RACHINEL Louis, Léon, Gilbert ["Petit Louis", "René Arnaud", pseudonymes de résistance]

Par André Balent, Delphine Leneveu, Claude Pennetier

Né le 16 août 1912 à Saint-Lô (Manche), fusillé par condamnation le 31 mai 1944 à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) ; ajusteur mécanicien, employé de la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP) ; militant du Parti communiste (1938-1939) puis du Parti communiste clandestin (1940-1941) ; résistant au sein des FTPF, membre du groupe Victor Hugo dans la région parisienne de juin à octobre 1943 ; résistant dans l’Hérault (AS) de 1943 à 1944.

Louis Rachinel (1912-1944)
Photo de la carte d’identité, dossier d’admission à la STCRP, 17 juin 1937, recadrage par André Balent

Louis Rachinel était le fils de Léon, Louis, palefrenier né à Cambernon (Manche) et de Pauline, Augustine Piédagnel née à Saint-Jean-de-Daye (Manche), âgés respectivement de trente-trois et trente-et-un ans en 1912. Il avait un frère, Rémy, gendarme à Carmaux (Tarn) et trois soeurs : Armèle épouse Nemeur résidant à Bordeaux en 1944 ; Madeleine, épouse Marie, dactylo (1944) ; Solange , épouse Aragon, employée des PTT (1944) à Bécherel (Ile-et-Vilaine). Enfant et adolescent, il habitait Saint-Lô avec ses parents, puis, à partir de 117 avec sa mère seule et ses frère et soeurs. Le tribunal civil de Saint-Lô le déclara pupille de la nation par jugement du 5 octobre 1922. Son père, mobilisé, mort de maladie en 1917, ne figure sur aucun monument aux morts du département de la Manche. Sa fiche du registre matricule indique qu’il avait un degré d’instruction de niveau 3 (instruction primaire plus développée). Il fréquenta un établissement scolaire, collège, lycée ou école primaire supérieure, jusqu’à l’age de quinze ou seize ans, si on prend en compte la chronologie de son cursus professionnel qui ne commence qu’en 1928.

Du 1er septembre 1928 à la fin du mois d’avril 1930, il travailla dans des garages automobiles de Saint-Lô où il fit l’apprentissage de la mécanique. Du 1er mai 1930 au 13 janvier 1931, il fut employé dans des garages de Paris (XIIIe arrondissement) puis de Bicêtre (commune de Kremlin-Bicêtre (?), Seine/Val-de-Marne). Il obtint le permis de conduire des automobiles.

Il s’engagea pour trois ans dans la Marine à Cherbourg (Manche). Le 23 avril 1931, il fut affecté à l’"aviation maritime" à Rochefort (Charente-Maritime). Il y demeura jusqu’au 15 janvier 1932. Pendant son séjour à Rochefort, il obtint un brevet d’ajusteur. À partir de janvier 1932 jusqu’au 23 avril 1934, date à laquelle il fut rendu à la vie civile, il était affecté aux ballons captifs à Toulon (Var). Il avait accédé au grade de quartier-maître (aéronautique) le 1er janvier 1933.

Sa très bonne qualification dans la mécanique appliquée à l’aviation lui permit de trouver facilement des emplois. Si après son séjour das la Marine, il résida d’abord à Sainte-Croix (Saint-Lô), il quitta bientôt la Normandie pour s’installer dans la région parisienne, d’abord à Choisy-le-Roi (Seine/Val-de-Marne), à partir du 31 octobre 1934, puis à Paris, à partir du 4 mars 1938. . Il fut successivement chauffeur mécanicien et ajusteur mécanicien dans des entreprises parisiennes. Il fut ensuite embauché comme ajusteur dans l’aviation à "Renault aviation" à Boulogne. En mai 1937, il sollicita un emploi d’ajusteur à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP). Il fut embauché 17 juin 1937 dans cette grande entreprise de transports. Affecté au dépôt "Poissonnières", il y fit un apprentissage de machiniste qui lui permit, en juillet 1938, de conduire "un omnibus sans voyageurs". Ses aptitudes professionnelles en mécanique générale étaient jugées "excellentes" alors que sa "manière générale de servir" était qualifiée de "passable". C’est dans la région parisienne qu’il adhéra au Parti communiste en 1938.

Le 6 juin 1939, Louis Rachinel qui avait trouvé un emploi en "province" quitta la STCRP. Il avait des attaches à Avignon (Vaucluse), peut-être depuis son affectation dans la Marine à Toulon. À Avignon, il connaissait bien la famille Roinac qui participa à la Résistance dans cette ville. Avant la Seconde Guerre mondiale il avait travaillé pour le compte du père de Jacqueline Roinac (âgée de quinze ans en 1940). Il résida chez les Roinac, 13 boulevard Jules-Ferry, impasse Mouret à Avignon, au moins à partir du 23 août 1939. Son séjour avignonnais fut très bref, bientôt interrompu par le déclenchement de la guerre.

