LORIN Baptiste, Joseph [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né le 29 juin 1831 à Villejuif (Seine) ; maçon ; communard exilé à New York ; membre de l’AIT et de la Société des réfugiés, co-organisateur de la collecte nationale au bénéfice des communards déportés en Nouvelle-Calédonie ; membre de la mouvance blanquiste ; représentant de la section 2 de l’AIT au Conseil général new-yorkais, il s’abstint d’y siéger.

Baptiste Lorin, qui aurait été détenu après juin 1848, servit la Commune de Paris comme sergent et délégué de la 3e compagnie du 97e bataillon fédéré. Il fut condamné par contumace, le 8 mai 1873, par le 4e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation civique.

Arrêté durant ou peu après la Semaine sanglante, il fut détenu pendant un certain temps sur les pontons, puis relâché. Sans perdre de temps, il prit alors le chemin de l’exil et s’embarqua pour New York où il était sans doute déjà fin 1871-début 1872, puisqu’il dit avoir soutenu Mégy lors des premières altercations que ce dernier eut avec les frères May, événements que la correspondance de Levraud à Eudes nous permet de situer en janvier 1872.

Proche de la mouvance blanquiste dans la proscription, Baptiste Lorin signa en juin 1872 la pétition diligentée par Mégy pour s’opposer à la préparation d’un contre-enquête officielle. L’année suivante, il fut proposé par la section 2 de l’AIT de New York, comme représentant français au conseil général (Lettre de Sorge à la section I de Boston, 13 juin 1873), mais il n’assista à aucune des séances du Conseil et ne signa aucun texte officiel émanant dudit conseil général (Rapport de Bolte au 2e congrès de la Fédération nord-américaine). Membre de la Société des réfugiés de la Commune, il signa en son nom un message de solidarité adressé aux révolutionnaires cubains autour du 15 novembre 1873.

À l’automne 1874, suite à la tonitruante arrivée de Rochefort et des évadés de Nouméa aux États-Unis, Lorin fut l’un des organisateurs de la collecte nationale au bénéfice des communards déportés en Nouvelle-Calédonie. Le fait qu’il ait personnellement versé 10 dollars semble indiquer que sa situation personnelle était alors relativement florissante. En 1877, il devait de nouveau figurer parmi les membres de la Société des réfugiés signataires d’un appel à la solidarité financière au bénéfice des déportés de Nouvelle-Calédonie (en compagnie de Henri Hanser, Joseph Olivier, Julius Schwab et Leander Thompson).

Le 30 mars 1876, Baptiste Lorin assistait à la réunion des proscrits de la Commune qui se tint à Husch’s Hall, 123 Houston str, New York, sous la présidence d’E. Fondeville. À cette occasion furent examinées les accusations formulées contre les frères Élie et Gustave May et ces derniers furent définitivement exclus de la Société des réfugiés. Lorin figura également parmi les 54 signataires de la lettre de soutien qu’adressèrent le 31 décembre 1877 les communistes new-yorkais aux membres de la Vieille Icarie à la demande d’Arsène Sauva. L’année suivante, il fut l’un des organisateurs chargés par la Société des réfugiés de la Commune de préparer et de coordonner la cérémonie anniversaire du 18 mars à New York.

Baptiste Lorin fut amnistié en 1879.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159606, notice LORIN Baptiste, Joseph [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 7 juin 2014, dernière modification le 1er janvier 2020.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Nat., BB 27. – Arch. Min. Guerre, 4e conseil (n° 1 007). – Arch. PPo., listes de contumaces et Ba/427. – Arch. Aff. étrang., correspondance politique des consuls, États-Unis, vol. 39, consul de New York, 22 novembre 1873 ; vol. 41, consul de New York, 30 août 1877. – Le Socialiste, 22 juin 1872 entre autres. Bulletin de l’Union républicaine, 19 septembre 1874, 16 juillet 1875 entre autres. – L’Égalité (Paris), 14 avril 1878, citant le New York Herald. – Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, p. 531. – Jacques Freymond (dir.), La Première Internationale. Recueil de documents, Genève, Droz, 1971, vol. 4. – M. Cordillot, « Les Blanquistes à New York », Bulletin de la Société d’Histoire de la Révolution de 1848, Paris, 1990.

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