Par Michel Cordillot
Né le 13 novembre 1843 à Paris (ancienne commune de La Chapelle), mort après 1916 ; cocher de fiacre en France, puis employé d’hôtel aux États-Unis ; militant syndicaliste et socialiste (guesdiste) ; parti travailler aux États-Unis en 1908 ; collaborateur de L’Union des travailleurs ; membre du secrétariat de l’Union internationales des employés d’hôtel affiliée à l’AFL.
Élevé dans la religion catholique, Michel Moritz fut en 1878 un des meneurs de la grève des cochers parisiens qui éclata à la Compagnie des petites voitures en août 1878, alors que se tenait l’Exposition universelle. Lors d’une assemblée générale des grévistes, il dénonça les conditions de vie des cochers, "qui travaillent sans arrêter des treize à dix-huit heures par jour, parfois plus" et qui étaient en outre "las de servir d’instruments de torture à de pauvres chevaux".
L’année suivante, il occupait la fonction de secrétaire du syndicat des cochers parisiens ; dans cette corporation, seul son frère et lui se proclamaient alors ouvertement socialistes révolutionnaires. Il collabora brièvement en 1888 à L’Égalité de Jules Guesde. Connaissant personnellement le dirigeant socialiste Allemane, il avait écrit à tous les grands dirigeants socialistes d’Europe tels Vandervelde, Bebel et même Jaurès (qu’il n’aimait pourtant guère et qualifiait de « Gambetta du socialisme »). Il donna sa démission « pour ne plus vivre aux dépens d’autrui » et quitta la France le 1er mai 1908 pour les États-Unis.
Michel Moritz s’abonna à L’Union des travailleurs en mai 1909. Il fit très rapidement des offres de collaboration qui furent acceptées avec plaisir. En l’espace de quelques mois, il fit parvenir à la rédaction plusieurs articles importants qui furent tous publiés, parfois en première page. En mai 1912, il lança un appel en faveur de L’Union des travailleurs auprès du secrétariat de l’Union internationale des employés d’hôtels dont il était membre ; cet appel fut bien reçu, et il fut décidé qu’il serait affiché dans le bureau du syndicat et publié dans son journal. Il polémiqua également avec l’anarchiste Dumas, qu’il avait surnommé « le suffisant de New York ».
Âgé de 70 ans, Moritz vivait en 1913 à New York avec moins de 20¢ par jour. En attente de sa naturalisation, il annonçait avoir écrit deux ouvrages pour lesquels il cherchait un éditeur. Nostalgique de l’utopie (il parla dans un article de « l’admirable Voyage en Icarie de Cabet »), Moritz était également un féministe convaincu : dans un article intitulé « L’amour libre », il écrivait en février 1914 que l’amour ne serait « vraiment libre que le jour où la femme ne sera[it] plus sous la dépendance économique de l’homme. »
En mars 1914 M. Moritz reçut un pécule de France qui améliora sensiblement sa situation. Il en profita pour envoyer à la rédaction de l’hebdomadaire socialiste francophone la somme de 2 dollars pour la souscription permanente.
Sans doute atterré par le déclenchement de la Première Guerre mondiale, M. Moritz cessa de rédiger des articles pour L’Union des travailleurs après août 1914 ; il resta toutefois abonné à ce journal jusqu’à la fin de l’année 1915.
Par Michel Cordillot
SOURCE : Le Socialisme progressif, 31 août 1878. L’Union des travailleurs, 27 mai 1909, 21 mars, 24 octobre 1912, 14 août, 4 septembre, 11 septembre 1913, 19 février, 19 mars, 20 août 1914, 22 avril, 22 juillet 1915 entre autres.