PÉRON Émile [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né vers 1847, mort après 1905 ; marié, père de deux filles ; mécanicien. Membre de l’AIT à Paris ; communard ; exilé aux États-Unis ; rejoignit la colonie d’Icarie en Iowa et fut l’un des dirigeants de la Jeune Icarie.

Ouvrier mécanicien installé à Paris, Émile Péron fut adhérent du Cercle des études sociales en avril 1870, puis membre de la section du Nord de l’AIT. Il fut l’un des signataires du manifeste contre la guerre adressé aux travailleurs de tous les pays en juillet 1870. Après le 18 mars, il combattit pour la Commune.

Fuyant la répression, Émile Péron arriva fin 1871 à New York. Il avait alors 23 ans. Autodidacte (il avait fréquenté les clubs ouvriers et les cours du soir, en particulier au Conservatoire des Arts et Métiers), il impressionnait par ses connaissances. Politiquement, il se définissait comme un positiviste fervent, opposé aux anarchistes et aux nihilistes. Peu après il se maria avec une jeune femme dont il avait fait la connaissance dans la boutique où elle vendait des fleurs.

Durant l’été 1876, Émile Péron rejoignit la colonie icarienne de l’Iowa en même temps que Simon Dereure. Il était accompagné de son épouse Louise (née vers 1847) et de leurs deux filles, Blanche et Jeanne (nées vers 1874 et 1875). Il fut aussitôt nommé secrétaire du comité de propagande communiste de la communauté de Corning. Parallèlement. Il dispensa par ailleurs aux Icariens des cours sur le magnétisme et l’électricité.

Durant l’été 1877, Émile Péron évolua rapidement vers les positions défendues par les minoritaires de la Jeune Icarie. Lorsque ceux-ci décidèrent de passer à l’action, Péron devint leur porte-parole en rédigeant un Précis sur Icarie qui, contresigné par 12 autres membres de l’opposition, annonçait l’imminence de la rupture en concluant « à la transformation d’Icarie en deux branches autonomes ». Dans le même temps, il se chargea de faire connaître le point de vue de la minorité en entretenant un abondante correspondance (on connaît notamment la lettre qu’il adressa le 10 avril 1877 à Jules Joffrin à Londres).

Jusqu’en décembre 1880, Émile Péron rédigea la Jeune Icarie, le journal des dissidents qui était imprimé sur la presse de Jules Leroux. Correspondant en Icarie de la Revue socialiste de Benoît Malon, il y donna un article sur « L’histoire d’Icarie » qui fut publié le 20 juillet ; toujours en 1880, il envoya à L’Égalité de Jules Guesde une protestation du comité de propagande communiste (co-signée par son épouse, S. Dereure et Claude Bronner) contre les accusations formulées à l’encontre de la Jeune Icarie par J.-B. Gérard dans son journal L’Observateur. En juillet 1881 enfin, il fut l’âme du lancement d’une nouvelle feuille, intitulée Le Communiste libertaire, qui disparut au bout de quelques numéros.

Début 1883, Émile Péron souscrivit avec son épouse Louise à la charte d’Icaria-Speranza. Mais bien qu’associé au lancement de la communauté de Cloverdale, il ne mit jamais les pieds en Californie. Il fut l’un des derniers membres de la Jeune Icarie : malgré une tentative (imaginée par lui) de relancer l’élevage des chevaux en allant chercher en France en 1885 des bêtes sélectionnées, la colonie dissidente sombra progressivement. Cette même année, Péron fut chargé avec Émile Fugier de procéder à la liquidation des derniers biens de la communauté.

En 1889, Émile Péron fit un voyage en France pour visiter l’Exposition universelle, toujours en compagnie d’Émile Fugier. Ils y furent cordialement accueillis par leur ancien rival de la Vieille Icarie, Arsène Sauva, qui s’offrit à leur servir de guide.

En 1905, Émile Péron était installé à New York, où il avait fondé une industrie prospère de fleurs artificielles, plumes et articles de mode.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159553, notice PÉRON Émile [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 6 juin 2014, dernière modification le 6 juin 2014.

Par Michel Cordillot

ŒUVRE : Réalisation du communisme. Précis sur Icarie. Constitution, lois et réglements de la Communauté icarienne, Corning (Icarie), oct. 1880, in-12, XII-34 p.

SOURCES : Arch. PPo Ba/1031, dossier Dereure. Bulletin de l’Union républicaine, 31 octobre 1876. — Revue socialiste, n°10, 20 juillet 1880, p. 448 sq. — L’Égalité, Paris, 14 juillet 1880. — Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur, Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, passim. — Marie Marchand-Ross, Child of Icaria, New York, City Printing Company, 1938. — Robert P. Sutton, Les Icariens : The Utopian Dream in Europe and America, Urbana, University of Illinois Press, 1994, passim.

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