Il fut mobilisé en septembre 1939. Renvoyé dans ses foyers, il fut rappelé sous les drapeaux et d’après les renseignements obtenus par la police allemande en 1944, il fit partie de l’équipage d’une unité navale française. Sa fiche du registre matricule ne dit rien sur sa participation aux opérations militaires de 1939-1940. En juin 1940, il réussit rapidement à s’évader des haras de Sain-Lô où il avait été fait prisonnier après la chute de Cherbourg, et revint à Avignon. Dans son témoignage recueilli par Chantal Metzger (op. cit., 2015), Jacqueline Roinac décrit l’état d’esprit de Louis Rachinel à son retour à Avignon. Il était "fou de rage après les Anglais qui les avaient empêché de monter dans les bateaux [à Dunkerque], fou de rage après les Russes coupables de l’invasion massive de la France, de la trahison de Staline dont il avait été un fervent admirateur" (Mais, rappelons-le, ce fut à Saint-Lô qu’il fut fait prisonnier et non à Dunkerque comme l’a écrit Jacqueline Roinac). Après sa première démobilisation, il résida, à partir du 27 décembre 1939, à Caen (Calvados), 39 rue de Vaucelles.

Louis Rachinel intégra tôt les rangs de la Résistance et ne semble pas avoir attendu pour cela le déclenchement de l’opération Barbarossa (22 juin 1941). Jacqueline Roinac ne dit pas quelle organisation de résistance il intégra, mais ses propos laissent penser qu’il s’agissait d’organisations liées au Parti communiste. En tout cas, il finit par revenir à une date indéterminée (1941 ?) vers un parti qui avait un moment semé des doutes dans son esprit après la signature du pacte germano-soviétique et les conséquences qu’il avait décelées. Toujours d’après Jacqueline Roinac, il aurait été l’organisateur d’une filière d’évasion de réfugiés espagnols internés dans les camps du Vernet-d’Ariège (Ariège) et de Gurs (Basses-Pyrénées / Pyrénées-Atlantiques). Il s’occupait également, depuis Avignon, de propagande clandestine et se procurait pour cela du papier. Franchissant la ligne de démarcation, il effectuait des séjours en zone nord. Il s’employait à "sortir des internés des griffes nazies" (Jacqueline Roinac). Louis Rachinel, parmi ses nombreuses activités fabriquait aussi des faux papiers. Il quitta le Vaucluse pour Paris au début 1942 où il trouva à s’employer dans la mécanique automobile. Mais, dans la nuit du 7 au 8 février 1943 (et pas en décembre 1941, comme a pu l’écrire Jacqueline Roinac (Metzger, éd., 2015, op. cit.), il organisa l’évasion de trois communistes d’Avignon incarcérés au fort Saint-Roch à Toulon (Var), Mariaud (alias "Mario"’), Maurice Bonnet de Georges Laudon, originaire du Gard. Comme, à cette époque, il résidait à nouveau en région parisienne, il a alors forcément fait un séjour en Provence où il avait constitué un réseau de relations. Jusqu’en juillet 1943, il se tint, semble-t-il, à l’écart de la politique clandestine et des organisations de résistance.

Louis Rachinel participa aux activités des premiers groupes armés mis sur pied par le Parti communiste, d’abord l’Organisation spéciale (OS) puis les Francs-tireurs et partisans (FTP) dans la région parisienne. Son nom apparaît dans un rapport de la Brigade spéciale no 2, avec le pseudonyme de "Petit Louis" (qui s’explique par sa petite taille, 1,66 m). En région parisienne, dans le groupe Victor-Hugo, il participa à de nombreuses actions, notamment à l’exécution au revolver du commissaire de Gonesse (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) Franck Martineau le 15 juillet 1943, avec André Joineau, Charles Delagarde, Jean Camus et Pierre Lorgnet. La police arrêta plusieurs des auteurs de l’attentat, mais perdit la trace de Louis Rachinel.

