GOUTHIÈRE Alfred [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]
Par Michel Cordillot
Né en Belgique ; mineur ; célibataire ; militant anarchiste actif dans diverses localités de Pennsylvanie ; rallié au socialisme dès 1901 et membre du PSA ; coopérateur et mutualiste ; diffuseur actif de la presse révolutionnaire francophone.
Mineur anarchiste, Alfred Gouthière résidait en 1886 à Coal Bluff (Pennsylvanie). Lecteur du Révolté, il versa 50¢ à la collecte organisée au profit de ce journal. En 1891, alors qu’il travaillait à Calamity (Pennsylvanie), il fut au nombre des lecteurs-souscripteurs du Réveil des mineurs. Membre l’année suivante du groupe n° 3 de La Revanche des mineurs de Monongahela (Pennsylvanie), il adressa en tant que porte-parole de ce dernier une correspondance à la rédaction du Réveil des mineurs. Il assista également et prit la parole à la réunion tenue par Louis Goaziou à Monongahela durant la première semaine de mars.
En 1893, Alfred Gouthière déménagea à Bellevernon (Pennsylvanie), avant de s’installer en 1895 à Charleroi (Pennsylvanie). Il rejoignit aussitôt le groupe anarchiste local, participant à ses réunions et versant aux souscriptions organisées localement au bénéfice de L’Ami des ouvriers, qui avait pris la suite du Réveil des mineurs. En mai 1896, il était devenu l’un des principaux responsables du groupe anarchiste Les Deshérités de Charleroi. L’année suivante, il était également le correspondant-diffuseur du Père peinard publié en France par Émile Pouget.
En septembre 1897, Alfred Gouthière accompagna Louis Goaziou lorsque celui-ci se rendit à Jeannette (Pennsylvanie) pour participer à une réunion publique et contradictoire avec des militants francophones du Socialist Labor Party, parmi lesquels Albert Delwarte. Gouthière intervint dans le cours des débats.
Lorsque Louis Goaziou se vit contraint de cesser la publication de La Tribune libre, Alfred Gouthière tenta de rassembler un groupe de militants pour publier un autre journal en attendant que L’Union des travailleurs puisse voir le jour ; il ne semble pas toutefois que ce projet ait abouti.
Ayant suivi une évolution politique parallèle à celle de Goaziou, Alfred Gouthière anima avec ce dernier une réunion socialiste en langue française à Charleroi en avril 1903. Abonné à L’Union des travailleurs depuis son lancement, il était à cette date membre de la section socialiste de langue française de Charleroi. Militant coopérateur, il fut par ailleurs élu vérificateur lors du renouvellement du bureau de la Progressive cooperative association de Charleroi en janvier 1903 et secrétaire du store coopératif fin juin de la même année. Mutualiste tout aussi dynamique, il occupait en décembre 1906 la fonction de secrétaire financier de la société de secours mutuels L’Indépendance.
Demeuré très actif au fil des années, Alfred Gouthière fut le principal orateur lors du meeting socialiste organisé au domicile de Paul Argenson à Donora (Pennsylvanie) le 1er mai 1911, et en 1915 il obtint une très méritoire 7e place au concours d’abonnement organisé par L’Union des travailleurs.
Célibataire endurci, Alfred Gouthière habitait fin 1914 avec son frère Jules au coin de l’Avenue Woodland et de la 3e rue à Charleroi.
Par Michel Cordillot
SOURCES : Le Révolté, 25 septembre 1886. — Le Réveil des mineurs, 12 décembre 1891, 16 janvier, 16 avril 1892, janvier 1893. — L’Ami des ouvriers, septembre, 15 décembre 1895, 29 février, 15 mai 1896. — La Tribune libre, 21 janvier, 7 octobre 1897, 12 mai 1898, 14 août 1900 entre autres. — L’Union des travailleurs, 15 janvier, 23 avril, 2 juillet 1903, 13 décembre 1906, 11 mai 1911, 31 décembre 1914, 9 décembre 1915 entre autres.