, délégué par le Comité de salut public. Celui-ci leur écrivit le 6 mai : « Je suis heureux de pouvoir affirmer que je n’ai rien trouvé dans les actes de votre administration qui soit de nature à compromettre en rien votre honorabilité. »

Le 6e conseil de guerre condamna par contumace les deux frères à la déportation dans une enceinte fortifiée le 31 août 1872.

Gustave May se réfugia à New York. Il y arriva avec son frère début septembre 1871. Ils furent interceptés par les douaniers américains, porteurs de diamants d’une valeur totale estimée à 3 390 dollars, et ils furent accusés de contrebande (voir la lettre d’explication parue dans Le Socialiste le 18 novembre 1871). Plus tard l’origine exacte de ces pierres allait être au cœur d’âpres controverses entre réfugiés.

Membre du premier noyau blanquiste en voie de constitution autour d’Edmond Levraud, Gustave May envisagea durant quelque temps de se lancer avec son frère et Levraud dans le commerce de l’article de Paris et de la bijouterie de pacotille. Mais bientôt les relations se tendirent entre les frères May et les autres membres du groupe. Les accusations de corruption et de prévarication refirent surface, nourrissant l’antisémitisme de certains de leurs accusateurs. On en arriva même à échanger des coups (« J’ai le pouce foulé d’avoir foutu sur la gueule de Gustave May » écrivait Mégy à Eudes le 2 février 1872).

Le 9 mars 1872, Élie repartit pour Londres. Il est vraisemblable que Gustave repartit avec lui puisque le 3 avril, ils participaient tous les deux dans cette ville, à une grande réunion des loges maçonniques anglaise. Le 10 juillet, Gustave repartait pour l’Amérique en compagnie de son frère. Il s’installa alors à New York, 657 6e avenue.

En novembre 1872, Gustave May participa à la réunion qui se tint à Newark et au cours de laquelle fut décidé le lancement d’une souscription nationale au profit des veuves et des orphelins des combattants de la Commune, et il en fut élu secrétaire. Quelques semaines plus tard, il en fut élu, contre Benoît Hubert, trésorier national. Cette désignation provoqua alors une cascade de démissions dans le comité newyorkais et une tempête de protestations parmi les blanquistes. Dans les jours qui suivirent, Mégy, Crosse et Jules Thomas (voir ces noms) appelèrent tous les communeux présents à New York à se réunir pour protester. Cette même réunion allait être à l’origine de la constitution de la Société des réfugiés. Lors de la deuxième réunion des réfugiés de la Commune, Gustave May était présent. Il semble qu’il ait dès ce moment fait l’objet d’une première commission d’enquête dirigée par Bedouch.

La polémique rebondit peu après, lorsque Gustave May envoya un premier versement équivalent à 437 dollars à Lockroy à Paris, alors que ce dernier était considéré peu ou prou comme un traître. Après un échange assez âpre entre Gustave May et Constant Christenert, deux « jurys d’honneur » furent constitués (juin et novembre 1873) pour innocenter ce dernier. Toutefois le 17 janvier 1874, une première commission d’enquête mise en place par la Société pour décider de la véracité des accusations pesant contre Gustave May et son frère conclut à un non-lieu.

Entre temps, il semble que les frères May aient joué un rôle de premier plan dans le mouvement révolutionnaire de l’hiver 1873-74. Gustave était présent avec son frère lors des échauffourées de Tompkins square. L’un d’entre eux harangua les militants qui s’étaient rassemblés aussitôt après ces événements. Quelques jours plus tard, Gustave fut élu secrétaire de la réunion au cours de laquelle fut décidée la constitution des milices armées d’autodéfense, et le 5 février, il en fut nommé commandant de la 2e compagnie (avec Lorrain). Toutefois le mouvement tourna court. Gustave May demeurait alors 33 John street, et était établi avec son frère négociant en appareillage électrique.

Les relations entre les frères May et les autres militants blanquistes ne s’améliorèrent pas pour autant. Après plusieurs tentatives, Élie et Gustave May furent finalement exclus de la Société le 30 mars 1876 sur proposition de Simon Dereure, « pour cause d’indignité », à l’issue d’une réunion extraordinaire tenue à Husch’s Hall sous la présidence de Fondeville, réunion à laquelle ils n’assistèrent pas. Cette décision ne fit pas l’unanimité, provoquant par exemple une protestation d’Eugène Pottier et Charles Henri Marin. Cela n’empêcha pas Gustave May d’assister le 8 juillet 1877 à l’enterrement du docteur Parisel, avec qui il avait été très lié, et il lui revint de prononcer l’éloge funèbre du disparu lors de la cérémonie qui se tint au cimetière.

On ignore totalement ce qui advint de lui après cette date.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159537, notice MAY Gustave, Charles [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 6 juin 2014, dernière modification le 6 juin 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/862, n° 5748. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil. — IFHS 14 AS 99 bis. — Arch. PPo., Ba/428 et B a/435 (rapport du 28 mai 1876) et Ba/1177. — Journal officiel de la Commune, 1er mai 1871. — Le Socialiste, 18 novembre 1871, 10 novembre, 1er décembre 1872, 12 janvier 1873 entre autres. — New York Herald, 8 juillet 1877. — New York Sun, 9 juillet 1877. — L’Actualité de l’Histoire, n° 6, janvier 1954 (J. Maitron, « En dépouillant les archives du général Eudes »). — M. Cordillot, « Les Blanquistes à New York », Bulletin de la Société d’Histoire de la Révolution de 1848, Paris, 1990. — CDRom Maitron. — Christophe Bitaud, Élie May : communard et franc-maçon, impression à compte d’auteur, 2004.

ICONOGRAPHIE : Arch. PPo., B/a 1177.

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