Dans l’instruction du procès de Louis Rachinel pour "terrorisme" par le tribunal militaire allemand et dans le jugement du procès de Montpellier (31 mai 1944), les juges lui reprochèrent trois sabotages de voies ferrées et la participation à l’assassinat du commissaire Franck Martineau de Gonesse. Les membres du groupe Victor-Hugo reprochaient à ce dernier d’avoir traqué les communistes à Lorient (Morbihan) en relation avec les Allemands. Mais le commissaire Martineau de Gonesse n’avait jamais été en poste en Bretagne. Il s’agissait d’un homonyme (il y avait en 1943, trois commissaires portant le nom de Martineau dans la police française). De fait, Jean Camus de Gonesse, adolescent, avait eu une une altercation avec sa mère. Le commissaire Martineau, sollicité par la famille, le rudoya, le secoua et le gifla. Camus conserva de la rancune à l’égard du policier. Il apprit peut-être l’existence du commissaire Martineau de Bretagne lorsqu’il travailla pour les Allemands sur les bords de l’Atlantique et le confondit, à tort, avec celui de Gonesse. Devenu FTP, il put suggérer de l’abattre, croyant venger simultanément l’humiliation que lui avait infligé Martineau et faire oeuvre de résistance en liquidant un policier collaborationniste. Cette version racontée par Michel Martineau (op. cit.), fils du commissaire Franck Martineau, semble plausible. Elle "disculperait" Rachinel d’avoir tiré sur le commissaire.

De fait, en juin 1943, Louis Rachinel avait quitté son emploi dans la région parisienne pour entrer dans le groupe de FTPF "Victor-Hugo" commandé par "Charles" (André Joineau). Désormais, il était appointé 2000 F. par mois. Outre l’"exécution" du commissaire Martineau, les trois sabotages ferroviaires dont eurent connaissance les juges militaires qui dressèrent l’acte d’accusation (Marseille, 16 mars 1944) et ceux qui le condamnèrent à mort lors du procès de Montpellier (31 mai 1944), eurent lieu en juillet et en août 1943, sur la ligne de chemin de fer de Paris à Granville (Manche), à Villepreux (Seine-et-Oise/Yvelines). L’objectif était de provoquer le déraillement de trains de marchandises destinés à ravitailler les troupes allemandes d’occupation. La première fois, huit hommes cassèrent un rail et le poussèrent vers l’intérieur de la voie. Le déraillement ne provoqua que des dégâts matériels sur un train chargé de biens militaires allemands. Un mois plus tard, le deuxième déraillement de Villepreux ne concerna qu’une locomotive haut-le-pied (seule sans wagons). Le troisième tentative de déraillement (à laquelle participa aussi André Joineau), à la mi-septembre 1943, eut lieu à Igny (Seine-et-Oise/Essonne). Elle se solda par un échec car la clé destinée à dévisser les boulons se cassa, ainsi que le dit Rachinel lors de son procès. Le procès révéla aussi que, dans le cadre des activités du groupe Victor-Hugo, Rachinel reçut l’ordre — qu’il ne put exécuter — de tuer un soldat allemand. Il avait des faux papiers au nom de "René Arnaud" né le 16 février 1910.

Louis Rachinel quitta Paris vers novembre 1943 car, selon les dires de ses juges, "ses nerfs ayant souffert de l’activité terroriste" il était tombé malade. De fait, ses camarades du groupe Victor-Hugo tombaient les uns après les autres. Jean Lorgnet et Galo Bordèje avaient été arrêtés par la Brigade spéciale de la police française le 30 septembre 1943, peu avant le chef du groupe, André Joineau. Le groupe Victor-Hugo était en passe d’être démantelé. Quelque part, Louis Rachinel, aux abois, cherchait une échappatoire. Nous ignorons pourquoi il s’en alla à Montpellier. Y avait-il déjà des contacts ? Le fait est qu’il participa à nouveau activement à la résistance dans le chef-lieu de l’Hérault, mais dans un nouveau cadre organisationnel.

Mais l’enquête concernant les actions auxquelles avait participé Louis Rachinel se poursuivait. Le 8 avril 1944, une "circulaire de recherches" de la direction générale de la Police nationale concernant à la fois Louis Rachinel et un Savoyard, Cyriel Depery (reproduite in Germain, op. cit.,1997, p. 1999) indiquait à propos de Rachinel qu’il était "le principal auteurs d’un assassinat commis le 15 juillet 1943 à Gonesse, sur la personne d’un commissaire de police". Les informations signalétiques concernant Rachinel sont manifestement erronées. Alors qu’il était blond et qu’il mesurait 1, 66 m., on le décrivait comme "brun" avec une taille de 1, 75 m et une "corpulence athlétique". Cette note montre qu’on l’avait confondu avec un autre membre du groupe, sans doute Camus. De fait, lors de l’interrogatoire, après leur arrestation, des membres du groupe Victor-Hugo ayant exécuté Martineau, Camus fut désigné comme l’ayant tué, avec Joineau. Ce fut le cas, en particulier de Lorgnet. L’enquête de police après l’exécution avait donné lieu à une reconstitution et au recueil des dépositions de témoins. Franck Martineau fut tué par deux balles tirées de face par Joineau et six autres dans le dos par autre FTP, très vraisemblablement Camus. Rachinel, avec les deux autres Delagarde et Lorgnet faisaient le guet et assuraient la protection éventuelle de Joineau et de Camus ; Comment par la suite a-t-on attribué à Rachinel la responsabilité du tir dans le dos ? Au point, aussi, de le décrire comme on aurait pu le faire pour Camus qui avait une corpulence et un allure bien différente de celle de la sienne ?

