Par Michel Cordillot
Né le 19 août 1813 à Coulonges-la-Terre (Deux-Sèvres) ; commerçant à Paris ; marié et père de famille ; communiste icarien, actionnaire du Populaire ; combattant en 1848 ; membres des communautés de Nauvoo (il en fut élu vice-président après l’éviction de Cabet) et de Corning, rallié à la Vieille Icarie après la scission.
Venu de ses Deux-Sèvrees natales, Pierre Caillé s’installa à Paris comme fruitier et boulanger durant la monarchie de Juillet. Gagné au communiste icarien, il figurait en 1844 au nombre des actionnaires du Populaire de Cabet. Il fut envoyé par ce dernier à Londres en compagnie de Sully afin d’explorer les possibilités que pouvait offrir l’Amérique dans le but d’y fonder une colonie.
De retour à Paris en 1848, Pierre Caillé se battit sur les barricades. Peu après, il décida de partir aux États-Unis rejoindre Icarie avec sa femme Françoise, née vers 1810 à Beauvillard (Savoie), raccommodeuse, et son fils Jean-Marie, né à Paris le 4 février 1840. Ils embarquèrent le 18 décembre 1848 avec le quatrième Grand départ, et arrivèrent à destination le 4 février de l’année suivante.
Venus pour s’installer à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), les Caillé décidèrent finalement de rejoindre Cabet et les Icariens à Nauvoo (Illinois), où un deuxième fils, prénommé Valmore, naquit le 8 août 1850. Le 30 juillet 1852, Pierre Caillé demanda la citoyenneté américaine.
Il signa les textes de soutien au fondateur d’Icarie en novembre 1849, janvier 1850, janvier et mai 1851. En avril 1855, il fit partie des colons chargés d’aller préparer à Corning dans l’Iowa le site où les Icariens espéraient pouvoir s’installer à terme. Il revint à Nauvoo en 1856, alors que la crise s’exacerbait au sein de la communauté.
En juillet 1856, Pierre Caillé prit le parti de l’opposition à Cabet et en mars 1857, il fut élu vice-président de la communauté de Nauvoo.
En 1860, Pierre Caillé fut l’un des signataires de l’acte d’incorporation de la Communauté icarienne de Corning (Iowa). Il en fut le boulanger, s’occupa également de la porcherie, et fut nommé chef-jardinier. En 1877, il opta pour la majorité, et signa le 1er mai 1879 l’acte d’incorporation de la Nouvelle société icarienne. Il occupa d’importantes fonctions électives au sein de la Vieille Icarie, en fut le président en 1882, puis le co-directeur de l’agriculture en 1884. En 1887, il était le dernier membre de la famille encore présent dans la Vieille Icarie.
Son fils Jean-Marie quitta la communauté pour travailler comme musicien dans les music-halls de Chicago, profession qu’il exerçait encore en 1905. Sa femme mourut folle, hantée par les heures d’angoisses qu’elle avait vécues durant les terribles journées de 1848.
Par Michel Cordillot
SOURCES : BN, Nafr. 18 150, f. 3 (lettre de Caillé aux frères Hublot et Louis Doudot, datée du 25 septembre 1852). — Naturalization Records, Hancock County, Ill. — Federal census 1850. — Le Populaire de 1841, 1er juillet 1849 entre autres. — É. Cabet, Les Masques arrachés, 1844. — Id., Guerre de l’opposition contre le citoyen Cabet, août 1856. — Revue icarienne, n°6, avril 1857. — Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, passim. — Marie Marchand-Ross, Child of Icaria, New York, City Printing Company, 1938. — Robert P. Sutton, Les Icariens : The Utopian Dream in Europe and America, Urbana, University of Illinois Press, 1994. — Notes de Robert Sutton et François Fourn.