KLEMENCIC A. [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Laibach (Autriche), vers 1868, mort après 1905 ; slovène ; tailleur ; militant anarchiste polyglotte ; exilé volontaire aux États-Unis pour fuir la répression début 1892 ; installé à Honolulu, se prononça contre l’annexion des Îles Hawaï ; participa au congrès fondateur des IWW en 1905.

Militant anarchiste internationaliste et anti-impérialiste, A. Klémencic était né à la fin des années 1860 à Laibach (Autriche), ville située à 80 km de Trieste. Sa mère était une catholique dévote et son père un bourgeois alcoolique, qui fit des dettes de boisson. Un marchand de vin malhonnête réussit à faire vendre tous les biens de la famille qui se retrouva sans moyens d’existence. Alors âgé de douze ans, le jeune A. Klemencic, profondément révolté, fit à pied les 400 km qui le séparaient de Vienne pour aller porter plainte contre le spoliateur, mais en vain. C’est à cette époque qu’il lut pour la première fois Bakounine, ainsi que la Freiheit de Johann Most. À l’âge de 15 ans et demi, il partit pour l’Italie. Il y rencontra des militants anarchistes qui lui firent lire de nombreux ouvrages et brochures. Puis il entama un long périple qui l’amena à visiter un grand nombre de pays européens. En 1887, il se trouvait à Londres, où il exerçait le métier de tailleur. Puis il rentra à Vienne pour y faire son service militaire. Nommé caporal, il refusa de donner des ordres. Démobilisé selon ses dires début 1889 (plus probablement 1890) après deux années passées sous les drapeaux, il participa à la première manifestation du 1er Mai à Trieste avec la Confederazione operaia. En juin, il prit pour la première fois la parole en public à Servolla, près de Trieste, à l’occasion d’une grève des ouvriers gaziers. Peu après il lut pour la première fois un journal anarchiste, le Commonweal de Londres (qui parut de 1889 à 1894), et fut l’un des fondateurs en septembre 1890 du deuxième journal révolutionnaire en langue slovène, le Delavski List.

Pourchassé par la police, accusé de haute trahison, Klemencic réussit à fuir. Traversant la Croatie, la Dalmatie, l’Istrie et l’Italie, il parvint à gagner la Suisse. Il arriva à la Chaux-de-Fonds le 6 avril 1891, adhéra aussitôt au syndicat des tailleurs, et fut élu délégué pour l’organisation de la manifestation du Premier Mai 1891 où il prit la parole. Il repassa en Italie où il fut mis à l’index après un meeting public ; puis, de retour en Suisse, il fut expulsé de Saint-Imier. De là il gagna la France, où il prit la parole à Amiens lors un meeting animé par Sébastien Faure, ce qui lui valut un arrêté d’expulsion sous huit jours. Il ne lui restait guère d’autres choix que de gagner l’Amérique, ce qu’il fit en décembre 1891.

En juin 1898, A. Klemencic se trouvait à Honolulu (Hawaï). Abonné à La Tribune libre de Louis Goaziou, il s’éleva deux mois plus tard dans une correspondance contre le mouvement qui prônait l’annexion de l’île aux États-Unis, déclarant « Je suis prêt à prendre une part active pour l’indépendance de l’île. » Un an plus tard, il était toujours à Honolulu.

On entendit de nouveau brièvement parler d’A. Klemencic en juillet 1905, après qu’il eut assisté à la convention de Chicago où furent fondés les IWW. Il résidait alors à Pueblo (Colorado) et restait favorable aux thèses anarchistes. En 1906 il était en contact avec la rédaction de la feuille anarchiste parisienne Les Temps nouveaux, à laquelle il envoya un article qui annonçait que le gouverneur de l’État, Frank Steunenberg, qui avait inventé les camps de concentration pour mineurs grévistes, venait d’être victime d’un attentat à la dynamite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159577, notice KLEMENCIC A. [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 6 juin 2014, dernière modification le 17 décembre 2016.

Par Michel Cordillot

SOURCE : La Sentinelle], 3 mai 1891. – La Tribune libre, 23 juin, 11 août 1898, 2 février, 24 août 1899 entre autres. — L’Union des travailleurs, 13 juillet 1905. — Les Temps nouveaux, 20 janvier 1906. — Augustin Hamon, Psychologie de l’anarchiste-socialiste, Paris, Stock, 1895, p. 39, 84, 113-114, 156, 229-230, 264. – Notes de Marianne Enckell.

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