Réfugié à Montpellier, il résida dans cette ville au 12 boulevard de Strasbourg, près de la gare. Il y resta jusqu’en janvier 1944 avant de revenir au Pontet à côté d’Avignon où il fut arrêté le 2 février 1944 par la Sipo-SD alors qu’il était en mission dans le Vaucluse. Entre temps, René Poitevin issu du mouvement Franc-Tireur et chef de tous les groupes francs de l’AS de l’Hérault et adjoint de Gilbert de Chambrun avait été arrêté le 10 janvier 1944. Rachinel quitta précipitamment Montpellier sans avoir averti Gisèle Pascal avec qui il était en contact. Son départ du chef-lieu de l’Hérault est-il à mettre en relation avec l’arrestation de Poitevin ?

Avec d’autres résistants parmi lesquels Jacqueline Roinac qu’il avait retrouvée, Rachinel fut arrêté par la Feldgendarmerie (accompagnée d’un commissaire de police ayant adhéré à la Milice) dans une villa qui abritait dans le sous-sol une imprimerie clandestine. Il fut incarcéré à la prison Sainte-Anne à Avignon en même temps que la jeune Jacqueline Roinac qui fut cependant libérée. Il fut ensuite transféré à Marseille (Bouches-du-Rhône) (?) puis à Montpellier, directement depuis Avignon si l’on considère comme improbable son passage à Marseille. Jacqueline Roinac a expliqué dans son témoignage publié en 2015 et lors de l’entretien avec Michel Martineau que Rachinel avait avoué avoir tué dans le cadre de ses activités résistantes un commissaire de police ( Franck Martineau) et un juge d’instruction à Nantes. Mais il s’agit d’une erreur, car c’est bien à l’exécution du commissaire Martineau de Gonesse que participa Rachinel À Montpellier, il fut incarcéré à la prison connue comme "la 32e". Gisèle Pascal (1912-1992), militante de l’UFF, mère de Danièle Arnaud, vivait alors à proximité. Elle sut qu’il avait été arrêté et qu’il avait été exécuté. Bien après la Libération, elle montrait à sa fille le lieu où résidait Rachinel. Celui-ci fut le compagnon de cellule de Jean-Marie Pitangue et de Raymond Migliario, deux jeunes membres du groupe franc de l’AS de Montpellier, catholiques pratiquants. Il semblerait que ce fut à ce moment et sous leur influence qu’il se convertit au christianisme. Le père de Jean-Marie Pitangue qui milita afin que fût entretenue la mémoire des membres du groupe franc exécutés le 31 mai 1944 à la Madeleine a su par un vicaire de la cathédrale de Montpellier que Rachinel fit sa première communion peu avant de recevoir les derniers sacrements des mains de l’aumônier de la prison et d’être conduit au champ de tir de Villeneuve-lès-Maguelone.

Jugé en même temps que René Sénégas, Francis Gaussen, Raymond Migliario, Georges Pierru, Jean-Marie Pitangue et Aimé Sauvebois tous membres des corps francs des MUR et/ou de l’AS, Louis Rachinel fut condamné à mort par le tribunal militaire de Nîmes dans le Gard (OFK 894) siégeant à Montpellier, à la citadelle, puis fusillé le 31 mai 1944. Le tribunal allemand fit la confusion entre les deux commissaires Martineau, celui de Lorient et celui de Gonesse, pensant qu’il s’agissait du même homme. Il ne qualifia jamais le groupe Victor-Hugo de "communiste", affilié aux FTPF, mais le présenta comme étant un groupe terroriste gaulliste.

Louis Rachinel Il fut exécuté à la butte du champ de tir de la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) mais son décès fut cependant enregistré à l’état civil de Montpellier (Hérault) le 20 septembre 1944 après l’exhumation, la veille, des corps des fusillés.

