GOAZIOU John [Jean, Louis, dit John] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Scrignac (Finistère) le 20 janvier 1863, John Goaziou émigra aux États-Unis au début des années 1880 et s’installa à Houtzdale (Pennsylvanie), où il se fit mineur de charbon et fonda une famille nombreuse (en février 1908, il annonça la naissance de son quatorzième enfant).

Membre ou sympathisant du groupe libertaire « Ni dieu ni maître » fondé en 1887 à Houtzdale (Pennsylvanie), John Goaziou versa son écot à la souscription organisée par son frère Louis au profit du journal anarchiste parisien Le Révolté. À compter de 1888 (et jusqu’à son retour en France en 1914), il fut l’un des lecteurs les plus fidèles des journaux publiés par son frère. Militant anarchiste actif, il versa en novembre 1888 son écot à la souscription ouverte par Le Réveil des masses. En juin 1891, il travaillait avec d’autres compagnons à la fondation d’un groupe libertaire et était le dépositaire officiel à Houtzdale du Réveil des mineurs. Dans une lettre adressée à la rédaction de cette feuille en juillet de la même année, John Goaziou annonçait qu’un conflit local venait d’éclater sur la question du repos du samedi après-midi. Au cours des mois suivants, il aida le Réveil de mineurs par une demi-douzaine de versements à la souscription permanente (soit au total une somme de 2 dollars 50).

En 1893, John Goaziou avait déménagé à Ramey (Pennsylvanie), avant de s’installer en 1896 à Barnsboro (Pennsylvanie). En avril de cette même année, il s’abonna à L’Ami des ouvriers. Collaborateur occasionnel de ce journal, il envoya à la rédaction plusieurs correspondances, puis continua à faire de même lorsque ce journal fut remplacé par La Tribune libre. Il y raconta notamment ses efforts pour créer un syndicat : alors que trois tentatives précédentes s’étaient soldées par des échecs au bout de quelques semaines, il avait réussi cette fois-ci à persuader 40 mineurs (sur 1 500) de se syndiquer.

Rallié au socialisme, John Goaziou s’abonna à L’Union des travailleurs en janvier 1902. Abonné généreux et dévoué, il réagit à de nombreuses reprises aux appels à l’aide financière, versant 1 dollar pour financer l’achat de matériel d’imprimerie en 1902, plaçant des abonnements d’essai en 1904, ou encore prenant une action de la coopérative de publication en 1905. Abonné fidèle de L’Union des travailleurs, John Goaziou figurait toujours sur la liste des actionnaires de l’imprimerie rendue publique fin 1913.

En dépit de son passé d’anarchiste et de son long séjour sur le sol américain, John Goaziou était resté viscéralement français et patriote. Au lendemain de la déclaration de guerre, il rentra en France. Dans sa dernière correspondance publiée en décembre 1914, il annonçait qu’il se trouvait à Brest et était sur le point de partir aux armées comme combattant volontaire en dépit de son âge. Il semblerait toutefois qu’il ait été assez rapidement de retour aux États-Unis, puisqu’il assista aux obsèques de son frère Frank en janvier 1916 à Houtzdale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159670, notice GOAZIOU John [Jean, Louis, dit John] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 9 juin 2014, dernière modification le 9 janvier 2019.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Le Révolté, 10 septembre 1887. — Le Réveil des masses, novembre 1888. — Le Réveil des mineurs, 27 juin, 11 juillet, 25 juillet, 8 août, 5 septembre, 17 octobre 1891, 23 juin 1892, juin 1893. — l’Ami des ouvriers, 15 avril 1896. — La Tribune libre, 3 novembre 1898, 19 janvier 1899. — L’Union des travailleurs, 16 janvier, 10 avril 1902, 17 novembre 1904, 31 août 1905, 10 octobre 1907, 27 février 1908, 11 décembre 1913, 10 décembre 1914 entre autres.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable