BERTHELOT Joseph, Marie [Cheminot]

Par Gilles Pichavant

Né vers 1876 ; ouvrier des chemins de fer à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure) ; syndicaliste, révoqué des chemins de fer suite à la grève de 1910.

En 1909, Joseph Berthelot, cheminot, avait 33 ans et travaillait comme chef d’équipe aux ateliers des chemins de fer de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure). En mai, il participa au congrès de la fédération des chemins de fer. Il intervint dans le débat pour promouvoir la grève en même temps que celle des PTT qui avait commencé. Il s’éleva contre ceux qui déclaraient que la grève ne serait pas suivie. Il lut un ordre du jour préconisant la grève en même temps que les postiers, pour les revendications des chemins de fer, la journée de huit heures, et la hausse des salaires.

En 1910, il participa à la grève des cheminots qui dura du 12 au 18 octobre. Il fut arrêté et poursuivi pour entrave à la liberté du travail, pour avoir, avec Georges Basse, fait déclencher la grève dans les ateliers des chemins de fer de Sotteville.

Le 19 octobre il comparut à l’audience au tribunal correctionnel de Rouen, en même temps que Georges Basse, arrêté et poursuivi comme lui pour les mêmes raisons. Le chef de gare de Sotteville, témoin à charge, déclara que Joseph Berthelot abandonna le travail le 12 octobre vers 9 heures un quart du matin avec son équipe de sept hommes dont Basse faisait partie. Il témoigna les avoir entendu crier "vive la grève, haut les bras, retirez les ponts", et avoir fait "un détour par la halle de transbordement, dont les employés, en les voyant, cessèrent le travail et se joignirent au sept premiers". Enfin "à ce groupe de dix-huit hommes, s’adjoignirent au passage d’autres employés d’autres équipes", et tout le monde se dirigea vers la porte de sortie en disant "Nous ne nous travaillons plus, nous nous en allons". Le témoin contesta l’idée que les grévistes aient subi une intimidation quelconque, car "cette cinquantaine de collègues étaient tous syndiqués. Au surplus, ajouta-t-il, le groupe n’avait pas une attitude menaçante". Il déclara cependant que "Berthelot agissait comme une sorte de porte drapeau dans cette tournée destinée à rassembler le personnel", en ajoutant cependant "il est très possible que la grève se fut réalisée sans l’intervention du prévenu."

Le 19 octobre, Joseph Berthelot fut, comme Georges Basse, révoqué des chemins de fer et condamné à 15 jours de prison et 16 francs d’amende. Mais le 25 novembre, en appel, ce jugement fut cassé, et ils furent tous les deux acquittés. le tribunal considéra que "le groupement des employés au moment de leur départ du chantier ne constituait pas un élément d’intimidation pour les autres". Quant aux cris il admit qu’ils "n’avaient pas été poussés non plus dans cette intention". L’entrefilet du Journal de Rouen ne dit pas s’ils furent réintégrés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159650, notice BERTHELOT Joseph, Marie [Cheminot] par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 9 juin 2014, dernière modification le 27 novembre 2022.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Maritime, le Journal de Rouen des 20 octobre et 25 novembre 1910, JPL 3-239, et cote 10M388. — L’Humanité, 7 mai 1909.

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