Sa mère vivait à Bécherel (Ille-et-Vilaine) en 1945, mais elle était vraisemblablement originaire de Saint-Lô. Il semblerait que Louis Rachinel, recherché en Normandie et en région parisienne, se soit réfugié à Avignon puis à Montpellier afin d’échapper aux Allemands. Après la Libération, son frère Rémy Rachinel, gendarme de la brigade motorisée de Carmaux (Tarn), s’est informé des activités résistantes de son frère et de son exécution. Il réussit à joindre le chef de Louis Rachinel à Montpellier, René Poitevin (MUR et AS). Celui-ci lui répondit le 27 novembre 1944 et faisait plus particulièrement état de son appartenance aux groupes francs et de sa mission à Avignon. Rémy Rachinel était déjà venu à Montpellier reconnaître le corps de son frère avant le 22 septembre 1944, date où Jacqueline Roinac se rendit à Montpellier pour les mêmes motifs accompagnée de deux autres communistes d’Avignon parmi lesquels Mariaud alias "Mario". De retour à Avignon, elle put contempler dans la vitrine d’un local du PCF de la rue des Marchands un grand portait de Louis Rachinel.

Son corps fut inhumé au cimetière Saint-Lazare à Montpellier (Hérault). Dans un premier temps l’autorité allemande (la police — Sipo-SD — de la villa des Rosiers) refusa où étaient enterrés les cadavres des sept exécutés du 31 mai et se contenta de donner seulement la liste de leurs noms au commissaire français Giiloux (rapport du 8 juillet 1944). Plus tard, en septembre 1944, après la libération de la ville, il fut inhumé au carré militaire du cimetière Saint-Lazare. En 1947 ou 1948, le corps de Louis Rachinel fut réinhumé au cimetière de Saint-Lô. Le nom de Louis Rachinel est gravé sur les deux stèles érigées à la mémoire des seize fusillés de la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), sur le lieu même des exécutions, à la butte de tir avec une autre date d’exécution (31 mai 1944) que celle qui figure sur l’état civil ("vers" le 30 mai), et 300 m en contrebas, le long de la route de Montpellier à Sète. Son nom figure aussi, avec l’initiale de son prénom, sur le monument commémoratif des victimes de la Seconde Guerre mondiale de Saint-Lô (Manche) ; sur le monument aux morts de Montpellier (Hérault).

Rachinel obtint la mention « Mort pour la France » le 15 juin 1945. Il fut homologué lieutenant des FFI dès le mois d’août 1945.

Voir : Lieu d’exécution de Villeneuve-lès-Maguelone

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159727, notice RACHINEL Louis, Léon, Gilbert ["Petit Louis", "René Arnaud", pseudonymes de résistance] par André Balent, Delphine Leneveu, Claude Pennetier, version mise en ligne le 9 juin 2014, dernière modification le 19 avril 2022.

Par André Balent, Delphine Leneveu, Claude Pennetier

Louis Rachinel (1912-1944)
Photo de la carte d’identité, dossier d’admission à la STCRP, 17 juin 1937, recadrage par André Balent

SOURCES : SHD, AVCC, Caen, 21P 268955 (Notes de Thomas Pouty, Jean-Pierre Besse et André Balent). — SHD, Vincennes , 16 P 496871 ; 28 P8 36 4, dossiers de procédures du tribunal militaire allemand (communiqué à André Balent par Christophe Basso). — Arch. dép. Manche, 1 R 3 256 0096, f° 2611, registre matricule de Louis Rachinel. — Arch. dép. Var, 3 Z 48 et 1 W 21 (références communiquées à André Balent par Jean-Marie Guillon) — Michel Germain, Histoire de la Milice et des forces du maintien de l’ordre en Haute-Savoie 1940-1944, Montmélian, La fontaine de Savoisiennes Siloé, 1997. — Michel Martineau, Les Inconnus de l’Affiche rouge, Paris, Libre Label, 2014. — Chantal Metzger (éd.), Jacqueline Bloch-Roinac, "Une adolescente en résistance", Guerres mondiales et conflits contemporains, n°259, 3 / 2015, pp. 129-146. — Entretien de Michel Martineau avec Jacqueline Bloch-Roinac, Paris, 1er décembre 2015, compte-rendu tapuscrit communiqué à André Balent par Christophe Basso, 15 février 2016. — Mémorial Genweb, consulté le 5 février 2016 par André Balent. — Notes de Christophe Basso (février 2106 et mai 2020, entretiens téléphoniques et courriels avec André Balent). — Entretiens téléphoniques avec Danièle Arnaud, fille de Gisèle Pascal, auteure d’un livre, en préparation, sur les fusillés de la Madeleine (13 et 14 mai 2020). — Courriel de Jean-Marie Guillon à André Balent, 28 mai 2020.

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