LOUIS Louis, « Lewis » [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Grande-Fontaine (Vosges), le 21 mars 1829, mort début novembre 1872 à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) ; marié ; vétérinaire, puis maréchal-ferrant ; fouriériste ; membre de la communauté de Réunion (Texas) ; co-fondateur de la section 15 de l’AIT à La Nouvelle-Orléans.

Louis Louis exerçait sous la Deuxième République la profession d’« artiste vétérinaire » à Raon-l’Étape (Vosges). Au lendemain du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, il fut traduit devant une commission mixte, qui l’accusa d’avoir beaucoup contribué à répandre les idées rouges dans les campagnes du fait de sa profession.

Libéré après un court séjour en détention dans le département de la Manche, Louis Louis quitta la France début 1855 pour se rendre au Texas, afin de prendre part, en tant que colon, à l’expérience fouriériste de Réunion. Au sein de la communauté, il fit office de vétérinaire et travailla à la forge au ferrage des chevaux. Il devint aussi rapidement le grand spécialiste du marquage au fer rouge du bétail.

Il resta trois ans à Réunion, puis partit s’installer à Dallas, où il épousa Henrietta Blanche. Il tenait alors une forge. D’après le recensement de 1860, il vivait toujours à Dallas avec son épouse et un enfant.

Après la guerre de Sécession, on retrouve Louis Louis à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), où il s’était installé comme vétérinaire du chemin de fer de Carrolton dans le faubourg de Jefferson. Toujours fidèle à ses convictions fouriéristes, il ne manquait aucune occasion de chercher à gagner de nouveaux fidèles à sa cause. Avec son épouse, il organisa le 7 avril 1868 une célébration du 96e anniversaire de la naissance de Fourier à laquelle assistaient le Dr Charles Testut, rédacteur en chef du journal spiritualiste Le Salut (et futur membre de la section 15 de l’AIT) et M. Dalloz, ex-rédacteur de La Tribune de la Nouvelle-Orléans. Trois ans plus tard, le dimanche 9 avril 1871, il organisa la commémoration du 99e anniversaire de la naissance de Fourier (dont un compte-rendu fut donné dans L’Équité), et il tenta peu après de constituer « un groupe en état de travailler à la propagande fouriériste ». Également adhérent du Club républicain, qui regroupait les républicains socialistes francophones de La Nouvelle-Orléans, il en fut élu trésorier lors de la séance du 7 mai 1871, puis fut l’un des artisans de sa transformation en section 15 de l’AIT.

Quelques jours plus tard, une polémique éclata entre le directeur de L’Abeille , Félix Limet, et les Internationaux de Louisiane à propos de la Commune de Paris. À cette occasion, Louis Louis envoya à L’Abeille une lettre pleine d’ironie et toute de modération, mais qui fut mal acceptée par les autres membres de la section 15 dans la mesure où il pouvait paraître s’y désolidariser des révolutionnaires parisiens.

Louis Louis mourut peu après, et une nécrologie rappelant son engagement fouriériste fut publiée par la feuille internationaliste La Commune de La Nouvelle-Orléans le 12 novembre 1871.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159607, notice LOUIS Louis, « Lewis » [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 7 juin 2014, dernière modification le 7 juin 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : La Science sociale, 16 juin 1868. — L’Équité, 16 avril, 10 juillet 1871. — L’Avenir de La Nouvelle-Orléans , 23 juillet, 24 septembre 1871. — L’Abeille, 21 juin 1871. — La Commune, 10 juillet, 12 novembre 1871. — Léon Deries, « Les internés politiques dans la Manche au début du Second empire », Revue de l’Avranchin, tome 24 (1932), p. 289-300 (cf p. 293). — Éloïse Santerre, « Reunion, a Translation of Dr Savardan’s Un Naufrage au Texas, with an Introduction to Reunion and a Biographical Dictionary of the Settlers », M.A. Thesis, Southern Methodist University, Dallas, Texas, 1936, p. 473. — George H. Santerre, White Cliffs of Dallas. The Story of Réunion, the Old French Colony, Dallas, The Book Craft, 1955, p. 124-125. — Michel Cordillot, « Le Socialisme francophone néo-fouriériste après Réunion : Charles Caron et la section 15 de l’Internationale à La Nouvelle-Orléans », Cahiers Charles Fourier, n° 4 (1993), p. 129-142.

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